Séquence1 1ereS1 Aide à la lecture – Septembre Supplément au voyage de Bougainville, Denis Diderot 1. a. Biographie Né à Langres et fils d'un maître coutelier, Denis Diderot suit ses études chez les Jésuites, puis au lycée Louis-Le-Grand et devient maître des Art en 1732.
Carte mentaleÉlargissez votre recherche dans UniversalisUne œuvre polyphoniqueLe Supplément au Voyage de Bougainville fait entendre plusieurs voix les deux interlocuteurs, A et B, commentent, texte à l'appui, ce Voyage que B est en train de lire, et dont il prétend restituer l'intégralité, car les passages licencieux en auraient été supprimés. Cette fiction justifie le supplément », terme défini par le Dictionnaire de Trévoux comme ce qu'on ajoute à un auteur, pour remplir les lacunes qui se trouvaient dans ses ouvrages ». Suppléer consiste ici, pour Diderot, à commenter le Voyage de Bougainville sans laisser la parole à l'explorateur version longue du texte comporte cinq parties, dont la première et la dernière, respectivement Jugement du Voyage de Bougainville » et Suite du dialogue entre A et B », encadrent d'autres discours rapportés la prosopopée d'un vieux Tahitien Les Adieux du vieillard », l' Entretien de l'aumônier et d'Orou » III qui contient, en un nouvel enchâssement, l'histoire de Polly Baker et sa défense devant les juges rapportée au discours direct, enfin la suite de l'entretien de l'aumônier et d'Orou dans la section IV, non titrée. Pluralité des voix, mais aussi intertextualité assumée, voire exhibée par une activation du principe dialogique » théorisé par Mikhaïl Bakhtine. Le Supplément fait aussi écho aux Dialogues de La Hontan avec un sauvage de bon sens qui a voyagé » 1703, ou reprend l'histoire de Polly Baker à l'Histoire des deux Indes 1770, de l'abbé Raynal, à laquelle Diderot a contribué. Participent également de cette polyphonie le glissement d'un plan de l'énonciation à un autre, comme lorsque A s'adresse fictivement à Aotourou, le Tahitien que Bougainville a ramené en France et promené dans les salons parisiens O Aotourou, que tu seras content de revoir ton père, ta mère, tes frères, tes sœurs, tes compatriotes ! Que leur diras-tu de nous ? ». Mêlant lyrisme et ironie, Diderot met en scène un débat philosophique, dont les termes sont clairement résumés par A au terme du dialogue Reviendrons-nous à la nature ? Nous soumettrons-nous aux lois ? » B donne sa réponse, celle d'une adaptation à un état de fait – Prendre le froc du pays où l'on va, et garder celui du pays où l'on est » – qui, si elle n'est pas sans évoquer la fin du Paradoxe sur le comédien et sa morale courtisane, n'est peut-être pas exactement celle de 2 3 4 5 …pour nos abonnés, l’article se compose de 2 pagesÉcrit par ancienne élève de l'École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses, maître de conférences à l'université de PoitiersClassificationLittératuresŒuvres littérairesŒuvres littéraires du xviiie s. occidentalLittératuresŒuvres littérairesŒuvres littéraires par genresEssaisAutres références SUPPLÉMENT AU VOYAGE DE BOUGAINVILLE, Denis Diderot » est également traité dans CULTURE - Nature et cultureÉcrit par Françoise ARMENGAUD • 7 881 mots • 2 médias Dans le chapitre Le sophisme naturaliste » […] Aussi bien nature » que culture » sont des termes qui désignent moins des réalités strictement déterminées que des termes horizon, si l'on peut dire, des termes englobants ». Ils constitueraient, pour la nature, l'horizon de totalisation de toutes les choses, forces, données, de tous les êtres avec la nature humaine, ou sans elle, et, pour la culture, l'horizon et comme l'enveloppe des […] Lire la suiteFRANÇAISE LITTÉRATURE, XVIIIe par Pierre FRANTZ • 7 653 mots • 4 médias Dans le chapitre Naissance de l’intellectuel » […] Bien sûr, il serait illégitime d’annexer la littérature française du xviii e siècle aux Lumières , comme mouvement de pensée et comme ensemble de valeurs. Cependant, leur emprise est telle qu’elle la marque tout entière. La notion même de Lumières » est si vaste et recouvre des aspects si variés que seules les pensées adverses peuvent en être vraiment exceptées. Encore pourrait-on dire que, par […] Lire la suiteRÉCIT DE VOYAGEÉcrit par Jean ROUDAUT • 7 143 mots • 1 média Dans le chapitre Oh ! Tahiti » […] Si, pour le capitaine Wallis qui la découvre le 9 juin 1767, elle est sans plus l'île du roi George, Tahiti devient pour Bougainville Voyage autour du monde , 1771 la nouvelle Cythère ». Se reconstitue dans le Pacifique, pour les voyageurs, la constellation des îles grecques à l'aurore des temps, dans la lumière que leur prêtent les romans sur l'origine idyllique de l'humanité. La Grèce anci […] Lire la suiteRecevez les offres exclusives UniversalisSupplémentau voyage de Bougainville - Denis Diderot (Fiche de lecture) - Analyse complète de l'oeuvre par Sophie Lecomte aux éditions FichesDeLecture.com. Cette fiche de lecture sur
Présentation de l'éditeur Décryptez Supplément au Voyage de Bougainville de Denis Diderot avec l'analyse du ! Que faut-il retenir du Supplément au Voyage de Bougainville, le conte philosophique qui a plongé les lecteurs au coeur de Tahiti ? Retrouvez tout ce que vous devez savoir sur cette oeuvre dans une fiche de lecture complète et détaillée. Vous trouverez notamment dans cette fiche * Un résumé complet * Une présentation des personnages principaux tels que A, B, le vieillard tahitien, Orou et l'aumônier * Une analyse des spécificités de l'oeuvre les Lumières et le mythe du bon sauvage, la nature et la culture, la morale sexuelle et le dialogue philosophique Une analyse de référence pour comprendre rapidement le sens de l'oeuvre. Le Mot De L'ÉDiteur Dans cette nouvelle édition de notre analyse du Supplément au Voyage de Bougainville 2014, avec Fanny Normand, nous fournissons des pistes pour décoder ce dialogue philosophique qui confronte deux mondes très différents. Notre analyse permet de faire rapidement le tour de l'oeuvre et d'aller au-delà des clichés. » Stéphanie Felten À propos de la collection Plébiscité tant par les passionnés de littérature que par les lycéens, est considéré comme une référence en matière d'analyse d'oeuvres classiques et contemporaines. Nos analyses, disponibles au format papier et numérique, ont été conçues pour guider les lecteurs à travers la littérature. Nos auteurs combinent théories, citations, anecdotes et commentaires pour vous faire découvrir et redécouvrir les plus grandes oeuvres