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Alzheimerjusqu'au bout la vie . Editeur : La maison Carpe Diem, au Québec, à Trois-RiviÚres, accueille des patients atteints de la maladie d'Alzheimer. La philosophie des lieux, élaborée année aprÚs année par Nicole Poirier, la directrice, et toute son équipe, repose sur l'idée principale de "bùtir chaque jour une belle journée". En France, on s'intéresse de plus en plus à

Skip to content Marianne COUDROY, FOF Bretagne FenĂȘtre sur les rĂ©gions Notre syndicat conviait fin janvier, les orthophonistes d’Ille-et-Vilaine Ă  la projection du documentaire Alzheimer, jusqu’au bout la vie de Laurence Serfaty. Échanger, nous questionner Ă  propos de l’accompagnement et du soin aux personnes atteintes de maladies neurodĂ©gĂ©nĂ©ratives, pour que la personne ne disparaisse pas derriĂšre la maladie, ni l’orthophoniste derriĂšre l’évaluation de compĂ©tences cognitives », disait notre invitation. Bulletin 130 mars 2016 bulletin_130_alzheimer_jusqu_au_bout_de_la_vie Navigation de l’article
SANTÉ- Au cƓur de la maladie d'Alzheimer, sur le long chemin des rencontres partagĂ©es avec le malade, ses proches et les soignants, au delĂ  des questionnements, des inquiĂ©tudes, des conflits

La maladie d’Alzheimer, cette dĂ©mence neurodĂ©gĂ©nĂ©rative qui affecte la mĂ©moire est malheureusement bien connue du grand public. Au Canada, plus d’ un demi-million de personnes vivent avec cette dĂ©mence, et on prĂ©voit que ce nombre doublera d’ici les dix prochaines annĂ©es, notamment en raison du vieillissement de la millions de personnes vivent avec une maladie d'Alzheimer dans le monde. Il y aura millions de malades en 2030 et 115,4 millions en 2050 prospective World Alzheimer Report 2010 © Lamiot / Wikipedia CC BY-SA maladie d’Alzheimer est redoutĂ©e on l’accuse – parfois Ă  la blague – lorsqu’on oublie d’acheter un article Ă  l’épicerie, on s’en inquiĂšte lorsqu’on ne trouve plus le nom de l’acteur d’un film, on la reconnaĂźt en voyant une personne ĂągĂ©e dĂ©sorientĂ©e. Cependant, est-ce que l’on connaĂźt vraiment les comportements qui permettent de diagnostiquer la maladie d’Alzheimer ? Je termine ma deuxiĂšme annĂ©e de doctorat en neuropsychologie clinique Ă  l’UniversitĂ© de MontrĂ©al, au Laboratoire de Neuropsychologie du vieillissement du Centre de recherche de l’Institut universitaire de gĂ©riatrie de MontrĂ©al CRIUGM. J'Ă©tudie cette question et la rĂ©ponse n’est pas si sait Ă©videmment que la maladie d’Alzheimer affecte la mĂ©moire. Sauf que, Ă  tort, on imagine souvent la mĂ©moire comme un grand tout, la considĂ©rant comme un mĂȘme panier oĂč s’entassent tous nos souvenirs. Il est donc d’abord important de comprendre qu’il y a diffĂ©rents types de mĂ©moire, et jusqu’à quel point ils sont affectĂ©s dans la maladie d’ mĂ©moire Ă©pisodiqueIl y a plusieurs types de souvenirs. La premiĂšre catĂ©gorie comprend les souvenirs personnels des Ă©vĂšnements que nous avons vĂ©cus depuis le dĂ©but de notre vie. Un peu comme un album de photos, la mĂ©moire Ă©pisodique regroupe les souvenirs de notre enfance, de notre premier dĂ©mĂ©nagement, de notre plus beau voyage, mais aussi de notre week-end dernier et de ce que l’on a mangĂ© pour dĂ©jeuner ce sont les souvenirs qui, pour ĂȘtre rappelĂ©s Ă  la surface, nĂ©cessitent que l’on fasse une sorte de voyage mental » dans le temps pour se replacer dans le contexte de l’évĂšnement vĂ©cu c’était quand ? oĂč Ă©tions-nous ? avec qui ?.La mĂ©moire sĂ©mantiqueAu contraire de la mĂ©moire Ă©pisodique, la mĂ©moire sĂ©mantique regroupe les souvenirs qui n’ont pas besoin d’ĂȘtre rĂ©activĂ©s en se replaçant dans le contexte. On parle ici des connaissances gĂ©nĂ©rales sur le monde extĂ©rieur, qui ne sont pas liĂ©es Ă  un endroit ou Ă  un moment exemple, si nous nous demandons quel animal possĂšde une carapace, ou encore qui Ă©tait le mari de CĂ©line Dion, nous n’avons pas besoin de rĂ©flĂ©chir Ă  un moment prĂ©cis de notre vie pour trouver la rĂ©ponse. Nous ne nous rappelons pas spĂ©cifiquement du contexte dans lequel nous avons appris cela, mais ces connaissances gĂ©nĂ©rales sont ancrĂ©es dans notre et symptĂŽmes de la maladie d'Alzheimer © rĂ©gions distinctes du cerveauÉvidemment, ces deux types de mĂ©moire sont Ă©troitement liĂ©s dans notre quotidien. Nous utilisons constamment nos souvenirs Ă©pisodiques et sĂ©mantiques pour fonctionner, et, en mĂȘme temps, nous encodons continuellement de nouveaux souvenirs Ă©pisodiques et le fait qu’ils soient liĂ©s, ces deux types de mĂ©moire sont nĂ©anmoins sous-tendus par des rĂ©gions partiellement distinctes dans le