Tekstovi Kore, Alonz', yeah MamĂ© Au quartier c'est la merde, oui viens on s'fait la malle Au calme en bord de mer, qu'on kiffe la life Ici tu connais, y a rien Ă faire PrĂ©pare tes affaires on met les voiles Besoin de faire la fĂȘte Ă Pattaya Au quartier c'est la merde, oui viens on s'fait la malle Au calme en bord de mer, qu'on kiffe la life Ici tu connais, y a rien Ă faire PrĂ©pare tes affaires on met les voiles Besoin de faire la fĂȘte Ă Pattaya Pattaya on arrive T'es pas prĂȘt, tu connais pas l'dĂ©lire Ă la citĂ© tout part Ă la dĂ©rive Tu ressens la sĂšre-mi sur la tĂȘte Ă Karim Changement de dĂ©cor, on se casse Ă l'aĂ©roport Vas-y prends seulement ton passeport On va fuck, on va fuck, on va fuck Ă peine arrivĂ© je veux plus rentrer Ă la maison J'parle français, anglais ou thaĂŻlandais c'est avec l'accent Tout est contrefaçon, on s'en bats les couilles 'toute façon Loin de tous mes ennemis Tu peux pas comprendre car tu connais pas nos vies Au quartier c'est la merde, oui viens on s'fait la malle Au calme en bord de mer, qu'on kiffe la life Ici tu connais, y a rien Ă faire PrĂ©pare tes affaires on met les voiles Besoin de faire la fĂȘte Ă Pattaya Au quartier c'est la merde, oui viens on s'fait la malle Au calme en bord de mer, qu'on kiffe la life Ici tu connais, y a rien Ă faire PrĂ©pare tes affaires on met les voiles Besoin de faire la fĂȘte Ă Pattaya Ouais ouais ouais on connaĂźt T'as ken un ladyboy on t'a cramĂ© Le dancefloor est rempli de BelvĂ©s Si t'es jaloux c'est peut-ĂȘtre que tu me remets BĂ©bĂ© j'suis le meilleur Tu trouveras pas mieux ailleurs Si tu me mets de mauvais humeur Je te plaque, je te plaque, je te plaque C'est le paradis des cailles-ra, 12 heures d'avion Rien Ă foutre j'ai les poches pleines de bahts Je dĂ©pense, j'suis le patron On se donne en spectacle T-max noir mĂąte, pas d'plaque On s'dĂ©foule au centre de tirs Tu peux pas comprendre car tu connais pas nos vies Au quartier c'est la merde, oui viens on s'fait la malle Au calme en bord de mer, qu'on kiffe la life Ici tu connais, y a rien Ă faire PrĂ©pare tes affaires on met les voiles Besoin de faire la fĂȘte Ă Pattaya Au quartier c'est la merde, oui viens on s'fait la malle Au calme en bord de mer, qu'on kiffe la life Ici tu connais, y a rien Ă faire PrĂ©pare tes affaires on met les voiles Besoin de faire la fĂȘte Ă Pattaya Pattaya, ouais ouais Pattaya, Pattaya Pattaya, ouais ouais Pattaya, Pattaya Pattaya, ouais ouais Pattaya, Pattaya Au quartier c'est la merde, oui viens on s'fait la malle Au calme en bord de mer, qu'on kiffe la life Ici tu connais, y a rien Ă faire PrĂ©pare tes affaires on met les voiles Besoin de faire la fĂȘte Ă Pattaya Pattaya! AurĂ©lien Mazin, Djamel Fezari, Kassimou Djae, Quentin Lepoutre SONY ATV MUSIC PUBLISHING FRANCE, Sony/ATV Music Publishing LLC
ĂcoutezJamais Deux Sans Toi de Trois CafĂ©s Gourmands, 2,896 Shazams, disponible sur les listes de lecture Apple Music French Hits: 2018 et â10s French Pop Essentials.Discours pour un pot dĂ©part Ă la retraite avec un parodie de chanson cĂ©lĂšbre. Un collĂšgue de votre entreprise part Ă la retraire ou une collĂšgue de travail fĂȘte son pot de dĂ©part Ă la retraite ? Une idĂ©e de discours original pour lui souhaiter une bonne retraite ? Chanter lui une belle chanson pour lui dire au revoir et lui souhaiter une bonne vie de retraitĂ© vie de retraitĂ©e⊠Message bonne retraite humour â Image dĂ©part retraite drĂŽlePour dire adieu Ă votre collĂšgue, nous vous proposons ces modĂšles de texte et de discours pour souhaiter une bonne pour un pot dĂ©part Ă la retraite en chansonCe texte poĂ©tique est une adaptation de la cĂ©lĂšbre chanson intitulĂ©e La Montagne » chantĂ©e par le grand chanteur Français Jean Ferrat Ă qui nous rendons hommage par la mĂȘmeâŠChant dâadieux Ă un retraitĂ© ou une retraitĂ©eA une jeune retraitĂ©e A une jeune retraitĂ© ĂĂ y est fait, tu pars Ă la retraite Le boulot câest fini, la belle vie commence Tu as terminĂ© ta carriĂšre⊠Quelle chance !Depuis longtemps tu en rĂȘvais De cette belle vie de retraitĂ© Le travail, ce nâĂ©tait plus original Lâentreprise et les cadences infernales Commençaient Ă te prendre la tĂȘte Le stress et les tensions qui guettentCher collĂšgue, Ă lâheure de ton pot de dĂ©part Ă la retraite Cette belle chanson te dit que du bonheur tu as la recettePourtant que les journĂ©es de travail Ă©taient belles Comment peut-on sâimaginer Que notre collĂšgue se fasse un jour la belle Tu vas tellement nous manquerAvec leurs mains, avec leurs tĂȘtes Tous tes collĂšgues qui tâont aimĂ© Un bout de chemin avec toi ont effectuĂ© AprĂšs ton dĂ©part, vont tellement te regretterChĂšre collĂšgue, sache que nous te portons en nos cĆurs Tu Ă©tais pour nous un repĂšre quotidien, une belle douceur 30 annĂ©es de service dans la joie et la bonne humeur Solidaire dans lâĂ©preuve, la gĂ©nĂ©rositĂ© habite ton cĆur 30 ans passĂ©s ensemble, Ă travailler et Ă se motiver Une vie professionnelle de travail