littéraires. est reconnu d'intérêt pédagogique par le ministère de l'Éducation. Plus d'informations sur Revue de presse Tout ce qu’il faut savoir sur le Supplément au voyage de Bougainville de Denis Diderot ! Retrouvez l’essentiel de l’œuvre dans une fiche de lecture complète et détaillée, avec un résumé, une étude des personnages, des clés de lecture et des pistes de réflexion. Rédigée de manière claire et accessible, la fiche de lecture propose d’abord un résumé partie par partie du dialogue, puis s’intéresse aux différents personnages A et B, tout d’abord, les personnages du récit cadre, puis le vieillard tahitien, Orou et l’aumônier, qui apparaissent dans le récit enchâssé. On aborde ensuite la philosophie des Lumières, le mythe du bon sauvage, le thème de la nature et de la culture, et le problème de la morale sexuelle, avant de se pencher sur le genre de l’œuvre – un dialogue philosophique. Enfin, les pistes de réflexion, sous forme de questions, vous permettront d’aller plus loin dans votre étude. Une analyse littéraire de référence pour mieux lire et comprendre le livre ! Retrouvez toute notre collection sur Les informations fournies dans la section A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.
Quefaut-il retenir du Supplément au Voyage de Bougainville, le conte philosophique qui a plongé les lecteurs au coeur de Tahiti ? Retrouvez tout ce que vous devez savoir sur
Denis Diderot par Van Loo 1767 Textes étudiés Synthèses incipit chapitre I, texte 2 discours du vieillard tahitien dialogue Orou / l’aumônier apologue de Polly Baker excipit Structure du Supplément le vrai » voyage de Bougainville Le Supplément a-t-il un caractère ethnographique ? Bibliographie Structure du Supplément… Chapitre I p. 141-147 éditions GF Dialogue entre A et B Petite introduction variation sur le temps qu’il fait 1/2 page Jugement sur Bougainville les raisons de son expédition 1/2 page Réflexion sur les observations qu’il rapporte Réflexion sur les réactions d’un Tahitien que Bougainville ramena en France celui-ci s’y est ennuyé, et juge fous les Européens transition è cf. Montaigne Les Cannibales Présentation du Supplément on annonce la lecture de ce livre, et en particulier les adieux du vieillard. Chapitre II p. 147-153 Présentation du vieillard, et son discours environ 5 pages =>Texte 1 Dialogue de A et B sur ce discours Accueil des Tahitiens aux Européens incident de la jeune femme déguisée Annonce du dialogue entre Orou et l’aumônier. Chapitre III p. 153-167 B lit à A le dialogue entre Orou et l’aumônier. L’aumônier refuse l’offre d’Orou, puis cède malgré lui ; 2ème discussion entre Orou et l’aumônier ce dernier tente de faire comprendre au Tahitien ce que sont la religion, la prêtrise, les lois de son pays. Orou à son tour explique les lois et coutumes de Tahiti è Texte 2 p. 155-157 l’aumônier tente d’expliquer ce qu’est Dieu dialogue p. 157-159 discours d’Orou, les objections de la raison p. 159-160 l’aumônier répond aux objections et aux questions d’Orou dialogue p. 161-164 Orou à son tour explique ses lois discours + dialogue. Interruption de A ; après une explication de B, intermède B précise les lois de Tahiti B raconte l’histoire de Polly Baker, par antithèse avec le dialogue précédent entre Orou et l’aumônier è texte 3 ; réflexions de B et de A. p. 165-167 Chapitre IV p. 167-177 Nouveau dialogue entre Orou et l’aumônier Orou voit ses valeurs contestées par celles de l’aumônier, et surtout vice-versa p. 175 deux systèmes de valeurs s’opposent ; Condamnation de la religion et de la vie monacale par Orou cf. Diderot, La Religieuse. Fin du chapitre l’aumônier, agité de remords, cède comiquement cf. la veine libertine du 18ème siècle, de Laclos à Crébillon et aux Bijoux indiscrets… sans parler de Sade. Chapitre V p. 177-186 Dialogue entre A et B. B raconte les conclusions de l’aumônier conséquences de ces coutumes et de ces valeurs morales ; La seule loi raisonnable est la loi de nature ; Ce qu’il y a de naturel et de frelaté dans l’amour à l’Européenne ; Avantages et inconvénients de la vie civilisée et de la vie sauvage » faut-il choisir ? faut-il une révolution ? L’attitude du sage è texte 4 On passe donc d’une critique du colonialisme, injustifié − illusion de croire en une supériorité européenne − à une critique de la religion, de la société, des distorsions entre loi naturelle, loi sociale, loi religieuse, qui mènent à des absurdités et à des déchirements moraux, et enfin à une critique des valeurs morales non fondées sur la raison et la nature, donc injustifiables. Mais cette condamnation ne doit pas conduire à une révolution violente, qui ne ferait que changer une dictature en une autre. Le livre lui-même, par la critique qu’il apporte, est action, la seule valable. Chapitre I, p. 141-142 jusqu’à langue des marins » Cette 1ère partie est un jugement littéraire pour l’essentiel, un article que Diderot avait écrit à la demande de Grimm sur le Voyage de Bougainville, et qui n’a pas été publié. Deux parties jusqu’à toujours » jusqu’à la langue des marins » Cf. Mme de la Carlière, dialogue où deux interlocuteurs parlaient du temps dans les mêmes termes, qui était une réflexion sur la liberté sexuelle, dans un décor identique. Cette discussion physique et météorologique rappelle Fontenelle Irons-nous sur la lune ? », Entretien sur la pluralité des mondes Le dialogue est placé sous le signe de la déception ne nous a pas tenu parole », l. 3, liée au brouillard qui gêne la vue paysage symbolique. Le dialogue est placé sous le signe de la lucidité. La réflexion prolonge celle de Montaigne le Tahitien rappelle le Cannibale des Essais. Réflexion sur la diversité des mœurs. Les mœurs françaises paraissent plus étranges que les mœurs étrangères. traverse l’éponge » l. 10 air saturé d’eau que le brouillard peut ou non traverser. Que représentent les interlocuteurs ? A est-il l’opinion commune ? A diffère de B par son caractère A est impatient et pessimiste, B patient et optimiste. Diderot oppose des gens d’humeur différente, mais plus par leur expressivité que par leur intériorité. La pensée de Diderot se cherche en s’exprimant ; le paradoxe est un instrument de la recherche intellectuelle. A bizarrerie apparente » l. 29, c’est-à-dire seulement apparente ; B répond comme vous et moi » l. 27 B se moque de sa propre activité. Le livre est sous le signe de la curiosité, de la réflexion ; planche // parquet l. 27-28 l’activité du