cerveau. La fabrication des souvenirs d’évĂšnements vĂ©cus liĂ©s Ă  la mĂ©moire Ă©pisodique implique les hippocampes, des structures du lobe temporal interne, situĂ© au milieu du cerveau, ainsi que le lobe frontal qui sert mettre mettre tout cela en souvenirs de connaissances gĂ©nĂ©rales liĂ©s Ă  la mĂ©moire sĂ©mantique, quant Ă  eux, impliquent davantage le fonctionnement des rĂ©gions parahippocampiques, c’est-Ă -dire les structures situĂ©es juste autour des hippocampes et la partie antĂ©rieure des lobes temporaux pĂŽles temporaux.L’hippocampe sous-tend la mĂ©moire Ă©pisodique, alors que les rĂ©gions parahippocampiques, comme le cortex pĂ©rirhinal ici en vert, sous-tendent la mĂ©moire sĂ©mantique © alors, entre oublier le film regardĂ© la veille ou mĂ©langer les noms de chanteurs, qu’est-ce qui est le plus inquiĂ©tant ?Typiquement, la maladie d’Alzheimer est associĂ©e Ă  un dĂ©clin de la mĂ©moire Ă©pisodique. Les patients vont se plaindre de ne plus se rappeler des Ă©vĂšnements qu’ils ont vĂ©cus, des conversations qu’ils ont eues, des choses qu’ils ont faites. C’est ce type de mĂ©moire qui est le plus souvent testĂ© en neuropsychologie lors de l’évaluation de la dĂ©mence, et c’est aussi ce type de mĂ©moire qui est Ă©tudiĂ© dans la grande majoritĂ© des recherches portant sur la maladie d’ un nouveau paradigme est en train d’émerger en recherche clinique, particuliĂšrement au laboratoire oĂč nous menons nos rĂ©centes Ă©tudes dĂ©montrent qu’en fait, ce serait la mĂ©moire sĂ©mantique qui serait atteinte en premier dans l’évolution de la maladie d’Alzheimer. On constate qu’avant mĂȘme d’oublier leurs souvenirs d’évĂšnements vĂ©cus, les patients montrent un dĂ©clin graduel de leurs connaissances tests peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour Ă©valuer les fonctions cognitives, dont la reconnaissance des liens entre diffĂ©rents objets © Shutterstock via The ConversationPar exemple, ils ont plus de difficultĂ©s que les personnes ĂągĂ©es en santĂ© Ă  nommer des cĂ©lĂ©britĂ©s, comme Albert Einstein, ou des logos trĂšs connus comme celui de Pepsi ou de Desjardins. Ils ont aussi du mal Ă  rĂ©pondre Ă  des questions sur la biographie de ces cĂ©lĂ©britĂ©s par exemple, si Maurice Richard Ă©tait, oui ou non, un chanteur, Ă  rĂ©pondre Ă  des questions prĂ©cises sur des objets ou des animaux est-ce que l’autruche court, vole ou nage ? ou Ă  reconnaĂźtre des objets comme un harmonica, un hĂ©licoptĂšre ou un igloo d’aprĂšs un symptĂŽmes 12 ans avantSelon une Ă©tude ayant Ă©valuĂ© plusieurs centaines de personnes ĂągĂ©es sur diffĂ©rentes fonctions cognitives, les individus qui vont dĂ©velopper une maladie d’Alzheimer commenceraient Ă  avoir des dĂ©ficits en mĂ©moire sĂ©mantique jusqu’à 12 ans avant de recevoir le diagnostic de dĂ©mence. Les difficultĂ©s de mĂ©moire sĂ©mantique surviennent donc avant l’oubli des Ă©vĂšnements vĂ©cus, la dĂ©sorientation spatio-temporelle, la perte d’effets personnels ou les difficultĂ©s de la dĂ©ficits sont toutefois rarement rapportĂ©s par les patients lorsqu’ils se plaignent de leur mĂ©moire, car ils trouvent gĂ©nĂ©ralement le moyen de compenser ces difficultĂ©s dans leur vie quotidienne. Ils vont utiliser des mots-valises, comme chose » ou truc » pour dĂ©crire des concepts qu’ils ne peuvent plus nommer. Cela explique notamment pourquoi la mĂ©moire sĂ©mantique a Ă©tĂ© peu Ă©tudiĂ©e en lien avec la maladie d’ maladie d'Alzheimer infographie © Institut Pasteur de LilleSurtout, ne pas s’alarmerIl est frĂ©quent qu’en vieillissant, on s’inquiĂšte de sa mĂ©moire et on redoute la maladie d’Alzheimer. C’est tout Ă  fait normal. En neuropsychologie clinique, on constate mĂȘme que beaucoup de personnes ĂągĂ©es se plaignent de leur mĂ©moire, mĂȘme celles qui n’ont finalement aucune difficultĂ© ! Il ne faut donc pas s’alarmer au moindre oubli, car les plaintes subjectives ne sont pas nĂ©cessairement liĂ©es Ă  de rĂ©els dĂ©ficits. Ces plaintes peuvent par exemple ĂȘtre associĂ©es Ă  la prĂ©sence de symptĂŽmes anxieux ou dĂ©pressifs ou Ă  un sentiment de tout, connaĂźtre les premiers signes de la maladie d’Alzheimer nous permet d’ĂȘtre Ă  l’affĂ»t des premiĂšres manifestations chez nous-mĂȘmes et nos proches. Lorsqu’on constate qu’on a de plus en plus souvent les mots sur le bout de la langue », qu’on ne peut plus raconter des histoires aussi prĂ©cisĂ©ment qu’avant ou que l’on a de la difficultĂ© Ă  nommer ou Ă  utiliser certains objets du quotidien – et que cela nous inquiĂšte ou inquiĂšte nos proches – il peut ĂȘtre pertinent de planifier une visite chez le mĂ©decin ou le certaines actions peuvent ĂȘtre