avec ses hauts et ses bas Nous sommes fiers de toi, tu nâas jamais baissĂ© les brasPourtant que les journĂ©es de travail Ă©taient belles Comment peut-on sâimaginer Que notre collĂšgue se fasse un jour la belle Nous allons te regretterAlors bon vent, vas rejoindre ta famille, tes proches Tes enfants, ton mari, de lâamour plein les poches Cher collĂšgue, commencent pour toi les vraies vacances Ton temps tu devras occuper et cultiver lâespĂ©ranceTu Ă©tais une vraie professionnelle plein de volontĂ© Tu restes pour nous un bel exemple pour espĂ©rer De quoi attendre sans sâen faire Que lâheure de la retraite sonneIl faut savoir ce que lâon aime De toi, notre ami nous sommes si fiers Allez ! Que ta retraite soit belleBonne retraite et bonne chance Bon vent Ă toutes tes espĂ©rances Et que pour toi la vie soit belle. Bon continuation Ă notre collĂšgue merveilleux!Discours dâadieux sur lâair de la Chanson de Jean FERRAT intituléé La montagne ».Envoyer un message court bonne retraite Ă un collĂšgue de travail. Anniversaire dâun collĂšgue retraitĂ© texte anniversaire 60 ans original Souhaiter un bon rĂ©tablissement Ă un collĂšgue pour dire au revoir Ă une retraitĂ©e ou un retraitĂ© par un chantIdĂ©e de texte pour le dĂ©part Ă la retraite dâune collĂšgue ou dâun collĂšgue en chanson de dĂ©part. Texte idĂ©al comme message de dĂ©part Ă la retraite dâun travailleur social, une assistante sociale, un Ă©ducateur spĂ©cialisĂ© ou un fonctionnaire. Voir Ă©galement des idĂ©es de textes pour inviter Ă un pot de dĂ©part en retraite A chanter sur lâair de A bicyclette » chant de Yves tu pars Ă la retraiteElle est arrivĂ©e de son pays En tant quâAgent de terrain. Toute guillerette AprĂšs avoir quittĂ© ses amis Chez nous elle a atterri Trouver de nouveaux collĂšgues si gentils. Et câĂ©tait dans ses missions Elle sâest forgĂ©e une passion TrĂšs satisfaite satisfait si un homme De son nouveau poste de travail Elle sur gĂ©rer le gouvernail Et dĂ©velopper son engouement En collĂšgue parfaite collĂšgue parfaitFaut dire quâelle y mettait du cĆur Travailler chaque jour avec ardeur. Sans pirouette De projet et projet rĂ©ussi Sa compĂ©tence Ă©tait inouĂŻe. Une collĂšgue si gentille un collĂšgue si gentil Et vraiment Ă©quipe elle savait motiver Belles actions et motivation A chacun une attention. Sans jamais baisser les bras Elle a dĂ» batailler parfois Une collĂšgue pleine de joie Et super sâen va aujourdâhui Ă la retraite On lui rend hommage, on fait la fĂȘte. Tous les chemins mĂšnent Ă lâhomme Et ne sont jamais monotone.. Quand on on sâefforce dâĂȘtre gentil et dâĂȘtre ainsi aprĂšs 25 ans Elle sâen va portĂ©e par dâautres vents. On la sent prĂȘte prĂȘt De sâoccuper bien autrement mettre les voiles doucement Et sâen aller sur le chemin De la retraite âŠBonne retraite Ă toi chĂšre collĂšgue qui va nous manquer! De la part de tous tes collĂšgues qui ne tâoublieront jamaisâŠSouhaiter une bonne continuation Ă un collĂšgue avec un message original. Trouver un modĂšle de texte pour dĂ©part collĂšgue vers un autre poste ou qui part Ă la retraite. Exemples de Textes carte retraite originaux
Demain dĂšs l'aube, Ă l'heure oĂč blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends. J'irai par la forĂȘt, j'irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Paroles de On met les voiles Bande originale du film "Pattaya" par AlonzoKore, AlonzâČ, yeah MamĂ© Au quartier c'est la merde, oui viens on sâČfait la malle Au calme en bord de mer, qu'on kiffe la life Ici tu connais, y'a rien Ă faire PrĂ©pare tes affaires on met les voiles Besoin de faire la fĂȘte Ă Pattaya Au quartier câČest la merde, oui viens on sâČfait la malle Au calme en bord de mer, qu'on kiffe la life Ici tu connais, yâČa rien Ă faire PrĂ©pare tes affaires on met les voiles Besoin de faire la fĂȘte Ă Pattaya Pattaya on arrive T'es pas prĂȘt, tu connais pas lâČdĂ©lire Ă la citĂ© tout part Ă la dĂ©rive Tu ressens la sĂšre-mi sur la tĂȘte Ă Karim Changement de dĂ©cor, on se casse Ă l'aĂ©roport Vas-y prends seulement ton passeport On va fuck, on va fuck, on va fuck Ă peine arrivĂ© je veux plus rentrer Ă la maison JâČparle français, anglais ou thaĂŻlandais c'est avec l'accent Tout est contrefaçon, on sâČen bats les couilles âČtoute façon Loin de tous mes ennemis Tu peux pas comprendre car tu connais pas nos vies Au quartier c'est la merde, oui viens on sâČfait la malle Au calme en bord de mer, qu'on kiffe la life Ici tu connais, yâČa rien Ă faire PrĂ©pare tes affaires on met les voiles Besoin de faire la fĂȘte Ă Pattaya Au quartier c'est la merde, oui viens on sâČfait la malle Au calme en bord de mer, qu'on kiffe la life Ici tu connais, y'a rien Ă faire PrĂ©pare tes affaires on met les voiles Besoin de faire la fĂȘte Ă Pattaya Ouais ouais ouais on connaĂźt TâČas ken un ladyboy on tâČa cramĂ© Le dancefloor est rempli de BelvĂ©s Si t'es jaloux câČest peut-ĂȘtre que tu me remets BĂ©bĂ© j'suis le meilleur Tu trouveras pas mieux ailleurs Si tu me