voyageur est semblable à celle du philosophe ; lesté, d’un bord… » l. 35-37 à travers Bougainville, on nous présente une image du philosophe, contraire du philosophe misanthrope de Rousseau. L’aventure de l’esprit vaut celle de la mer. Lecture non dogmatique de ce livre la civilisation est à la fois la pire et la meilleure des choses… et de même la vie primitive. La philosophie = réflexion critique sur les activités humaines. Nihil humanum a me alienum puto, disait Térence. Lire l’article Philosophe » de l’Encyclopédie ; Diderot n’instruit pas, il inquiète et pose les problèmes. Ironie de Diderot sur le lest du vrai Français » les maths et un voyage autour du Monde ! A Que pensez-vous de son Voyage ? » l. 40 Notre vieux domicile » relativité. Double avantage pour les navigateurs cartes et sûreté dans les Océans, et pour les curieux et les philosophes. Il ne développe que le premier. Les lumières nécessaires » siècle des Lumières, connaissance et ouverture d’esprit. Ne peut voir que celui qui est préparé à voir. Repris par philosophie ». Il faut aussi avoir le courage de dire des choses qui seront mal acceptées. Vérité = sincérité ; il faut à la fois de la promptitude et son contraire, la patience. Désir de voir, de s’éclairer / et d’instruire » et non de s’instruire », Pléiade. Style sans apprêt » l. 55-56 celui qu’il veut donner au Supplément. Chapitre I, p. 145-147 avez-vous vu le Tahitien »… vous le saurez » Le lecteur, par la 1ère phrase, s’attend au procédé de l’œil neuf » Lettres persanes, L’Ingénu… transporté » l. 2 avec un complément de personne = le plus grand dépaysement. soit que… soit que… » = deux fois l’idée d’erreur, imposée volontairement on lui en eût imposé » ou naturelle. Aotourou n’a quitté Tahiti que parce qu’on l’a trompé ou qu’il s’est trompé. Idée selon laquelle chacun se trouve bien chez soi cf. l. 18-22. L’usage commun des femmes » qui n’a jamais voyagé n’imagine pas des mœurs autres que les siennes. Mythe d’un communisme primitif, déjà présent chez Platon. En réalité, plus les civilisations sont primitives, plus les mœurs sont complexes et contraignantes cf. Levi-Strauss et l’ethnologie moderne. s’ennuyait » sens très fort = profonde mélancolie. L’alphabet tahitien… » l. 14 préoccupation du siècle l’origine des langues. Ce sont les tous premiers balbutiements de la linguistique cf. Genette. Rousseau écrit un Essai sur l’origine des langues. Diderot a raison sur un point le système phonétique d’une langue est une structure, un système clos ; il est donc très difficile de prononcer des phonèmes qui n’existent pas dans sa propre langue ; mais il confond graphèmes et phonèmes ! Diderot, l. 18-25, indique quelle lecture on fait des récits de voyage par goût de l’exotisme, ou pour se conforter dans la bonne opinion que l’on a de son pays. Au moment des Grandes découvertes, on ne lisait pas de tels récits. Ici l. 26-28, A s’amuse pour une fois, il est le plus intelligent. Assonance et allitération quoi, croyez, croisse ». Presque une paronomase ! Réponse de B Diderot ne veut rien démontrer, son opinion n’est pas faite. Ce qui l’intéresse, c’est la quête. Voir le Neveu de Rameau. Malgré les coq-à-l’âne, un seul problème l’œil neuf. Concevoir » l. 37 parce que son langage ne s’y prête pas. Lien étroit de la pensée et du langage. Lignes 45 et suiv. 3 idées fausses. simplicité des sauvages ~ complexité des sociétés modernes. Or l’on sait l’extrême complexité des liens sociaux, fondée sur des millénaires de culture, par exemple des Aborigènes ; comparaison entre l’histoire des sociétés et l’histoire biologique d’un individu, datant du 16ème siècle, et très à la mode. Grandeur et décadence cf. Montesquieu… Or une société ne meurt pas de vieillesse, mais par élimination ou accident invasions…… Diderot mélange une comparaison mécanique or aujourd’hui on sait que les machines complexes marchent mieux et une comparaison biologique deux idées débattues par Rousseau et Diderot lors de l’emprisonnement de celui-ci à Vincennes. Rousseau en fait un usage philosophique Discours sur l’origine de l’inégalité ; Diderot les essaie, en fait un usage poétique et moral. À propos de la liberté et de l’aliénation Pour Diderot, comme pour Rousseau, la liberté est un sentiment inné cf. Discours sur l’origine de l’inégalité ; or c’est discutable. La liberté est une conquête humaine ; elle est difficile, au point que beaucoup ne souhaitent pas être libres. Sentiment un instinct dont on prend conscience. Mélange d’idéologie et de conquêtes scientifiques ; le transformisme est dans l’air, avec des aspects dangereux. Ce qui est positif dans l’œuvre de Diderot, c’est la critique. On se rend ridicule, mais on n’est ni ignorant, ni sot, encore moins méchant pour ne voir jamais que la pointe de son clocher ». Diderot ne se fait aucune illusion sur l’idylle de la vie sauvage prosopopée de l’Indienne de l’Orénoque. Aucune pensée n’est chez Diderot privée de son antithèse = aspect ludique. Il essaie toutes les idées cf. le Neveu de Rameau, jeu qui mène à une critique de la réalité. Ici, les rapports sociaux entre les Parisiens du 18ème siècle sont des entraves » l. 51 ; mais on arrive à vivre … Il en fait voir les défauts et les qualités cf. p. 186. Retour de la métaphore du brouillard Diderot veut remuer assez d’idées pour que le brouillard intellectuel dans lequel nous vivons se dissipe. A a-t-il tort ? il ne se laisse pas prendre aux fables il est le philosophe, l’esprit le plus fort ; les rôles sont interchangeables. Ce qui différencie A et B, ce sont les traits d’humeur. A est le souffre douleur de B humour j’ai toujours tort avec vous ! » l. 66-67. De tenez, tenez » à vous le saurez » l. 69-75 ménage une transition avec la suite. Mise en abyme le Supplément est pour nous l’œuvre complète, or il est dans l’œuvre là, sur cette table ». Jeu pictural baroque les Ménines de Vélasquez, puis théâtral l’Illusion comique, les Acteurs de bonne foi de Marivaux, enfin littéraire, qui détruit la réalité en même temps qu’on la crée. Diderot s’amuse la sincérité de Bougainville… prouvée par un Supplément apocryphe ! l. 57. Vous le saurez » souligne la gratuité de l’échange d’idées le discours du vieillard est présenté comme faux, invraisemblable. repris plus tard, p. 151 abrupt et sauvage », définition de la poésie pour Diderot Conclusion optimisme de Diderot. Toute société est mauvaise, mais toutes les sociétés sont bonnes d’un certain point de vue. Elles sont