prises pour favoriser notre santĂ© cognitive. D’abord, la stimulation intellectuelle est importante lire des livres, faire des sudokus, des mots croisĂ©s ou des casse-tĂȘte, jouer Ă  des jeux de sociĂ©tĂ© et faire des activitĂ©s sociales sont des exemples d’activitĂ©s qui peuvent amĂ©liorer notre rĂ©sistance Ă  dĂ©velopper des troubles cognitifs. Aussi, l’hygiĂšne de vie compte pour beaucoup. Faire de l’activitĂ© physique rĂ©guliĂšrement, avoir une bonne alimentation et maintenir de bonnes habitudes de sommeil est aussi bĂ©nĂ©fique pour la santĂ© physique que analyse a Ă©tĂ© rĂ©digĂ©e par Émilie Delage, doctorante en neuropsychologie Ă  l'UniversitĂ© de MontrĂ©al, Isabelle Rouleau, professeure titulaire du DĂ©partement de psychologie - section Neuropsychologie - Ă  l'UniversitĂ© du QuĂ©bec MontrĂ©al et Sven Joubert, professeur titulaire de Neuropsychologie du vieillissement Ă  l'UniversitĂ© de original a Ă©tĂ© publiĂ© sur le site de The Conversation. - © The Conversation

PierreMaisonneuve en discute avec Nicole Poirier, directrice de la Maison Carpe Diem, à Trois-RiviÚres, avec Laurence Serfaty, réalisatrice du documentaire Alzheimer, jusqu'au bout de la vie
Le film documentaire avec approche scientifique Et au bout
la VIE ! » met en avant les bienfaits de l’art-thĂ©rapie intervention paramĂ©dicale auprĂšs des personnes ĂągĂ©es en maison de retraite ou auprĂšs de particuliers, qui prĂ©sentent la maladie de type Alzheimer. Le film a Ă©tĂ© tournĂ© pendant des interventions en ateliers d’art-thĂ©rapie avec l’accord des personnes concernĂ©es et/ou avec l’accord de leurs familles. Le message tout au long du film est celui d’une approche humaniste vis-Ă -vis de celui qui se trouve dĂ©muni face Ă  la maladie de type Alzheimer et peut encore vivre des moments sublimes jusqu’au bout ! Un message d’espoir, un message d’Amour, un message de VIE ! On estime que plus de 850 000 personnes sont atteintes de dĂ©mences type Alzheimer. En France, et quasiment partout dans le monde, elle concerne 6 % des personnes ĂągĂ©es de plus de 65 ans. Chaque annĂ©e prĂšs de 200 000 nouveaux cas sont diagnostiquĂ©s. D’ici 2020, le nombre de personnes atteintes de cette maladie devrait dĂ©passer un million et deux millions en 2040. La frĂ©quence de la maladie et le vieillissement progressif de la population font en effet de la maladie d’Alzheimer une vĂ©ritable Ă©pidĂ©mie dont le poids socio-Ă©conomique ne cesse de croĂźtre au cours des annĂ©es. Ce film montre les bienfaits d’une approche non mĂ©dicamenteuse qui est l’art-thĂ©rapie atelier de musique, atelier de peinture sur les maladies neurodĂ©gĂ©nĂ©ratives. On y dĂ©couvre le concept de plasticitĂ© neuronale qui nous apprend que contrairement Ă  la croyance populaire, nous continuons Ă  dĂ©velopper des neurones et donc des capacitĂ©s cognitives tout au long de notre vie, mĂȘme dans le grand Ăąge. L’humain reste une entitĂ©, une personne Ă  part entiĂšre malgrĂ© une maladie. Le film transmet un message Ă©mouvant
, un message d’AMOUR, un message de VIE. Il dĂ©dramatise la maladie d’Alzheimer, vue et vĂ©cue aussi bien de l’intĂ©rieur d’une rĂ©sidence mĂ©dicalisĂ©e pour personnes ĂągĂ©es, de type EHPAD, mais aussi en dehors d’un cadre institutionnel, lors d’un vernissage oĂč les toiles rĂ©alisĂ©es pendant l’atelier sont exposĂ©es au grand public. Ainsi leur talent est mis en lumiĂšre. Le vernissage hors de la structure est vecteur de lien avec le monde extĂ©rieur, lien primordial qui garantit la continuitĂ© de la socialisation. Des intervenants gĂ©rontopsychiatre, psychologue, neuropsychologue et art-thĂ©rapeute apportent leur point de vue de spĂ©cialistes dans le film et donnent un nouvel Ă©clairage en expliquant les fondements de ces nouvelles thĂ©rapies. La durĂ©e du film est de 60 minutes. La sortie du film est prĂ©vue pour l’automne 2013. Le film est dĂ©jĂ  inscrit dans 2 festivals nationaux du film documentaire, il participera Ă©galement Ă  des festivals internationaux du film documentaire et/ou scientifique. Vous serez informĂ©s de la sortie du film en salles de cinĂ©mas et de la participation du film Ă  des festivals prestigieux, nationaux et internationaux du film documentaire ! A qui s’adresse le film ? Aux Maisons de Retraite, Ă  des hĂŽpitaux spĂ©cialisĂ©s en gĂ©rontologie, au monde mĂ©dical ou para – mĂ©dical mĂ©decins, psychologues, art-thĂ©rapeutes etc
, au monde associatif, aux familles de personnes qui prĂ©sentent la maladie de type Alzheimer, Ă  tout public sensibilisĂ© Ă  la maladie de type Alzheimer, Ă  tout public dĂ©sireux de dĂ©couvrir et de mieux comprendre cette maladie.