mets de mauvais humeur Je te plaque, je te plaque, je te plaque CâČest le paradis des cailles-ra, tout XXX Rien Ă foutre j'ai les poches pleines de bahts Je dĂ©pense, jâČsuis le patron On se donne en spectacle T'es ma sport, ma XXX black On s'dĂ©foule au centre de tirs Tu peux pas comprendre car tu connais pas nos vies Au quartier câČest la merde, oui viens on sâČfait la malle Au calme en bord de mer, qu'on kiffe la life Ici tu connais, yâČa rien Ă faire PrĂ©pare tes affaires on met les voiles Besoin de faire la fĂȘte Ă Pattaya Au quartier c'est la merde, oui viens on sâČfait la malle Au calme en bord de mer, qu'on kiffe la life Ici tu connais, yâČa rien Ă faire PrĂ©pare tes affaires on met les voiles Besoin de faire la fĂȘte Ă Pattaya Pattaya, ouais ouais Pattaya, Pattaya Pattaya, ouais ouais Pattaya, Pattaya Pattaya, ouais ouais Pattaya, Pattaya Pattaya, ouais ouais Pattaya, Pattaya Pattaya!Writers AurĂ©lien Mazin, Dj Kore, Quentin Lepoutre, Kassimou Djae alonzo ouspartons aujourdâhui, toutes voiles dehors, Ă la dĂ©couverte de lâart des troubadours galaĂŻco-portugais de lâEspagne et du Portugal du moyen-Ăąge central. Ce sera lâoccasion dâapprocher une nouvelle chanson de Martin Codax, prise dans le rĂ©pertoire des Cantigas de amigo. Comme dans la plupart des poĂ©sies . du genre, le poĂšte met ici ses ACTE TROISIĂME ScĂšne I BARTHOLO, seul et dĂ©solĂ©. Quelle humeur ! quelle humeur ! Elle paraissait apaisĂ©e⊠LĂ , quâon me dise qui diable lui a fourrĂ© dans la tĂȘte de ne plus vouloir prendre leçon de don Basile ? Elle sait quâil se mĂȘle de mon mariage⊠On heurte Ă la porte. Faites tout au monde pour plaire aux femmes ; si vous omettez un seul petit point⊠je dis un seul⊠On heurte une seconde fois. Voyons qui câest. ScĂšne II BARTHOLO, LE COMTE, en bachelier. Le Comte. Que la paix et la joie habitent toujours cĂ©ans ! Bartholo, brusquement. Jamais souhait ne vint plus Ă propos. Que voulez-vous ? Le Comte. Monsieur, je suis Alonzo, bachelier, licencié⊠Bartholo. Je nâai pas besoin de prĂ©cepteur. Le Comte. ⊠ĂlĂšve de don Basile, organiste du grand couvent, qui a lâhonneur de montrer la musique Ă madame votre⊠Bartholo. Basile ! organiste ! qui a lâhonneur !⊠je le sais ! au fait. Le Comte. Ă part. Quel homme ! Haut. Un mal subit qui le force Ă garder le lit⊠Bartholo. Garder le lit ! Basile ! Il a bien fait dâenvoyer je vais le voir Ă lâinstant. Le Comte. Ă part. Oh ! diable ! Haut. Quand je dis le lit, monsieur, câest⊠la chambre que jâentends. Bartholo. Ne fĂ»t-il quâincommodĂ© ! Marchez devant, je vous suis. Le Comte, embarrassĂ©. Monsieur, jâĂ©tais chargé⊠Personne ne peut-il nous entendre ? Bartholo. Ă part. Câest quelque fripon. Haut. Eh ! non, monsieur le mystĂ©rieux ! parlez sans vous troubler, si vous pouvez. Le Comte. Ă part. Maudit vieillard ! Haut. Don Basile mâavait chargĂ© de vous apprendre⊠Bartholo. Parlez haut, je suis sourd dâune oreille. Le Comte, Ă©levant la voix. Ah ! volontiers⊠que le comte Almaviva, qui restait Ă la grande place⊠Bartholo, effrayĂ©. Parlez bas, parlez bas ! Le Comte, plus haut. ⊠En est dĂ©logĂ© ce matin. Comme câest par moi quâil a su que le comte Almaviva⊠Bartholo. Bas parlez bas, je vous prie. Le Comte, du mĂȘme ton. ⊠Ătait en cette ville, et que jâai dĂ©couvert que la signora Rosine lui a Ă©crit⊠Bartholo. Lui a Ă©crit ? Mon cher ami, parlez plus bas, je vous en conjure ! Tenez, asseyons-nous, et jasons dâamitiĂ©. Vous avez dĂ©couvert, dites-vous, que Rosine⊠Le Comte, fiĂšrement. AssurĂ©ment. Basile, inquiet pour vous de cette correspondance, mâavait priĂ© de vous montrer sa lettre ; mais la maniĂšre dont vous prenez les choses⊠Bartholo. Eh ! mon Dieu ! je les prends bien. Mais ne vous est-il donc pas possible de parler plus bas ? Le Comte. Vous ĂȘtes sourd dâune oreille, avez-vous dit. Bartholo. Pardon, pardon, seigneur Alonzo, si vous mâavez trouvĂ© mĂ©fiant et dur ; mais je suis tellement entourĂ© dâintrigants, de piĂ©ges⊠et puis votre tournure, votre Ăąge, votre air⊠Pardon, pardon. Eh bien ! vous avez la lettre ? Le Comte. Ă la bonne heure sur ce ton, monsieur. Mais je crains quâon ne soit aux Ă©coutes. Bartholo. Eh ! qui voulez-vous ? tous mes valets sur les dents ! Rosine enfermĂ©e de fureur ! Le diable est entrĂ© chez moi. Je vais mâassurer⊠Il va ouvrir doucement la porte de Rosine. Le Comte, Ă part. Je me suis enferrĂ© de dĂ©pit. Garder la lettre Ă prĂ©sent ! il faudra mâenfuir autant vaudrait nâĂȘtre pas venu⊠La lui montrer !