vivables. Jeu des idées. Le Supplément se présente comme une méditation après une lecture titre excellent quand un livre a du succès, des quantités de suppléments. Diderot surpasse Rousseau et sa Prosopopée de Fabricius ». Rêverie très libre après la lecture. Distanciation à la Brecht pour critiquer quelque chose, il faut être dehors et dedans, acteur et témoin. Déchirement de s’arracher à son pays fiction littéraire pour cela, pour libérer l’esprit. Cf. l’Ingénu de Voltaire ! Au 18ème siècle, on déteste les livres ennuyeux. Discours du vieillard tahitien chapitre II p. 148-151 Les Européens vus par le vieillard chef des brigands » ; opposition des personnes nous » ~ tu » ; fureur / féroce. Fureur et violence vocabulaire de la violence cf. ci-dessus, + haïr, égorger, sang »… Propriété et vol mettre des hommes en esclavage l. 15-16 ; t’emparer comme de la brute » propriété du sol ~ vol de toute une contrée Facticité, superficialité, superflu, mensonge prêché », l. 6-7 ; inutiles lumières » Le problème du travail. Autoportrait du Sauvage opposition d’un système de valeurs à un autre. Absence de propriété privée tout est à tous », y compris filles et femmes. Pas d’agressivité ce sont les Européens qui enseignent la violence ». Egalité des hommes Ton frère », deux enfants de la Nature » Sentiment de la justice, dignité Réciprocité, l. 18-22, 23-26, 27-30. Sagesse des moeurs cf. le dernier § êtres sensés » l. 46 Hospitalité tu as partagé », tu es entré dans nos cabanes »… Une image de l’Etat de Nature. Il s’agit ici d’une fiction discours à l’occidentale ce qui sera souligné par A et B ; aucun détail concret ce n’est pas la civilisation tahitienne qui intéresse Diderot, mais un IDEAL, qui appartient au mythe du Bon Sauvage. Propriété collective ou absence de propriété cf. Rousseau ; il s’agit d’un état antérieur à la propriété. Cependant, on ne trouve pas ici les mêmes conséquences que dans le Discours sur l’inégalité de Rousseau ; chez celui-ci, l’homme d’avant la société vivait isolé ; pour Diderot, il y a une forme de société collectiviste primitive. Le problème du travail satisfaction des besoins vitaux ~ luxe, besoins superflus idée importante de création des besoins ». L’opposition entre repos et travail est une opposition de valeur repos = être = jouir travail = s’agiter, se tourmenter pour posséder des biens. On est ici très proche de Montaigne et de Rousseau, mais très loin de Voltaire, qui préfigure la valeur bourgeoise accordée au travail, à l’industrie. Dialogue de l’Aumônier et d’Orou ch. III, p. 157-160, de ces préceptes singuliers » à … ne réclame pas ses droits » texte 3 Plan du premier discours d’Orou les préceptes de l’aumônier chasteté, fidélité, mariage… sont à la fois contraires à la nature et à la raison. Contraires à la nature un être humain ne saurait appartenir à un autre contraires à la “loi générale des êtres” dans un univers soumis au changement, aucune loi ne peut imposer une constance éternelle. Magistrats et prêtres ne peuvent définir le bien et le mal, édicter des lois contraires à la nature des hommes ne peuvent décider du bien et du mal si c’était le cas, ces notions seraient arbitraires et changeantes allusions aux lois et interdits religieux … Et que faire en cas de désaccord entre ces différents législateurs ? ==> seule la nature peut décider du bien et du mal, en fonction de critères absolus. Le deuxième discours dresse un réquisitoire contre la société Orou devine ce que Diderot dénonce les nécessaires dysfonctionnements liés à des lois contraires à la nature. Dans ce passage, étudier les marques de jugement les procédés oratoires symétries, antithèses, accumulations, rythmes… l’usage des temps verbaux Apologue de Polly Baker Qui parle ? Retrouvez dans cette histoire les marques d’énonciation marques personnelles, marques de jugement, modalisateurs, déictiques… ; indiquez les différents niveaux d’énonciation le narrateur de l’histoire le discours de Polly Le discours de Polly indiquez sa composition. Montrez, en relevant plusieurs indices, qu’il s’agit d’un plaidoyer. Pour quelle cause plaide Polly ? En quoi l’histoire de Polly Baker constitue-t-elle un apologue ? Quelle en serait la moralité ? Quel rôle occupe cet apologue dans l’argumentation de Diderot à propos des lois naturelles ? Excipit ainsi vous préféreriez… => fin du chapitre V. La 1ère phrase fait la liaison avec ce qui précède. préféreriez » interrogation implicite. A doute des idées de B conditionnel. Il ne s’agit pas ici d’un choix, mais d’une préférence, comme si le choix était indifférent, affaire de goût. Conclusion du dialogue vocabulaire du choix moral préférer, prononcer, conclure, incliner, trouver, indiquer => unité de la page. Les tabous les plus forts de notre société sont ceux concernant la sexualité Diderot s’y attaque ; cf. la 3ème partie du Rêve de d’Alembert. L’état de nature brute cf. Discours sur l’origine de l’inégalité de Rousseau 1755. Cette question marque l’étonnement. Cf. au début est-ce que vous donneriez dans la fable de Tahiti ? » p. 146. Ma foi » précède et atténue l’énonciation de vérités scandaleuses. Expression ironique de la pensée se dépouiller », puis se vêtir » l. 3-6. Arguments de faits, même s’ils sont totalement contradictoires. Equation toujours égale en augmentant les plaisirs d’une société, on en augmente dans la même proportion les maux beaucoup de peine pour rien efforts » l. 11. Derrière l’opposition homme naturel / homme social se cache l’opposition individu / société. Diderot renouvelle cette opposition par celle individu / espèce. Avantage à l’état de nature. Mais argument contraire cependant », l. 15 la vie civilisée allonge la durée moyenne d’existence. Il reprend souvent cet argument, mais n’hésite pourtant pas, ici, à le contester est-ce une norme ? comparaison avec une machine Lieu où l’on est le plus libre, sans tabous Tahiti vision utopique de la vie primitive… … mais aussi Venise ! Diderot retrouve Voltaire et présente les deux aspects antagonistes du progrès. Prudence il m’est souvent venu dans la pensée… », peut-être »… La conception d’une durée moyenne de vie est toute nouvelle à l’époque argument au départ d’un débat qui dure aujourd’hui encore cf. Lévy-Strauss. Diderot présente des arguments pour et contre, et se garde de choisir. Ligne 21 retour du conditionnel. Je vois » signifie dois-je voir ? » Parcourrai » = par l’esprit. Diderot pose le problème de bonheur, et le fait