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DĂ©tailsde : Alzheimer, jusqu'au bout la vie Vue normale Vue MARC vue ISBD Alzheimer, jusqu'au bout la vie [Images animĂ©es] / Laurence Serfaty, rĂ©al., aut. PubliĂ© le 6 avr. 2022 Ă  1856Mis Ă  jour le 7 avr. 2022 Ă  713Mettre au point le premier traitement au monde contre la maladie d'Alzheimer, trĂšs courante mais aujourd'hui incurable, telle est l'ambition de la biotech anglaise Neuro-Bio, issue de l'universitĂ© d'Oxford. C'est dans ce but qu'elle a Ă©tĂ© créée en 2013, et ce n'est plus tout Ă  fait un rĂȘve pour cette start-up de huit des tests in vitro, puis ex vivo sur des cerveaux humains post mortem, les tests in vivo sur animaux vivants du traitement dĂ©veloppĂ© par Neuro-Bio ont donnĂ© des rĂ©sultats probants, qui ont Ă©tĂ© publiĂ©s mercredi. Accompagnerla vie, jusqu'au bout QUE SONT-ILS DEVENUS ? Marcel ManoĂ«l posait la premiĂšre pierre d'une maison de retraite destinĂ©e aux malades d'Alzheimer, prĂšs d'UzĂšs, dans le Gard.

1 La dĂ©mence » signifie, perte de sens, folie. D’une maladie du grand Ăąge on bascule dans l’aliĂ©nation et le gĂątisme, on devient un fardeau humain, psychologique, social. Mais quand on se dĂ©centre pour redonner du sens Ă  ce non-sens, celui qui crie sa fragilitĂ© et sa perte d’autonomie s’avĂšre encore avoir des choses Ă  dire et qui mĂ©ritent bien d’ĂȘtre entendues. L’éthique ne viendra pas ici d’un discours thĂ©orique prĂ©alable mais Ă©mergera de la confrontation Ă  des situations concrĂštes sur le terrain et proviendra des patients, des soignants eux-mĂȘmes. L’éthique, n’est-ce pas donner du temps Ă  l’autre, donner aux patients ou rĂ©sidents du temps pour encore ĂȘtre au monde ? L’ENTRÉE DANS LA MALADIE ET EN INSTITUTION LE TEMPS ET LES MOTS POUR LE DIRE TOUT SAUF ALZHEIMER 2 L’idĂ©e que l’on se fait de la maladie d’Alzheimer est qu’elle va modifier celui qui en est atteint, altĂ©rant sa mĂ©moire, sa pensĂ©e, distordant l’évidence des mots, la reconnaissance d’un visage, la comprĂ©hension des Ă©motions. Plus rien ne viendra plus faire sens, dans ses regards vides oĂč mĂȘme la douleur morale ne se lira plus. Le jeunisme actuel renvoie Alzheimer Ă  une pathologie de vieux dĂ©ments ». AssociĂ©e Ă  la vieillesse, elle l’est aussi Ă  la dĂ©chĂ©ance, la mort de l’esprit avant la mort du corps, une mort dans la vie » Maisondieu, 2011350, une mort sans cadavre », plongeant les aidants dans un deuil blanc ». Le malade est souvent identifiĂ© Ă  sa maladie dont les reprĂ©sentations sociales font si peur que la fille d’une de mes patientes disait fiĂšrement Ă  une autre fille de parent atteint de cette maladie, Ă©plorĂ©e dans lasalle d’attente vous c’est Alzheimer ? Ah non, moi c’est pas Alzheimer, heureusement, c’est une dĂ©mence sĂ©nile ». Le nom Alzheimer provoque davantage de peur qu’un terme scientifique dĂ©crivant ses symptĂŽmes tout sauf Alzheimer ! TOUT SAUF L’INTERNEMENT EN INSTITUTION 3 Le dĂ©sir est l’effort de rĂ©duction d’une tension issue d’un sentiment de manque. Or les personnes atteintes par la maladie ne dĂ©sirent rien d’autre que de rester chez elles, elles ne sont pas en manque d’Ehpad Établissements d’hĂ©bergement pour personnes ĂągĂ©es dĂ©pendantes. Ces derniers ne font jamais rĂȘver les personnes qu’on souhaiterait y placer ». Peut-on dĂ©sirer entrer en Ehpad ? Seules 5 % des personnes ĂągĂ©es le souhaitent le plus souvent pour rompre leur isolement affectif et social. Le dĂ©sir vient-il alors des proches ? Peut-on dĂ©sirer pour autrui une entrĂ©e en Ehpad ? Ce sera pour les familles la derniĂšre solution envisagĂ©e. Il y a d’abord un dĂ©sir pour le maintien » au domicile et puis aprĂšs peut-ĂȘtre un dĂ©sir pour un placement ». 4 Ces deux mots de maintien » et de placement » Ă©voquent les notions de contrainte, de contention, ou de chosification. On trouve une place Ă  un objet, on place de l’argent, ou quand il s’agit de personnes on l’emploie quand on agit, du fait de leur vulnĂ©rabilitĂ© ou de leur incapacitĂ© juridique Ă  tenir Ă  leur place. On trouve une place en crĂšche pour un bĂ©bĂ©, Ă  un chien dans un chenil, Ă  l’Esat Établissement ou service d’aide par le travail [1] pour un handicapĂ©, en Ehpad pour une malade d’Alzheimer