⊠Si je puis en prĂ©venir Rosine, la montrer est un coup de maĂźtre. Bartholo revient sur la pointe du pied. Elle est assise auprĂšs de sa fenĂȘtre, le dos tournĂ© Ă la porte, occupĂ©e Ă relire une lettre de son cousin lâofficier, que jâavais dĂ©cachetĂ©e⊠Voyons donc la sienne. Le Comte lui remet la lettre de Rosine. La voici. Ă part. Câest ma lettre quâelle relit. Bartholo lit. Depuis que vous mâavez appris votre nom et votre Ă©tat. » Ah ! la perfide ! câest bien lĂ sa main. Le Comte, effrayĂ©. Parlez donc bas Ă votre tour. Bartholo. Quelle obligation, mon cher ! Le Comte. Quand tout sera fini, si vous croyez mâen devoir, vous serez le maĂźtre. DâaprĂšs un travail que fait actuellement don Basile avec un homme de loi⊠Bartholo. Avec un homme de loi ! pour mon mariage ? Le Comte. Vous aurais-je arrĂȘtĂ© sans cela ? Il mâa chargĂ© de vous dire que tout peut ĂȘtre prĂȘt pour demain. Alors, si elle rĂ©siste⊠Bartholo. Elle rĂ©sistera. Le Comte veut reprendre la lettre, Bartholo la serre. VoilĂ lâinstant oĂč je puis vous servir nous lui montrerons sa lettre ; et sâil le faut plus mystĂ©rieusement, jâirai jusquâĂ lui dire que je la tiens dâune femme Ă qui le comte lâa sacrifiĂ©e. Vous sentez que le trouble, la honte, le dĂ©pit, peuvent la porter sur-le-champ⊠Bartholo, riant. De la calomnie ! Mon cher ami, je vois bien maintenant que vous venez de la part de Basile ! Mais pour que ceci nâeĂ»t pas lâair concertĂ©, ne serait-il pas bon quâelle vous connĂ»t dâavance ? Le Comte rĂ©prime un grand mouvement de joie. CâĂ©tait assez lâavis de don Basile. Mais comment faire ? il est tard⊠au peu de temps qui reste⊠Bartholo. Je dirai que vous venez en sa place. Ne lui donnerez-vous pas bien une leçon ? Le Comte. Il nây a rien que je ne fasse pour vous plaire. Mais prenez garde que toutes ces histoires de maĂźtres supposĂ©s sont de vieilles finesses, des moyens de comĂ©die si elle va se douter⊠Bartholo. PrĂ©sentĂ© par moi ? Quelle apparence ? Vous avez plus lâair dâun amant dĂ©guisĂ© que dâun ami officieux. Le Comte. Oui ? Vous croyez donc que mon air peut aider Ă la tromperie ? Bartholo. Je le donne au plus fin Ă deviner. Elle est ce soir dâune humeur horrible. Mais quand elle ne ferait que vous voir⊠son clavecin est dans ce cabinet. Amusez-vous en lâattendant je vais faire lâimpossible pour lâamener. Le Comte. Gardez-vous bien de lui parler de la lettre ! Bartholo. Avant lâinstant dĂ©cisif ? Elle perdrait tout son effet. Il ne faut pas me dire deux fois les choses il ne faut pas me les dire deux fois. Il sâen va. ScĂšne III LE COMTE. Me voilĂ sauvĂ©. Ouf ! que ce diable dâhomme est rude Ă manier ! Figaro le connaĂźt bien. Je me voyais mentir ; cela me donnait un air plat et gauche, et il a des yeux !⊠Ma foi, sans lâinspiration subite de la lettre, il faut lâavouer, jâĂ©tais Ă©conduit comme un sot. Ă ciel ! on dispute lĂ -dedans. Si elle allait sâobstiner Ă ne pas venir ! Ăcoutons⊠Elle refuse de sortir de chez elle, et jâai perdu le fruit de ma ruse. Il retourne Ă©couter. La voici ; ne nous montrons pas dâabord. Il entre dans le cabinet. ScĂšne IV LE COMTE, ROSINE, BARTHOLO. Rosine, avec une colĂšre simulĂ©e. Tout ce que vous direz est inutile, monsieur, jâai pris mon parti ; je ne veux plus entendre parler de musique. Bartholo. Ăcoute donc, mon enfant ; câest le seigneur Alonzo, lâĂ©lĂšve et lâami de don Basile, choisi par lui pour ĂȘtre un de nos tĂ©moins. â La musique te calmera, je tâassure. Rosine. Oh ! pour cela, vous pouvez vous en dĂ©tacher si je chante ce soir !⊠OĂč donc est-il ce maĂźtre que vous craignez de renvoyer ? je vais, en deux mots, lui donner son compte, et celui de Basile. Elle aperçoit son amant elle fait un cri. Ah !⊠Bartholo. Quâavez-vous ? Rosine, les deux mains sur son cĆur, avec un grand trouble. Ah ! mon Dieu ! monsieur⊠Ah ! mon Dieu ! monsieur⊠Bartholo. Elle se trouve encore mal ! Seigneur Alonzo ! Rosine. Non, je ne me trouve pas mal⊠mais câest quâen me tournant⊠Ah !⊠Le Comte. Le pied vous a tournĂ©, madame ? Rosine. Ah ! oui, le pied mâa tournĂ©. Je me suis fait un mal horrible. Le Comte. Je mâen suis bien aperçu. Rosine, regardant le comte. Le coup mâa portĂ© au cĆur. Bartholo. Un siĂ©ge, un siĂ©ge. Et pas un fauteuil ici ! Il va le chercher. Le Comte. Ah ! Rosine ! Rosine. Quelle imprudence ! Le Comte. Jâai mille choses essentielles Ă vous dire. Rosine. Il ne nous quittera pas. Le Comte. Figaro va venir nous aider. Bartholo apporte un fauteuil. Tiens, mignonne, assieds-toi. â Il nây a pas dâapparence, bachelier, quâelle prenne de leçon ce soir ; ce sera pour un autre jour. Adieu. Rosine, au comte. Non, attendez ; ma douleur est un peu apaisĂ©e. Ă Bartholo. Je sens que jâai eu tort avec vous, monsieur je veux vous imiter, en rĂ©parant sur-le-champ⊠Bartholo. Oh ! le bon petit naturel de femme ! Mais aprĂšs une pareille Ă©motion, mon enfant, je ne souffrirai pas que tu fasses le moindre effort. Adieu, adieu, bachelier. Rosine, au comte. Un moment, de grĂące ! Ă Bartholo. Je croirai, monsieur, que vous nâaimez pas Ă mâobliger, si vous mâempĂȘchez de vous prouver mes regrets en prenant ma leçon. Le Comte, Ă part, Ă Bartholo. Ne la contrariez pas, si vous mâen croyez. Bartholo. VoilĂ qui est fini, mon amoureuse. Je suis si loin de chercher Ă te dĂ©plaire, que je veux rester lĂ tout le temps que tu vas Ă©tudier. Rosine. Non, monsieur ; je sais que la musique nâa nul attrait pour vous. Bartholo. Je tâassure que ce soir elle mâenchantera. Rosine, au