comme le ferait Rousseau, pour qui tout va bien si l’homme est heureux. Il n’en est pas de même pour Voltaire l’essentiel est que la condition de l’homme soit supportable ; cf. Candide ; Rousseau est plus exigeant, mais aussi plus optimiste que Voltaire ! Venise » représente à l’époque le gouvernement d’oppression aristocratique. Ces arguments sont fragiles, mais Diderot ne résiste pas au plaisir de les essayer. Je ne m’attendais pas à l’éloge de ce gouvernement » = litote. Diderot présente un paradoxe énorme dire que le meilleur gouvernement d’un pays civilisé serait comparable à celui de Venise. Diderot, ~ Rousseau, ignore la pensée dialectique. Pourtant, ici, il en est tout proche. Les Grecs proscrivirent… » Diderot reprend ici Montaigne I, ch. 23. Partout où il y a des lyres, il y a des cordes = métaphore partout où il y a une société, il y a des lois arbitraires. Diderot cite ensuite des personnages connivence avec les lecteurs de son époque Reymer, Gardeil figures atroces, équilibre entre les sexes un homme, une femme. Tanié, Mlle de la Chaux ce qu’il y a de sublime dans le dévouement amoureux ; Le Chevalier Desroches homme admirable, mais incapable de s’attacher sérieusement à une femme ; Mme de la Carlière femme admirable, mais qui a trop lu la Princesse de Clèves. La morale artificielle produit chez l’homme le meilleur et le pire. dépravation » négatif et malheur connoté plus positivement. Diderot a pris des personnages fictifs, pour renvoyer à sa propre œuvre. Nous parlerons… » l. 61 style et pensée de Montaigne. Réformer » = changer complètement. Celui qui… » l. 63 = pensée de Socrate Criton qui meurt pour garantir les lois. Il faut obéir aux lois, non parce qu’elles sont justes, mais parce qu’elles sont les lois. Etres fragiles » les Tahitiens. Leur société est fragile, il ne faut pas y toucher. Le philosophe est présenté comme un être sociable, non révolutionnaire. Retour l. 79 du brouillard métaphorique il tombe, il n’y a eu qu’une éclaircie. Le dialogue se termine par une pointe. Pour comprendre le Supplément, il faut lire Sur les femmes, qui prolonge la réflexion de Montaigne sur le même sujet. Lire aussi le passage sur le sublime dans le Neveu de Rameau. Le Supplément au Voyage de Bougainville a-t-il une dimension ethnographique ? Dialogue entre A et B à propos de Bougainville, p. 142-144 27-30 Pour être un bon explorateur, il faut d’abord de solides connaissances scientifiques, et en particulier mathématiques un véritable Français, lesté […] d’un traité de calcul différentiel et intégral… » ; il faut en outre de la philosophie, du courage, de la véracité », des qualités d’observation, de la curiosité, et des connaissances scientifiques mécanique, géométrie, astronomie, histoire naturelle. Rien n’est dit de la connaissance des hommes l’ethnographie est encore en train de naître. Les premières observations rapportées portent sur les animaux sauvages p. 143, puis sur ce que nous appellerions aujourd’hui la dérive des continents. Elles concernent donc la zoologie et la géographie. À propos de l’Île des Lanciers, Diderot mentionne le cannibalisme et l’infibulation des femmes, pures hypothèses ici, et qu’il attribue à la nécessité vitale de réduire la population dans un espace trop petit. Il s’agit ici de spéculations, et non d’observations. À propos des Patagons Où se trouve la Patagonie ? Quelle observation de Bougainville est ici rapportée ? Avec quelles réserves ? Montez que l’on trouve ici une première occurrence du mythe du bon Sauvage ». La Patagonie se trouve à l’extrême sud du Chili ; Diderot rapporte l’observation de Bougainville sur le physique étonnant de ces hommes, mais il met en doute la véracité de ce rapport, exagéré selon lui cf. p. 145/34. Le mythe du bon Sauvage » apparaît dans ce même passage C’est, à ce qu’il paraît, de la défense journalière contre les bêtes féroces qu’il tient le caractère cruel qu’on lui remarque quelquefois. Il est innocent et doux, partout où rien ne trouble son repos et sa sécurité . A propos d’Aotourou qu’est-ce que la fable de Tahiti » ? Quelle est la part de l’observation ethnographique ici ? La fable de Tahiti » consiste à croire que la société Tahitienne, qui représente l’enfance de l’humanité », soit simple et innocente. L’ethnographie contemporaine a au contraire montré la complexité extrême des sociétés dites primitives – et leur ancienneté. Lire à ce sujet Tristes Tropiques, de Claude Lévi-Strauss. On trouve cependant dans ce passage une petite part d’observation ethnographique sur la langue tahitienne bien que Diderot semble confondre écriture et phonétique, sur l’usage commun des femmes », et sur la difficulté à concevoir une réalité que l’on ne peut nommer Umberto Eco a fait la même remarque à propos de Moctezuma dans Kant et l’Ornithorynque, Grasset, Paris, 1997, p. 131 et suiv.. Discours du vieillard tahitien, p. 147-151 39-47 Relevez dans ce discours tout ce qui peut donner une idée des mœurs, coutumes, objets usuels… de la société tahitienne. Diderot donne-t-il une image précise de ces usages ? habitat, économie, fêtes, religion, arts… L’on retrouve ici l’usage commun des femmes, quelques mots sur l’habitat nos cabanes », les armes arcs et flèches, le mode de vie goût du repos, absence de maladies, et une allusion à une cérémonie de passage à l’âge nubile pour les jeunes filles la mère relève le voile » de la jeune fille. Aucun de ces points n’est développé ; repos et santé semblent se référer au mythe du paradis terreste » ou de l’âge d’or, et les autres mentions sont si générales qu’elles pourraient s’appliquer à n’importe quelle société non européenne. Diderot reste dans le flou pour plusieurs raisons Pour donner un caractère d’universalité au discours du vieillard, dont A souligne peu après qu’il semble bien peu réaliste dans la bouche d’un vieillard tahitien, en principe non formé à l’éloquence romaine ; parce que le but est la dénonciation de la société européenne, et non la peinture de la société tahitienne ; il ne faut donc pas disperser l’attention du lecteur ; enfin, parce qu’il faut donner de cette société tahitienne une image idéale, en gommant des réalités qui pourraient lui être moins favorables. Dialogue entre Orou et l’aumônier, 1ère partie, p. 153-160 53-62 Qu’apprenons-nous sur les mœurs tahitiennes ? Dans quel domaine se situent les observations rapportées par Diderot ? Nous apprenons les règles d’hospitalité l’hôte se voit offrir l’épouse