 5 Qu’en est-il de cette contrainte ? Est-il facile, agrĂ©able dans une relation soignante et accompagnante de contraindre Ă  des choix de lieu de vie qui touchent Ă  l’intime ? Une contrainte est une rĂšgle obligatoire qui rĂ©duit la libertĂ© d’action. Elle peut ĂȘtre exercĂ©e de façon physique ou morale, d’ailleurs, le terme stress qui dĂ©signe en français dans le langage courant une tension nerveuse », une inquiĂ©tude » signifie contrainte » en anglais. 6 Mais la contrainte peut ĂȘtre aussi un moyen d’assurer la sĂ©curitĂ©, en empĂȘchant un mouvement d’un membre lĂ©sĂ© ou une personne dangereuse d’agir. Doit-on laisser un membre de sa famille rester chez soi, faute de mieux, par manque d’argent, devant un refus des aides ? Ou bien la famille, l’hĂŽpital peuvent-ils contraindre la personne Alzheimer qui, la plupart du temps ne se reconnaĂźt pas malade ou dĂ©pendante, Ă  rentrer en institution ? 7 On le voit, toutes ces situations, dans le maintien au domicile ou le placement, sont faites de tensions. Rien n’est simple. Entre dĂ©sir et contrainte, entre fermetĂ© de la main qui maintient et main tendue vers l’autre par souci de le protĂ©ger. Quand on est dans l’impasse je ne peux te maintenir chez toi, mais je ne peux me rĂ©soudre Ă  te placer », la vigilance Ă©thique nous propose cet accompagnement, pour un possible consentir prĂ©alable, nĂ©cessaire Ă  toute relation, du maintien au domicile jusqu’à l’entrĂ©e en Ehpad. Va ici apparaĂźtre un balancement entre refus et acquiescement, clair-obscur du consentement qui peut Ă©merger parfois Ă  la suite de ruse, d’omission ou de contrainte. 8 Quel prix payer en termes financier, psychologique, sociĂ©tal, par rapport Ă  la santĂ© de l’aidant, de la famille pour maintenir chez elle une personne ĂągĂ©e atteinte de maladie d’Alzheimer Ă©voluĂ©e dont les troubles du comportement sont autant de risques pour elle-mĂȘme et pour les autres ? Les interrogations Ă©thiques sont lĂ©gions oĂč est le principe de justice et d’équitĂ© ? Est-il lĂ©gitime que sous la double contrainte de la T2A Tarification Ă  l’activitĂ© et de la DMS DurĂ©e moyenne de sĂ©jour des hĂŽpitaux on » place une personne sans dĂ©libĂ©ration au nom du risque zĂ©ro, de la bienfaisance, faute de mieux sans le nĂ©cessaire travail de maillage entre les diffĂ©rents intervenants au domicile, des aidants, de l’institution choisie [2] ? LE TEMPS DE L’ANNONCE LES MOTS POUR LE DIRE DANSER UN PAS DE DEUX 9 La maladie et l’état de vulnĂ©rabilitĂ© consĂ©cutif sont dĂ©jĂ  une effraction en soi, souvent vĂ©cus comme une rupture dans le processus de vie d’une personne. Face Ă  un individu dĂ©stabilisĂ© par la perte progressive de ses capacitĂ©s adaptatives, d’élaboration, de mĂ©tabolisation, de symbolisation, comment informer sans forcer, sans traumatiser ? L’information donnĂ©e sur le fait d’ĂȘtre atteint de la maladie d’Alzheimer peut ĂȘtre dĂ©stabilisante et constituer une nouvelle effraction ; alors qu’il s’agit d’informer pour Ă©clairer la personne sur une situation qu’elle traverse, souvent sans la comprendre et sans savoir comment y faire face. De la brĂšche Ă  l’invasion dĂ©bordante, lorsque la psychĂ© est poreuse, dĂ©sintĂ©grĂ©e, dĂ©liĂ©e, comment pouvons-nous faire pour dire sans blesser sans ajouter de la souffrance au malheur ? Il nous faut trouver les mots justes, utiliser des reprĂ©sentations comprĂ©hensibles mais chaque rencontre Ă  l’autre est une affaire de singularitĂ©, il ne saurait y avoir de phrase type, de protocole, de mot clef. 10 Aux stades plus Ă©voluĂ©s, le patient ĂągĂ© Alzheimer nous oblige Ă  entrer en contact physique avec lui par une position basse, il faut s’accroupir, se mettre Ă  hauteur de ses yeux, de son regard qu’il faut capter, de son bras qu’il faut toucher. Il faut des mots simples et les dire suffisamment fort. Il faut reformuler, rĂ©pĂ©ter, en s’appuyant sur un registre verbal et non verbal. Il faut revalider les rĂ©actions et les Ă©motions perçues, accepter le refus, diffĂ©rer et revenir, proposer une solution alternative, temporaire, de jour, de renforcement des aides, de retour au domicile, d’ambivalence, de part de risques partagĂ©s, accepter de danser avec lui ce pas-de-deux. DES TEMPORALITÉS DIFFÉRENTES 11 Tout placement » en urgence sera mal vĂ©cu et vouĂ© Ă  l’échec. La place est Ă  l’anticipation dans un projet partagĂ© par tous les acteurs travaillant au maintien au domicile, les Ă©quipes soignantes et la famille. Il faut pouvoir procĂ©der Ă  un travail dans le temps. Mais la temporalitĂ© n’est pas la mĂȘme pour les familles qui se projettent difficilement dans un univers redoutĂ© pour elles-mĂȘmes, vivant parfois un conflit de loyautĂ© j’ai promis Ă  maman de ne jamais la placer » ou un conflit d’intĂ©rĂȘt entre les enfants ceux qui peuvent payer et ne le veulent pas et ceux qui consacrent et sacrifient leur vie Ă  un maintien au domicile impossible faute de pouvoir payer une maison de retraite Ă  la hauteur de leurs capacitĂ©s financiĂšres. Et qu’en est-il des patients hospitalisĂ©s au dĂ©cours d’une chute, d’une dĂ©compensation physique ou confusionnelle et qui stabilisĂ©s, sont en attente longue et angoissante de placement, faute de famille, faute de place, faute d’argent. Alors il faut attendre l’aide sociale, la mesure de protection. Ils sont en stand-by, en dĂ©shĂ©rence, en dĂ©sespĂ©rance et leur Ă©volution dĂ©mentielle flambe. AMBIVALENCE DEVANT L’INSTITUTIONNALISATION UN SANS CHOIX POUR UN CHEZ SOI ? 