comte, Ă part. Je suis au supplice. Le Comte, prenant un papier de musique sur le pupitre. Est-ce lĂ ce que vous voulez chanter, madame ? Rosine. Oui, câest un morceau trĂšs agrĂ©able de la PrĂ©caution inutile. Bartholo. Toujours la PrĂ©caution inutile ? Le Comte. Câest ce quâil y a de plus nouveau aujourdâhui. Câest une image du printemps, dâun genre assez vif. Si madame veut lâessayer⊠Rosine, regardant le comte. Avec grand plaisir un tableau du printemps me ravit ; câest la jeunesse de la nature. Au sortir de lâhiver, il semble que le cĆur acquiĂšre un plus haut degrĂ© de sensibilitĂ© comme un esclave enfermĂ© depuis longtemps goĂ»te, avec plus de plaisir, le charme de la libertĂ© qui vient de lui ĂȘtre offerte. Bartholo, bas au comte. Toujours des idĂ©es romanesques en tĂȘte. Le Comte, bas. En sentez-vous lâapplication ? Bartholo. Parbleu ! Il va sâasseoir dans le fauteuil quâa occupĂ© Rosine. Rosine, chante[1]. Quand dans la plaine Lâamour ramĂšne Le printemps, Si chĂ©ri des amants Tout reprend lâĂȘtre, Son feu pĂ©nĂštre Dans les fleurs Et dans les jeunes cĆurs. On voit les troupeaux Sortir des hameaux ; Dans tous les coteaux, Les cris des agneaux Retentissent ; Ils bondissent ; Tout fermente, Tout augmente ; Les brebis paissent Les fleurs qui naissent ; Les chiens fidĂšles Veillent sur elles ; Mais Lindor, enflammĂ©, Ne songe guĂšre Quâau bonheur dâĂȘtre aimĂ© De sa bergĂšre. MĂȘme air Loin de sa mĂšre, Cette bergĂšre Va chantant OĂč son amant lâattend. Par cette ruse, Lâamour lâabuse ; Mais chanter Sauve-t-il du danger ? Les doux chalumeaux, Les chants des oiseaux, Ses charmes naissants, Ses quinze ou seize ans, Tout lâexcite, Tout lâagite ; La pauvrette SâinquiĂšte ; De sa retraite, Lindor la guette ; Elle sâavance, Lindor sâĂ©lance, Il vient de lâembrasser Elle, bien aise, Feint de se courroucer, Pour quâon lâapaise. Petite reprise. Les soupirs, Les soins, les promesses, Les vives tendresses, Les plaisirs, Le fin badinage, Sont mis en usage ; Et bientĂŽt la bergĂšre Ne sent plus de colĂšre. Si quelque jaloux Trouble un bien si doux, Nos amants dâaccord Ont un soin extrĂȘme⊠⊠De voiler leur transport ; Mais quand on sâaime, La gĂȘne ajoute encor Au plaisir mĂȘme. En lâĂ©coutant, Bartholo sâest assoupi. Le comte, pendant la petite reprise, se hasarde Ă prendre une main, quâil couvre de baisers. LâĂ©motion ralentit le chant de Rosine, lâaffaiblit, et finit mĂȘme par lui couper la voix au milieu de la cadence, au mot extrĂȘme. Lâorchestre suit les mouvements de la chanteuse, affaiblit son jeu, et se tait avec elle. Lâabsence du bruit, qui avait endormi Bartholo, le rĂ©veille. Le comte se relĂšve, Rosine et lâorchestre reprennent subitement la suite de lâair. Si la petite reprise se rĂ©pĂšte, le mĂȘme jeu recommence. Le Comte. En vĂ©ritĂ©, câest un morceau charmant, et madame lâexĂ©cute avec une intelligence⊠Rosine. Vous me flattez, seigneur ; la gloire est tout entiĂšre au maĂźtre. Bartholo, bĂąillant. Moi, je crois que jâai un peu dormi pendant le morceau charmant. Jâai mes malades. Je vas, je viens, je toupille ; et sitĂŽt que je mâassieds, mes pauvres jambes ! Il se lĂšve et pousse le fauteuil. Rosine, bas, au comte. Figaro ne vient pas ! Le Comte. Filons le temps. Bartholo. Mais, bachelier, je lâai dĂ©jĂ dit Ă ce vieux Basile est-ce quâil nây aurait pas moyen de lui faire Ă©tudier des choses plus gaies que toutes ces grandes aria, qui vont en haut, en bas, en roulant, hi, ho, a, a, a, a, et qui me semblent autant dâenterrements ? LĂ , de ces petits airs quâon chantait dans ma jeunesse, et que chacun retenait facilement ? Jâen savais autrefois⊠Par exemple⊠Pendant la ritournelle, il cherche en se grattant la tĂȘte, et chante en faisant claquer ses pouces, et dansant des genoux comme les vieillards. Veux-tu, ma Rosinette, Faire emplette Du roi des maris ?⊠Au comte, en riant. Il y a Fanchonnette dans la chanson ; mais jây ai substituĂ© Rosinette pour la lui rendre plus agrĂ©able et la faire cadrer aux circonstances. Ah ! ah ! ah ! ah ! Fort bien ! pas vrai ? Le Comte, riant. Ah ! ah ! ah ! Oui, tout au mieux. ScĂšne V FIGARO, dans le fond ; ROSINE, BARTHOLO, LE COMTE. Bartholo, chante. Veux-tu, ma Rosinette, Faire emplette Du roi des maris ? Je ne suis point Tircis ; Mais la nuit, dans lâombre, Je vaux encor mon prix ; Et quand il fait sombre, Les plus beaux chats sont gris. Il rĂ©pĂšte la reprise en dansant. Figaro, derriĂšre lui, imite ses mouvements. Je ne suis point Tircis. Apercevant Figaro. Ah ! entrez, monsieur le barbier ; avancez vous ĂȘtes charmant ! Figaro salue. Monsieur, il est vrai que ma mĂšre me lâa dit autrefois ; mais je suis un peu dĂ©formĂ© depuis ce temps-lĂ . Ă part, au comte. Bravo ! monseigneur. Pendant toute cette scĂšne, le comte fait ce quâil peut pour parler Ă Rosine ; mais lâĆil inquiet et vigilant du tuteur lâen empĂȘche toujours, ce qui forme un jeu muet de tous les acteurs Ă©trangers au dĂ©bat du docteur et de Figaro. Bartholo. Venez-vous