et les filles de celui qui le reçoit ; l’on apprend également qu’avoir un enfant hors de tout lien de mariage, loin d’être un déshonneur, est ici une chance, et que ces enfants constituent une partie de la dot ; que le mariage en Tahiti n’est pas conclu pour une vie entière, mais se rompt dès que les époux le souhaitent ; en somme que les Tahitiens jouissent de la plus grande liberté sexuelle. L’intérêt de Diderot porte donc essentiellement sur les relations interpersonnelles et familiales. Que pouvons-nous déduire des questions et des remarques d’Orou sur la société européenne ? – notamment en matière de religion et d’institutions. On peut déduire des questions d’Orou que Tahiti ignore les prêtres, et les magistrats, et n’a qu’une idée très approximative de la notion de Dieu. Diderot imagine donc une société tahitienne très proche de ce que l’on pensait être l’état de nature » une société sans lois, sans institutions répressives, sans prêtres ni religion autre que naturelle »… Il s’agit bien entendu d’une utopie. Dialogue entre Orou et l’aumônier, 2ème partie p. 161-165 62-66 Qu’apprenons-nous sur l’organisation sociale, l’économie ? il s’agit d’une société rurale, p. 161 un agriculteur, un pêcheur, un chasseur… » de type matriarcal une femme emmène avec elle ses enfants qu’elle avait apportés en dot ». sur les relations familiales des relations assez égalitaires entre l’homme et la femme au sein du couple ; mais la femme semble avoir essentiellement pour rôle d’avoir des enfants. sur la place de l’enfant dans la société tahitienne l’enfant est au centre de la société tahitienne toujours considéré comme un bien, il n’est jamais objet d’opprobre, ni abandonné. sur les cérémonies la plus importante semble être celle qui consacre le passage de l’enfance à l’âge nubile, pour les garçons et les filles grande fête, au cours de laquelle les jeunes gens peuvent se choisir un partenaire p. 163-164 / 65-66 Tout l’intérêt de Diderot porte donc, ici encore, sur la question de la liberté sexuelle, du mariage, et des relations familiales. La description qu’il donne de la cérémonie évoque des fêtes de l’âge d’or, et une société plus mythique que réelle. Là encore, l’ethnographie contemporaine rapporte plutôt des règles de mariage extrêmement contraignantes, et des liens de parentés très compliqués dans les sociétés dites primitives, telles que les indiens du Brésil Tristes Tropiques Dialogue entre Orou et l’aumônier, 3ème partie p. 167-177 71-80 Quels sont les interdits dans la société tahitienne ? Comment s’expriment-ils ? Comment leur transgression est-elle châtiée ? La société tahitienne vous semble-t-elle répressive ? Les interdits touchent tout ce qui a trait à des relations sexuelles non fécondes avec des personnes stériles, pendant la période des règles ou durant la grossesse. Ceux qui transgressent ces interdits n’encourent pas d’autre châtiment que le blâme la société tahitienne ignore la répression ! Quels tabous sont ignorés de la société tahitienne ? Diderot vous semble-t-il approuver cette ignorance ? Les Tahitiens, selon Diderot, ignorent l’adultère puisqu’on peut rompre un mariage à volonté et l’inceste, qui ne blesse en rien la nature » – on ignorait les dangers de la consanguinité ! Aux yeux de Diderot, de tels interdits, non fondés en raison, sont absurdes. Cette description des mœurs tahitienne vous semble-t-elle relever de l’observation scientifique, ou de la fable de Tahiti » ? Cette description semble relever davantage d’une observation superficielle, et d’une utopie, que d’une observation sérieuse de la société tahitienne ; l’absence d’institutions, de religion, de tabous ne plaide pas en faveur d’une réelle observation. Mais la fonction de ce texte n’est pas de nature ethnographique il s’agit seulement de construire une utopie, dont le but est de proposer un contre-modèle de la société européenne, et de dénoncer les tares de celle-ci ; dès lors, il importe peu que l’image de la société tahitienne soit conforme à la réalité ; il suffit qu’elle ne contredise pas les observations des navigateurs, et qu’elle soit cohérente. Les philosophes ne s’intéressent pas réellement à la société qu’ils observent, moins en tous cas que Montaigne cf. le chapitre Des Cannibales » I, 31 celui-ci allait jusqu’à s’intéresser à la nourriture, aux vêtements… Rien de tel chez Diderot, ni, on le verra, chez Voltaire L’Ingénu il s’agit simplement de donner un contre-modèle de la société française, positif chez Diderot, négatif chez Voltaire. D’où le peu d’intérêt pour les objets concrets, les coutumes, les institutions chez Diderot, on pourrait croire qu’il n’y a pas de gouvernement, ni de chefs ! et l’art de ces peuples le mot n’est même pas mentionné, ni chez Voltaire, ni chez Diderot ! Le vrai Bougainville à Tahiti Biographie Né à Paris en 1729, Louis Antoine de Bougainville était un navigateur. Le 12 Octobre 1754, il est nommé secrétaire d’ambassade à Londres. Premier aide de camps de Montcalm en 1756 aux côté de qui il combattit aux plaines d’Abraham en 1759, il devint capitaine de frégate en 1753 et tenta en vain de coloniser les îles malouines1763-1765. En 1766, il partit de Brest à bord de la frégate la Boudeuse, gagna l’Amérique du sud et le détroit de Magellan, atteignit Tahiti en 1768 où il resta 10 jours. Le 15 mai 1771, il publia le récit de son voyage autour du monde qui développa le mythe du paradis polynésien . Rentré à St Malo en 1769, Bougainville, premier capitaine français à avoir effectué le tour du monde, fut promu chef d’escadre en 1779 et resta fidèle à Louis XVI lors de la révolution. Il mourut à Paris en 1811. Le Supplément au voyage de Bougainville de Diderot Le Supplément au voyage de Bougainville est le troisième texte d’une série composée par Diderot en 1772 et conçue comme un ensemble Ceci n’est pas un conte Madame de Carlière et le Supplément au voyage de Bougainville. Le Supplément se présente comme une méditation après une lecture. Le texte de Diderot apparaît comme un débat d’idées. C’est une réflexion philosophique sur les questions que Diderot se posait en ce qui concerne les lois naturelles. En mettant en scène un débat entre un sauvage et un européen, Diderot, grâce à la double énonciation, exprime ses idées philosophiques sur la société dite » civilisée . Bougainville à Tahiti Tahiti, un paradis terrestre Bougainville découvre Tahiti et ses habitants. Lorsqu’il arrive sur l’île, il la voit comme le paradis sur Terre. Cf. p235 » Je me croyais transporté dans le jardin d’Eden Il garde le souvenir d’un endroit magnifique où les gens sont gentils, accueillants. Pour lui, c’est une nouvelle définition du bonheur. La population tahitienne Un accueil animé qui surprend dans le bon sens les Européens Bougainville insiste sur la gentillesse des tahitiens. Cf. p 229 nous fûmes reçus par une foule immense d’hommes et de femmes » Il insiste beaucoup sur le fait qu’ils venaient en grand nombre pour les accueillir en utilisant les mots qui généralisent. Cf. p 231 » Le chef et tout le monde » ; » tous les hommes, toutes les femmes » ; » tous ceux Personne n’est laissé au hasard pour Bougainville, c’est une gentillesse générale. Les Tahitiens sont heureux de recevoir les Européens et ça se sent par leur hospitalité. Ils les invitent dans leur maison. 