12 Comment faire pour accompagner, informer et annoncer que le retour au domicile ne sera plus possible et qu’une entrĂ©e en maison de retraite est prĂ©vue. La personne ĂągĂ©e rĂ©pond au Bonjour madame, je viens vous annoncer que demain vous partez en maison de retraite » bon voyage ma fille et surtout n’oublie pas ta valise ! ». Comment dire et faire comprendre Ă  une personne ce qu’elle ne veut pas entendre ? Lisette, petite femme trĂšs ĂągĂ©e 98 ans et dĂ©mente MMSE 16/30, NSC 4/7 [3], fragile physiquement sortant de plusieurs opĂ©rations pour fractures et hernie, qui a tant bataillĂ© pendant des mois contre les aides Ă  domicile, contre l’idĂ©e mĂȘme d’une institution. Alors que ses enfants lui prĂ©sentaient une Ă©ventuelle future chambre dans une Ă©niĂšme maison de retraite, elle dira oui, celle-lĂ  je la reconnais c’est la mienne, c’est moi qui ai tirĂ© les rideaux ce matin ». Un consentement est ici enfin donnĂ©, Ă  sa maniĂšre. Et c’est cette maniĂšre que le professionnel doit savoir dĂ©crypter. 13 Certains sont en institution depuis longtemps et maintiennent un discours surprenant. Odette, 85 ans MMSE 10/30, en Ehpad depuis six ans me dit bien calĂ©e dans son fauteuil roulant moi je prĂ©fĂšre passer pour une idiote comme ça on m’oublie et j’irai jamais en maison de retraite ». Germaine est confortablement installĂ©e dans un magnifique Ehpad. Sa fille me confie que depuis quatre ans que sa mĂšre y est placĂ©e, tout son hĂ©ritage y passe mais elle me supplie de ne pas lui rĂ©vĂ©ler qu’elle Ă©tait en maison de retraite. Germaine me dit Je suis ici de passage, dans une sorte d’hĂŽtel de luxe, ce n’est pas chez moi, je ne comprends pas ce que fait ma commode lĂ , ça doit ĂȘtre une fausse, une copie, heureusement le soir je suis vraiment chez moi et je retrouve la vraie commode ». Il peut donc y avoir mille maniĂšres de continuer Ă  ne pas consentir par le discours Ă  ce Ă  quoi notre corps et un peu notre esprit ont pourtant consenti depuis longtemps. L’ambivalence est au cƓur de ces institutionnalisations. C’est pourquoi nous n’obtenons jamais un consentement libre et Ă©clairĂ© » d’emblĂ©e Ă  l’entrĂ©e en institution. 14 Demeurer chez soi c’est demeurer soi et l’entrĂ©e en institution nous fait perdre une partie de nous. TĂ©moin encore, Marcel, 78 ans, dĂ©ment sĂ©vĂšre, sa casquette vissĂ©e sur ses cheveux blancs, bien installĂ© devant sa tĂ©lĂ©vision muette, le saxophone Ă  sa place dans son Ă©tui, muet lui aussi, vit bien tranquille dans sa maison
 de retraite, depuis six ans. Il Ă©tait musicien dans un groupe connu et faisait salle comble tous les soirs
 dans sa tĂȘte. Il avait une belle maison pas trĂšs loin de son Ehpad. Jamais il n’avait fuguĂ© » pour y retourner. Le temps s’est arrĂȘtĂ© Ă  son entrĂ©e en maison de retraite. Mais aujourd’hui il faut vendre sa belle maison pour continuer Ă  payer sa maison de retraite. Il s’y oppose farouchement Pas question ! C’est ma maison j’y suis, j’y reste
 ». Mais de quelle maison parle-t-il ? Dans quelle maison vit-il ? À quoi demande-t-on de consentir en quittant son chez soi ? À quitter sa maison ? Pour entrer dans une maison de retraite ? À quitter son petit monde ? À quitter le monde ? LE TEMPS DES UNS - LE TEMPS DES AUTRES LE TEMPS DES VIEUX RÉSIDENTS 15 Avec le vieillissement le temps se dilate et avec la maladie d’Alzheimer il se contracte dans l’ici et le maintenant. Celui de l’hĂŽpital est Ă  la fois accĂ©lĂ©rĂ© et immobile dans la frĂ©nĂ©sie et la course des blouses blanches le matin et dans une attente infinie d’une visite qui ne viendra plus le soir. Plus on avance en Ăąge, plus la respiration du temps oscille entre lenteur, rĂ©pĂ©tition alors que l’espace vital se rĂ©duit de la maison devenue trop grande Ă  la chambre d’hĂŽpital anonyme qu’il faut partager et enfin Ă  la tombe. Ce bercement du temps suspend le travail de la faucheuse et ce petit nid de vie protĂšge de tous les chagrins. Ce long mourir renvoie au temps qui dure. Mais tout cela est long par rapport Ă  quoi ? À l’entrĂ©e en institution ? Au dĂ©but de la maladie ? À son Ăąge ? Une patiente de 102 ans me dit dans un soupir c’est trop long de mourir surtout si Dieu vous oublie ». 