purger encore, saigner, droguer, mettre sur le grabat toute ma maison ? Figaro. Monsieur, il nâest pas tous les jours fĂȘte ; mais, sans compter les soins quotidiens, monsieur a pu voir que, lorsquâils en ont besoin, mon zĂšle nâattend pas quâon lui commande⊠Bartholo. Votre zĂšle nâattend pas ! Que direz-vous, monsieur le zĂ©lĂ©, Ă ce malheureux qui bĂąille et dort tout Ă©veillĂ© ? et Ă lâautre qui, depuis trois heures, Ă©ternue Ă se faire sauter le crĂąne et jaillir la cervelle ! que leur direz-vous ? Figaro. Ce que je leur dirai ? Bartholo. Oui ! Figaro. Je leur dirai⊠Eh ! parbleu, je dirai Ă celui qui Ă©ternue, Dieu vous bĂ©nisse ; et Va te coucher Ă celui qui bĂąille. Ce nâest pas cela, monsieur, qui grossira le mĂ©moire. Bartholo. Vraiment non ; mais câest la saignĂ©e et les mĂ©dicaments qui le grossiraient, si je voulais y entendre. Est-ce par zĂšle aussi que vous avez empaquetĂ© les yeux de ma mule ? et votre cataplasme lui rendra-t-il la vue ? Figaro. Sâil ne lui rend pas la vue, ce nâest pas cela non plus qui lâempĂȘchera dây voir. Bartholo. Que je le trouve sur le mĂ©moire !⊠On nâest pas de cette extravagance-lĂ . Figaro. Ma foi ! monsieur, les hommes nâayant guĂšre Ă choisir quâentre la sottise et la folie, oĂč je ne vois pas de profit, je veux au moins du plaisir ; et vive la joie ! Qui sait si le monde durera encore trois semaines ? Bartholo. Vous feriez bien mieux, monsieur le raisonneur, de me payer mes cent Ă©cus et les intĂ©rĂȘts sans lanterner je vous en avertis. Figaro. Doutez-vous de ma probitĂ©, monsieur ? Vos cent Ă©cus ! jâaimerais mieux vous les devoir toute ma vie que de les nier un seul instant. Bartholo. Et dites-moi un peu comment la petite Figaro a trouvĂ© les bonbons que vous lui avez portĂ©s ? Figaro. Quels bonbons ? que voulez-vous dire ? Bartholo. Oui, ces bonbons, dans ce cornet fait avec cette feuille de papier Ă lettre, ce matin. Figaro. Diable emporte si⊠Rosine, lâinterrompant. Avez-vous eu soin au moins de les lui donner de ma part, monsieur Figaro ? Je vous lâavais recommandĂ©. Figaro. Ah, ah ! les bonbons de ce matin ? Que je suis bĂȘte, moi ! jâavais perdu tout cela de vue⊠Oh ! excellents, madame ! admirables ! Bartholo. Excellents ! admirables ! Oui, sans doute, monsieur le barbier, revenez sur vos pas ! Vous faites lĂ un joli mĂ©tier, monsieur ! Figaro. Quâest-ce quâil a donc, monsieur ? Bartholo. Et qui vous fera une belle rĂ©putation, monsieur ! Figaro. Je la soutiendrai, monsieur. Bartholo. Dites que vous la supporterez, monsieur. Figaro. Comme il vous plaira, monsieur. Bartholo. Vous le prenez bien haut, monsieur ! Sachez que quand je dispute avec un fat, je ne lui cĂšde jamais. Figaro lui tourne le dos. Nous diffĂ©rons en cela, monsieur ; moi, je lui cĂšde toujours. Bartholo. Hein ? quâest-ce quâil dit donc, bachelier ? Figaro. Câest que vous croyez avoir affaire Ă quelque barbier de village, et qui ne sait manier que le rasoir ? Apprenez, monsieur, que jâai travaillĂ© de la plume Ă Madrid, et que, sans les envieux⊠Bartholo. Eh ! que nây restiez-vous, sans venir ici changer de profession ? Figaro. On fait comme on peut mettez-vous Ă ma place. Bartholo. Me mettre Ă votre place ! Ah ! parbleu, je dirais de belles sottises ! Figaro. Monsieur, vous ne commencez pas trop mal ; je mâen rapporte Ă votre confrĂšre qui est lĂ rĂȘvassant⊠Le Comte, revenant Ă lui. Je⊠je ne suis pas le confrĂšre de monsieur. Figaro. Non ? Vous voyant ici Ă consulter, jâai pensĂ© que vous poursuiviez le mĂȘme objet. Bartholo, en colĂšre. Enfin, quel sujet vous amĂšne ? Y a-t-il quelque lettre Ă remettre encore ce soir Ă madame ? Parlez, faut-il que je me retire ? Figaro. Comme vous rudoyez le pauvre monde ! Eh ! parbleu, monsieur, je viens vous raser, voilĂ tout nâest-ce pas aujourdâhui votre jour ? Bartholo. Vous reviendrez tantĂŽt. Figaro. Ah ! oui, revenir ! Toute la garnison prend mĂ©decine demain matin, jâen ai obtenu lâentreprise par mes protections. Jugez donc comme jâai du temps Ă perdre ! Monsieur passe-t-il chez lui ? Bartholo. Non, monsieur ne passe point chez lui. Eh ! mais⊠qui empĂȘche quâon ne me rase ici ? Rosine, avec dĂ©dain. Vous ĂȘtes honnĂȘte ! Et pourquoi pas dans mon appartement ? Bartholo. Tu te fĂąches ? Pardon, mon enfant, tu vas achever de prendre ta leçon ; câest pour ne pas perdre un instant le plaisir de tâentendre. Figaro, bas au comte. On ne le tirera pas dâici. Haut. Allons, lâĂveillĂ© ? la Jeunesse ? le bassin, de lâeau, tout ce quâil faut Ă monsieur ! Bartholo. Sans doute, appelez-les ! FatiguĂ©s, harassĂ©s, moulus de votre façon, nâa-t-il pas fallu les faire coucher ? Figaro. Eh bien ! jâirai tout chercher. Nâest-ce pas dans votre chambre ? Bas au comte. Je vais lâattirer dehors. Bartholo dĂ©tache son trousseau de clefs, et dit par rĂ©flexion Non, non, jây vais moi-mĂȘme. Bas au comte, en sâen allant. Ayez les yeux sur eux, je vous prie. ScĂšne VI FIGARO, LE COMTE, ROSINE. Figaro. Ah ! que nous