229 » Le chef de ce canton nous conduisit dans sa maison et nous y introduisit » Ils leur donnent à manger. Cf. » Le chef nous proposa ensuite de nous asseoir sur l’herbe,…où il fit apporter des fruits, du poisson grillé et de l’eau . Et surtout, ils leur offrent des jeunes filles. Cf. p 226 » ils nous pressaient de choisir une femme, de la suivre… » On peut dire que le mot clef, ici, c’est l’hospitalité. Les Européens ont été très étonnés par la beauté et la simplicité des habitants. Le naturel des habitants. Ils n’y a aucune pudeur, ils ne cachent rien. Ils ont la réputation d’être curieux. Ils ne se lassent pas de les considérer. Cf. p 227 » Ce peuple qui examinait en tumulte toutes les parties de son corps » ; » Après l’avoir bien considéré ils lui rendirent ses habits Ils ne se cachent pas de cette curiosité. Certains n’hésitaient pas à venir les toucher, écarter leur vêtements. Ils tenaient à savoir si ils étaient tous identiques à eux. Ils ne sont pas embarrassés et n’hésitent pas à s’exhiber. Cf. p 225 » La plupart de ces nymphes étaient nues, car les hommes et les vieilles, qui les accompagnaient, leur avaient ôté la pagne dont ils étaient ordinairement elles s’enveloppent . Les femmes se donnent naturellement aux hommes. Ils n’expriment aucune crainte, aucune méfiance. En effet, ils ne portent pas d’armes, sont pacifiques et n’hésitent pas à se promener seuls ou en petits groupes. » Quatre insulaires vinrent avec confiance souper et coucher à bord » » Aucun ne portaient d’armes ni même de bâton » Ils vivent simplement et dans la nature toute la journée. Ils ne travaillent pas, tout est à leur leur portée. On a vraiment une idée du paradis. Bougainville parle du caractère doux de la nation. Impression d’être dans le jardin d’Eden. Absence de méfiance et de haine. Ils vivent en groupe au quotidien, sont très unis. Ils partagent tout, ils n’y a pas de jalousie. Les hommes et les femmes sont égaux, on ne fait pas de distinctions sauf pour le vieillard. Il représente la voix de la sagesse donc il est plus considéré que les autres habitants. Ils vivent en harmonie entre eux. Bougainville a tendance, peut-être, à idéaliser toute cette réalité. cela semble trop beau pour être vrai. *Il ne semble pas régner de guerre civile par contre ils sont toujours en guerre avec les îles voisines Une nature parfaite. Les tahitiens jouissent de ce que la nature leur donne. Cf. La terre se jonchait de feuillages et de fleurs » ; » La nature berce à pleine mains » La nature offre tout donc l’homme n’a plus rien à faire. C’est la perfection absolue, Bougainville ne voit aucun inconvénient. Une fois de plus, peut-être a-t-il tendance à idéaliser cette vie. Un lieu sain. On y vit très longtemps, on ne travaille pas ou très peu et on a tout ce que l’on veut. C’est comme si la vieillesse n’existait pas. Par exemple, le vieillard n’a de signe de vieillesse que sa couleur de cheveux et pas d’autres marques de décrépitude. Contrairement à ce qui se passe en Europe, la vieillesse ne laisse pas de trace à Tahiti. Les personnages communs à Diderot et Bougainville. Aotourou est le tahitien qui est allé en Europe avec Bougainville. Chez Diderot, B dit à A que Aotourou s’ennuyait avec les Européens. Cf. p 36 » Il s’ennuyait parmi nous » Alors que Bougainville, lui, dit expressément le contraire. Cf. p 263 » Il y est resté onze mois, pendant lesquels il n’a témoigné aucun ennui » Cf. p 264-265 » Le seul de nos spectacles qui lui plût était l’opéra ;car il aimait passionnément la danse . Donc le personnage est le même chez les deux auteurs mais Bougainville et Diderot diffèrent sur Aotourou et sur son séjour en Europe. Le vieillard est le père du chef Ereti celui qui accueille Bougainville. Les deux auteurs sont d’accord sur le physique et le comportement du vieillard face aux étrangers. Mais chez Bougainville, le vieillard n’apparaît qu’à l’arrivée des Européens. Jamais il ne fait ses adieux comme chez Diderot. Diderot fait dialoguer et débattre un sauvage, Orou, et le représentant de la pensée européenne l’aumônier. Cependant, à la différence du texte original, le débat ne porte que sur un thème la morale sexuelle. Bibliographie Montaigne Des Cannibales Essais I, 31 Louis-Antoine de Bougainville Voyage autour du monde éditions Pockett lire en particulier la seconde partie, chapitres II et II séjour à Tahiti Jean-Claude Carrière La Controverse de Valladolid Vivant Denon Point de lendemain édition Librio Diderot La Religieuse Diderot Les Bijoux indiscrets Laclos Les Liaisons dangereuses Claude Lévi-Strauss Tristes Tropiques lire en particulier les parties six, sept et huit, consacrées aux Indiens Bororo, Nambikwara et Tupi-Kawahib. Rousseau Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les Hommes Jean-Christophe Ruffin Rouge Brésil, Gallimard, 2001. Voltaire L’Ingénu