16 Souvent la temporalitĂ© n’est pas la mĂȘme pour les patients qui se cramponnent jusqu’à l’arrivĂ©e du fils tant attendu puis partent rĂ©conciliĂ©s avec la vie, ou pour ceux qui rendent leur dernier soupir alors que la famille Ă©puisĂ©e par des nuits d’attente s’était rĂ©signĂ© Ă  rentrer chez elle. LE TEMPS DONNÉ PAR LES SOIGNANTS 17 Dans notre hĂŽpital de prĂšs de 1000 lits, dont 80 % des patients souffrent de troubles dĂ©mentiels Ă  des stades modĂ©rĂ©ment sĂ©vĂšres Ă  sĂ©vĂšres et dont les troubles du comportement productifs vont imposer une entrĂ©e en institution qui n’a pas pu ĂȘtre Ă©laborĂ©e ni par les malades ni par les familles, la violence du temps contraint de l’hospitalisation, le dĂ©litement de la pensĂ©e des dĂ©ments, le dĂ©sarroi des familles se projettent souvent sur les soignants. Pourtant ils rĂ©sistent, ils sont lĂ , au quotidien, si forts et si fragiles, aux aguets de tout ce qui peut encore signifier des petits soins aux soins de bouche, du don de soi pour un don de soins, de la quĂȘte du sens Ă  celle qui fait encore sens comme un rempart au non-sens. 18 La loi du 4 mars 2002 affirme une posture de soin Ă©galitaire alors que la maladie d’Alzheimer impose asymĂ©trie, dissymĂ©trie, position basse et humilitĂ©. Le soignant peut-il ĂȘtre soignant sans ĂȘtre un tant soit peu dans le don, dans ce qui n’est pas contractuel ? Toute la difficultĂ© dans notre sociĂ©tĂ© c’est que le temps c’est de l’argent ». Comment donner encore du temps, de soi, du soin par l’oubli de soi ? Le mĂ©canisme du don est traditionnellement attachĂ© Ă  la sphĂšre privĂ©e, familiale, en opposition avec la sphĂšre Ă©conomique, oĂč devrait prĂ©dominer la relation rationnelle, contractuelle et marchande. Mais la sphĂšre publique implique elle aussi une forme de don au collectif, ce qu’on appelle le service public ». Or, les soignants sont souvent Ă  l’interface de ces diffĂ©rentes sphĂšres, publique pour le service, Ă©conomique avec la T2A, technique, et privĂ©e dans tout ce qui est accompagnement, relation interpersonnelle avec les patients. C’est pourquoi leur pratique est marquĂ©e par une interpĂ©nĂ©tration des mĂ©canismes commerciaux et de ceux du don de soi », interpĂ©nĂ©tration souvent mal analysĂ©e par les protagonistes eux-mĂȘmes, et par-lĂ  menant Ă  une confusion relationnelle. Face Ă  l’oubli dĂ©mentiel institutionnel qui sacrifie le prendre-soin » care au bĂ©nĂ©fice d’un faire-le-soin » cure, que proposer ? 19 En rĂ©action au rejet que subit la personne malade d’Alzheimer, la posture aimante » agapĂš Fiat & Geoffroy, 2009226 cherche Ă  reconstruire, Ă  ravauder des lambeaux d’identitĂ©. Elle tĂ©moigne que l’absence de guĂ©rison n’empĂȘche pas l’accompagnement de la restauration d’un pouvoir-faire et, plus encore, d’un pouvoir-ĂȘtre. Ce n’est pas parce que le sujet malade d’Alzheimer est inguĂ©rissable que sa vie est dĂ©sormais vide d’espĂ©rance et, Ă  la violence de la stigmatisation, elle engage une lutte pour que soit reconnue la permanence d’une identitĂ© personnelle du sujet malade. Les soignants dans cet ultime corps Ă  corps, remarquables passeurs de vie sont lĂ , ne partent pas, restent, donnant du temps au temps, un mot, un regard, une parole, une main chaude. RENDRE POSSIBLE UNE DERNIÈRE OREILLE 20 Pour qu’une parole puisse se dire, pour qu’un regard puisse se saisir, pour qu’une main puisse se caresser, il faut du temps. Ici, c’est bien que le temps institutionnel soit long, au milieu d’une sociĂ©tĂ© oĂč l’on veut que tout aille vite. 21 En SLDSoins de longue durĂ©e rares sont les patients ayant des visites ». Ils sont souvent pauvres, sans famille, sans toit, sans ressources cognitives, physiques, psychiques. Ils sont tous dĂ©ments Ă  un stade Ă©voluĂ©, tous dĂ©rangeants, tous refusĂ©s par les maisons de retraite sollicitĂ©es en amont. Pourtant dans ce dĂ©sert affectif luit encore une petite lumiĂšre, celle de l’altĂ©ritĂ©, car chacune, chacun a droit Ă  une fin de vie digne, qui nous prĂ©occupe, nous soignants, accompagnants de l’ombre. Les plus exclus des exclus ont droit Ă  une mise en biĂšre digne, Ă  l’accompagnement de la psychologue et des soignants, Ă  des fleurs, Ă  une pensĂ©e