lâavons manquĂ© belle ! il allait me donner le trousseau. La clef de la jalousie nây est-elle pas ? Rosine. Câest la plus neuve de toutes. ScĂšne VII BARTHOLO, FIGARO, LE COMTE, ROSINE. Bartholo, revenant. Ă part. Bon ! je ne sais ce que je fais, de laisser ici ce maudit barbier. Ă Figaro. Tenez. Il lui donne le trousseau. Dans mon cabinet, sous mon bureau ; mais ne touchez Ă rien. Figaro. La peste ! il y ferait bon, mĂ©fiant comme vous ĂȘtes ! Ă part, en sâen allant. Voyez comme le ciel protĂšge lâinnocence ! ScĂšne VIII BARTHOLO, LE COMTE, ROSINE. Bartholo, bas au comte. Câest le drĂŽle qui a portĂ© la lettre au comte. Le Comte, bas. Il mâa lâair dâun fripon. Bartholo. Il ne mâattrapera plus. Le Comte. Je crois quâĂ cet Ă©gard le plus fort est fait. Bartholo. Tout considĂ©rĂ©, jâai pensĂ© quâil Ă©tait plus prudent de lâenvoyer dans ma chambre que de le laisser avec elle. Le Comte. ils nâauraient pas dit un mot que je nâeusse Ă©tĂ© en tiers. Rosine. Il est bien poli, messieurs, de parler bas sans cesse. Et ma leçon ? Ici lâon entend un bruit, comme de la vaisselle renversĂ©e. Bartholo, criant. Quâest-ce que jâentends donc ? Le cruel barbier aura tout laissĂ© tomber dans lâescalier, et les plus belles piĂšces de mon nĂ©cessaire !⊠Il court dehors. ScĂšne IX LE COMTE, ROSINE. Le Comte. Profitons du moment que lâintelligence de Figaro nous mĂ©nage. Accordez-moi, ce soir, je vous en conjure, madame, un moment dâentretien indispensable pour vous soustraire Ă lâesclavage oĂč vous alliez tomber. Rosine. Ah ! Lindor ! Le Comte. Je puis monter Ă votre jalousie ; et quant Ă la lettre que jâai reçue de vous ce matin, je me suis vu forcé⊠ScĂšne X ROSINE, BARTHOLO, FIGARO, LE COMTE. Bartholo. Je ne mâĂ©tais pas trompĂ© ; tout est brisĂ©, fracassĂ©. Figaro. Voyez le grand malheur pour tant de train ! On ne voit goutte sur lâescalier. Il montre la clef au comte. Moi, en montant, jâai accrochĂ© une clef⊠Bartholo. On prend garde Ă ce quâon fait. Accrocher une clef ! Lâhabile homme ! Figaro. Ma foi, monsieur, cherchez-en un plus subtil. ScĂšne XI Les acteurs prĂ©cĂ©dents, don BASILE. Rosine, effrayĂ©e, Ă part. Don Basile !⊠Le Comte, Ă part. Juste ciel ! Figaro, Ă part. Câest le diable ! Bartholo va au-devant de lui. Ah ! Basile, mon ami, soyez le bien rĂ©tabli. Votre accident nâa donc point eu de suites ? En vĂ©ritĂ©, le seigneur Alonzo mâavait fort effrayĂ© sur votre Ă©tat ; demandez-lui, je partais pour vous aller voir, et sâil ne mâavait point retenu⊠Basile, Ă©tonnĂ©. Le seigneur Alonzo ? Figaro frappe du pied. Eh quoi ! toujours des accrocs ? Deux heures pour une mĂ©chante barbe⊠Chienne de pratique ! Basile, regardant tout le monde. Me ferez-vous bien le plaisir de me dire, messieurs⊠? Figaro. Vous lui parlerez quand je serai parti. Basile. Mais encore faudrait-il⊠Le Comte. Il faudrait vous taire, Basile. Croyez-vous apprendre Ă monsieur quelque chose quâil ignore ? Je lui ai racontĂ© que vous mâaviez chargĂ© de venir donner une leçon de musique Ă votre place. Basile, plus Ă©tonnĂ©. La leçon de musique !⊠Alonzo !⊠Rosine, Ă part, Ă Basile. Eh ! taisez-vous. Basile. Elle aussi ! Le Comte, bas Ă Bartholo. Dites-lui donc tout bas que nous en sommes convenus. Bartholo, Ă Basile, Ă part. Nâallez pas nous dĂ©mentir, Basile, en disant quâil nâest pas votre Ă©lĂšve, vous gĂąteriez tout. Basile. Ah ! ah ! Bartholo, haut. En vĂ©ritĂ©, Basile, on nâa pas plus de talent que votre Ă©lĂšve. Basile, stupĂ©fait. Que mon Ă©lĂšve !⊠Bas. Je venais pour vous dire que le comte est dĂ©mĂ©nagĂ©. Bartholo, bas. Je le sais, taisez-vous. Basile, bas. Qui vous lâa dit ? Bartholo, bas. Lui, apparemment ! Le Comte, bas. Moi, sans doute Ă©coutez seulement. Rosine, bas Ă Basile. Est-il si difficile de vous taire ? Figaro, bas, Ă Basile. Hum ! Grand escogriffe ! Il est sourd ! Basile, Ă part. Qui diable est-ce donc quâon trompe ici ? Tout le monde est dans le secret ! Bartholo, haut. Eh bien, Basile, votre homme de loi ?⊠Figaro. Vous avez toute la soirĂ©e pour parler de lâhomme de loi. Bartholo, Ă Basile. Un mot dites-moi seulement si vous ĂȘtes content de lâhomme de loi ? Basile, effarĂ©. De lâhomme de loi ? Le Comte, souriant. Vous ne lâavez pas vu, lâhomme de loi ? Basile, impatientĂ©. Eh ! non, je ne lâai pas vu, lâhomme de loi. Le Comte, Ă Bartholo, Ă part. Voulez-vous donc quâil sâexplique ici devant elle ? Renvoyez-le. Bartholo, bas au comte. Vous avez raison. Ă Basile. Mais quel mal vous a donc pris si subitement ? Basile, en colĂšre. Je ne vous entends pas. Le Comte lui met Ă part une bourse dans la main. Oui, monsieur vous demande ce que vous venez faire ici, dans lâĂ©tat dâindisposition oĂč vous ĂȘtes ? Figaro. Il est pĂąle comme un mort ! Basile. Ah ! je comprends⊠Le Comte. Allez vous coucher, mon cher Basile vous nâĂȘtes pas bien, et vous nous faites mourir de frayeur. Allez vous coucher. Figaro. Il a la physionomie toute renversĂ©e. Allez vous coucher. Bartholo. Dâhonneur, il sent la fiĂšvre dâune