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°Supplément au voyage Bougainville ou dialogue entre A et B sur linconvénient dattacher des idées morales à certaines actions physiques qui nen comportent pas. Denis Diderot, 5 Octobre 1713 à Langres - 31 Juillet 1784 Paris Date de rédaction 1772 Date de parution1796 Édition utilisée Le Livre de Poche °Il y a différents modes de narration dans ce récit, avec un mise en abîmes. En effet ce dialogue entre A et B est présenté par un narrateur extérieur au récit et sans identité connue. Un discours direct est employé dans le cadre dun point de vue externe. Mais lun des deux protagonistes du dialogue mène en parallèle de son débat, une lecture portée sur un autre récit. Celui-ci est rédigé avec un point de vue omniscient et un narrateur présent dans le récit. Son identité peut varier en fonction du passage. °Le lieu du dialogue initial reste inconnu, il fait sombre et un épais brouillard occupe lesprit de A et B. Par déduction, laction se passe en Europe et même en France, patrie de Bougainville qui débat sur son périple. Quant au second récit, il se déroule dans lîle fictive dOtaïti ou les marins et Bougainville ont accostés. Un village, des cases» et un paysage vallonné et verdoyant sont évoqués. °Le dialogue de A et B se situe au retour de Bougainville en France, après la publication du récit de son voyage. Un repère historique précis nest donc pas mentionné mais en se référant au tour du monde du navigateur, il est possible de placé laction après cette publication et donc à partir de 1771. La durée totale du dialogue entre A et B est de moins dune journée, une conversation ne pouvant pas durer plus longtemps. Mais il est tout de même question de quelques heures, puisque des changements météorologiques soppèrent. °Très peu dinformations sont données sur A et B, si ce nest que ces deux personnages sont érudits et débattent aisément sur un compte rendu de tour du monde. Leur portrait séclipse au profit du débat. Ainsi leur situation sociale et leur âge ne sont pas évoqués mais les personnages du compte rendu ont une identité plus développée. Le vieillard, est lhabitant le plus âgé et le plus sage dOtaïti. Il occupe un rôle important, en faisant rééchir tout Otaïti et les colons sur la légitimité de leurs actes. Orou est un autre habitant de lîle, il offre tout ce quil peut à un aumônier pour quil se sente bien accueilli. Il a trois filles et parlera longuement avec laumônier. Laumonier est un jeune homme récemment devenu membre du clergé. Il est tiraillé entre les coutumes otaïtiennes et, sa religion, son état, les bonnes moeurs et son honnêteté ». °Le récit débutent au dialogue entre A et B, in medias res ». Après un échange de quelques commodités ils décident de débattre sur le voyage de Bougainville, en en lisant le compte rendu. Les actions qui suivent sont le départ depuis Otaïti de Bougainville et le discours du vieillard. Le séjour de laumônier chez Orou est en suite évoqué. Il y passe plusieurs journées et plusieurs nuits en compagnie de ses filles. Puis le dialogue entre A et B reprend. Dans ce récit, les dialogues et les discours sont constamment philosophiques et axés sur la différence des points de vues. °Le livre est divisé en cinq chapitres de longueur équivalentes. Un changement de chapitre annonce un changement de lieu et de personnages sauf pour le chapitre quatre qui est la suite dun entretien. °Les principaux thèmes abordés sont la colonisationavec lavis de B, du vieillard et des colonisateurs;les différences de culturesavec la confrontation des deux peuples;les lois religieusesvues par laumônier ou par Orou etles lois civilescomme pour Polly Baker;léloge de la vie sauvagepar Orou et le vieillard qui démontrent la superficialité des lumières européennes » etla liberté sexuelledont le peuple Otaïtien fait preuve. Diderot, au travers de ces personnages, cherche à exprimer ces pensées. Une prise de position est donc perceptible. L'auteur est convaincu que la vie sauvage a plus d'avantages que la vie civilisée et que la morale générale des habitants d'Otaïti surpasse les lois et est suffisante pour maintenir l'ordre dans cette société. Mais Diderot est contradictoire, il défend des points de vues opposés d'une œuvre à lautre. °Ce roman étant un conte philosophique, il inspire la réexion. Les sujets soulevés peuvent être La vie sauvage est elle meilleure que la vie civilisée? et les lois religieuses et civiles ont-elles lieu d'être? En effet ce roman fait une éloge de la vie sauvage, à sa simplicité, et va même plus loin en blâmant la vie civilisée. A et B pensent que la société a tout dénaturé en instaurant des règles qui ne servent que le souverain, et une hiérarchie qui a créé la concurrence. Faut il civiliser l'homme ou l'abandonner à son instinct?» B y répond que l'état de nature séduit l'homme civilisé mais la civilisation ne séduit pas l'homme sauvage et c'est exactemant la constatation que l'on peut faire après l'arrivée de Bougainville en Otaïti. Ceci est illustré par l'exemple d'Aoutourou. Un portrait mélioratif de l'homme naturel est fait. Quant aux lois, A et B, lors de leur débat, viennent à dire que celui qui de son autorité privée enfreint une loi mauvaise, autorise tout autre à enfreindre les bonnes». Les Otaïtiens cherchent à savoir si une loi est juste en se ramenant à la nature la coquetterie n'est pas naturelle, une loi interdisant la coquetterie est donc logique! L'aumônier explique à Orou les fondements de sa religion, et Orou en fait une analyse pointue pour arriver à la conclusion que ces règles ne sont pas justes. Elles créent la jalousie, la suspicion, l'accusation et l'envie. Ce n'est pas dans la nature. Les Otaïtiens, eux, ont pour seule constitution la loi de la nature et B fait remarquer qu'ils ont une meilleure législation que n'importe quel peuple civilisé. °La particularité de cette œuvre est que c'est un dialogue. Ce dialogue est le fil directeur du récit et permet une réflexion philosophique. Le fait dutiliser un dialogue est intéressant puisque cest lauteur lui même qui donne les deux répliques, les deux points de vue et la contradiction. Diderot est donc réellement en train de peser le pour et le contre. Ainsi, les qualités de l'auteur qui se manifestent ici sont sa philosophie des lumière et sa manière d'amener à la réflexion. Diderot a ici employé une tonalité polémique, critique, et parfois comique comme avec la phrase d'Orou au sujet de Dieu vieil ouvrier qui a tout fait sans tête, sans mains, et sans outils, qui est partout et qu'on ne voit nulle part, qui dure aujourd'hui et demain, il commande et il n'est pas obéi ; il peut empêcher et il n'empêche pas » Différents procédés d'écriture sont employés, principalement au sujet des Otaïtiens. Il y a donc une apposition dans la phrase lOtaïtien, est ton frère » ou un chiasme dans la construction des pronomsqueldroit as-tusurluiquil nait pas surtoi?» Une analogie est également présente, toujours au sujet d'Otaïti Si un Otaïtien débarquait un jour sur vos côtes, et quil gravât sur une de vos pierres ou sur lécorce dun de vos arbres Ce pays appartient aux habitants d'Otaïti, quen penserais-tu ?» F1oVE. 383 2 27 361 187 346 377 232 184