lieue. Allez vous coucher. Rosine. Pourquoi ĂȘtes-vous donc sorti ? On dit que cela se gagne. Allez vous coucher. Basile, au dernier Ă©tonnement. Que jâaille me coucher ! Tous les acteurs ensemble. Eh ! sans doute. Basile, les regardant tous. En effet, messieurs, je crois que je ne ferai pas mal de me retirer ; je sens que je ne suis pas ici dans mon assiette ordinaire. Bartholo. Ă demain, toujours, si vous ĂȘtes mieux. Le Comte. Basile, je serai chez vous de trĂšs bonne heure. Figaro. Croyez-moi, tenez-vous bien chaudement dans votre lit. Rosine. Bonsoir, monsieur Basile. Basile, Ă part. Diable emporte si jây comprends rien ! et, sans cette bourse⊠Tous. Bonsoir, Basile, bonsoir. Basile, en sâen allant. Eh bien ! bonsoir donc, bonsoir. Ils lâaccompagnent tous en riant. ScĂšne XII Les acteurs prĂ©cĂ©dents, exceptĂ© BASILE. Bartholo, dâun ton important. Cet homme-lĂ nâest pas bien du tout. Rosine. Il a les yeux Ă©garĂ©s. Le Comte. Le grand air lâaura saisi. Figaro. Avez-vous vu comme il parlait tout seul ? Ce que câest que de nous ! Ă Bartholo. Ah çà , vous dĂ©cidez-vous, cette fois ? Il lui pousse un fauteuil trĂšs loin du comte, et lui prĂ©sente le linge. Le Comte. Avant de finir, madame, je dois vous dire un mot essentiel au progrĂšs de lâart que jâai lâhonneur de vous enseigner. Il sâapproche, et lui parle bas Ă lâoreille. Bartholo, Ă Figaro. Eh mais ! il semble que vous le fassiez exprĂšs de vous approcher, et de vous mettre devant moi pour mâempĂȘcher de voir⊠Le Comte, bas Ă Rosine. Nous avons la clef de la jalousie, et nous serons ici Ă minuit. Figaro passe le linge au cou de Bartholo. Quoi voir ? Si câĂ©tait une leçon de danse, on vous passerait dây regarder ; mais du chant !⊠ahi, ahi ! Bartholo. Quâest-ce que câest ? Figaro. Je ne sais ce qui mâest entrĂ© dans lâĆil. Il rapproche sa tĂȘte. Bartholo. Ne frottez donc pas ! Figaro. Câest le gauche. Voudriez-vous me faire le plaisir dây souffler un peu fort ? Bartholo prend la tĂȘte de Figaro, regarde par-dessus, le pousse violemment, et va derriĂšre les amants Ă©couter leur conversation. Le Comte, bas Ă Rosine. Et quant Ă votre lettre, je me suis trouvĂ© tantĂŽt dans un tel embarras pour rester ici⊠Figaro, de loin, pour avertir. Hem ! hem !⊠Le Comte. DĂ©solĂ© de voir encore mon dĂ©guisement inutile⊠Bartholo, passant entre eux deux. Votre dĂ©guisement inutile ! Rosine, effrayĂ©e. Ah !⊠Bartholo. Fort bien, madame, ne vous gĂȘnez pas. Comment ! sous mes yeux mĂȘmes, en ma prĂ©sence, on mâose outrager de la sorte ! Le Comte. Quâavez-vous donc, seigneur ? Bartholo. Perfide Alonzo ! Le Comte. Seigneur Bartholo, si vous avez souvent des lubies comme celle dont le hasard me rend tĂ©moin, je ne suis plus Ă©tonnĂ© de lâĂ©loignement que mademoiselle a pour devenir votre femme. Rosine. Sa femme ! moi ! passer mes jours auprĂšs dâun vieux jaloux qui, pour tout bonheur, offre Ă ma jeunesse un esclavage abominable ! Bartholo. Ah ! quâest-ce que jâentends ? Rosine. Oui, je le dis tout haut je donnerai mon cĆur et ma main Ă celui qui pourra mâarracher de cette horrible prison, oĂč ma personne et mon bien sont retenus contre toute justice. Rosine sort. ScĂšne XIII BARTHOLO, FIGARO, LE COMTE. Bartholo. La colĂšre me suffoque. Le Comte. En effet, seigneur, il est difficile quâune jeune femme⊠Figaro. Oui, une jeune femme, et un grand Ăąge, voilĂ ce qui trouble la tĂȘte dâun vieillard. Bartholo. Comment ! lorsque je les prends sur le fait ! Maudit barbier ! il me prend des envies⊠Figaro. Je me retire, il est fou. Le Comte. Et moi aussi ; dâhonneur, il est fou. Figaro. Il est fou, il est fou⊠Ils sortent. ScĂšne XIV BARTHOLO, seul, les poursuit. Je suis fou ! InfĂąmes suborneurs ! Ă©missaires du diable, dont vous faites ici lâoffice, et qui puisse vous emporter tous⊠Je suis fou !⊠Je les ai vus comme je vois ce pupitre⊠et me soutenir effrontĂ©ment !⊠Ah ! il nây a que Basile qui puisse mâexpliquer ceci. Oui, envoyons-le chercher. HolĂ ! quelquâun⊠Ah ! jâoublie que je nâai personne⊠Un voisin, le premier venu, nâimporte. Il y a de quoi perdre lâesprit ! il y a de quoi perdre lâesprit ! Pendant lâentrâacte, le théùtre sâobscurcit on entend un bruit dâorage exĂ©cutĂ© par lâorchestre. â Cette ariette, dans le goĂ»t espagnol, fut chantĂ©e le premier jour Ă Paris, malgrĂ© les huĂ©es, les rumeurs et le train usitĂ©s au parterre en ces jours de crise et de combat. La timiditĂ© de lâactrice lâa depuis empĂȘchĂ©e dâoser la redire, et les jeunes rigoristes du théùtre lâont fort louĂ©e de cette rĂ©ticence. Mais si la dignitĂ© de la ComĂ©die-Française y a gagnĂ© quelque chose, il faut convenir que le Barbier de SĂ©ville y a beaucoup perdu. Câest pourquoi, sur les théùtres oĂč quelque peu de musique ne tirera pas tant Ă consĂ©quence, nous invitons tous directeurs Ă la restituer, tous acteurs Ă la chanter, tous spectateurs Ă lâĂ©couter, et tous critiques Ă nous la pardonner, en faveur du genre de la piĂšce et du plaisir que leur fera le morceau.