 Non ! Personne ne part sans une parole, une inscription dans un rituel humain, sans larmes ni tombe. Au chevet du mourant, il ne s’agit pas tant de faire quelque chose que d’ĂȘtre lĂ , pas tant de dire que d’écouter ouvrir unvide de bonne qualitĂ©, Ă  l’intĂ©rieur duquel les paroles du mourant peuvent se dĂ©ployer ; une chambre d’écho Ă  la meilleure acoustique possible, y compris pour que sa rĂ©volte, et son angoisse s’expriment Fiat, 2011116-117. C’est le dernier secret qui peut ĂȘtre dit de la longue plainte des cris incessants sort une main qui m’accroche et me dit c’est foutu, je suis un salaud, j’avais deux foyers un vrai et un faux mais aussi des enfants, il faut le dire pour pas me tromper elles avaient le mĂȘme prĂ©nom, Chantal, je suis un salaud et mĂȘme pas de curĂ© pour me faire passer ». Dans la nuit RenĂ© a rejoint les Ă©toiles sans cri, mais en chuchotant d’une voix nouvelle, libĂ©rĂ©e de son secret. 22 Est-ce que je suis dĂ©jĂ  mort » ? me dit ce patient fĂ©brile et Ă©garĂ© dans cette vie dĂ©litĂ©e que la maladie d’Alzheimer a sapĂ©e inlassablement depuis des annĂ©es, suspendue entre finitude, abandon, rejet, acceptation, accompagnement. Jusqu’au bout il viendra dire son appartenance au monde des vivants par cette interrogation si pertinente. Comment en effet ne pas se sentir dĂ©jĂ  mort dans un service de SLD oĂč rien ne ressemble Ă  ce qu’il avait pu imaginer mort sociale, mort cognitive, mort physique, ce corps si maigre et qui ne rĂ©pond plus, ces pensĂ©es qui piĂ©tinent dans un prĂ©sent qu’il ressent comme hostile, des lambeaux de vie qui s’éparpillent. Qui pourra redonner du sens Ă  cette fin de vie qui n’en finit pas SLD, long mourir en institution, longs soupirs, longs cris, longues mains dĂ©charnĂ©es qui se tendent
 À moi, Ă  moi », dit un autre, j’ai peur, j’ai peur de la nuit pour toujours, donnez-moi la main, elle est chaude, oui de la chaleur dans ma main pour partir dans le froid de la nuit ». 23 Il faut aussi donner ce temps Ă  des familles qui le souhaitent, laisser la place Ă  l’inventivitĂ©, que la pesanteur institutionnelle laisse se vivre quelques moments de grĂące. Camille souffre d’Alzheimer depuis 15 ans. Elle est en phase terminale de sa maladie. Le silence et l’apathie, le regard vide et le visage Ă©maciĂ©, ont pris la place de la tyrannie des troubles psycho-comportementaux, des cris, des crachats. Elle est alitĂ©e depuis des semaines dans un long temps, dilatĂ© vers une mort trĂšs attendue par sa famille parce que aprĂšs tout ce qu’elle nous a fait, il faut que ça cesse, faites quelque chose docteur pour accĂ©lĂ©rer, vous me comprenez
 C’est insupportable de voir ça ». Camille n’a plus de nom, elle est rĂ©ifiĂ©e il faut que ça » finisse. Mais dans la magie de la vie, Camille a deux petites filles merveilleuses et inventives, tous les jours de sa lente agonie elles sont venues recueillir ses paroles et les enregistrer sur un air de musique du Petit bal perdu de Bourvil
 alors tu te souviens de quoi mamie ?... » De la pluie, des fraises des bois, du Cantal, des cuisses des footballeurs, je ne me souviens mĂȘme pas de toi ma jolie ». Et la veille de sa mort Camille dit dans un Ă©clat de rire qu’est-ce que je vais me regretter quand je ne serai plus lĂ  ». Ses petites-filles ont fait un trĂšs joli montage de ces derniers moments avec elle qu’elles m’ont confiĂ©, magnifique testament de vie et d’amour que la maladie d’Alzheimer n’a en rien altĂ©rĂ©. IL Y A ENCORE DU SENS 24 Le patient Alzheimer a besoin de l’autre pour le rĂ©inscrire dans son histoire. Mais pour cela, la communication avec lui ne saurait se faire dans une attention simplement bienveillante et flottante, dans une distanciation polie, ou comme nous l’entendons encore aujourd’hui dans la simple attente d’une demande ». La relation Ă©thique implique plus. POUVOIR ENCORE DIRE SA DOULEUR ET SA SOUFFRANCE 25 MalgrĂ© l’anosognosie des dĂ©mences qui n’est qu’un des aspects de la conscience de soi, c’est-Ă -dire conscience de ses perceptions, de son image corporelle, de son affect, de son identitĂ©, de ses capacitĂ©s d’introspection, je suis frappĂ©e d’une communication possible et donc d’une rĂ©intĂ©gration dans le monde des humains de nos patients qui, mĂȘme privĂ©s de toute thĂ©orie de l’esprit [4] sont capables non pas d’empathie, qui s’applique aux sentiments et aux Ă©motions, non pas de raisonnements, mais d’ĂȘtre au monde pour peu qu’on soit Ă  leur Ă©coute. 26 La maladie d’Alzheimer, maladie de la mĂ©moire ne prend pas tout, tout de suite, Ă  celui qu’elle atteint. En s’appuyant sur la mĂ©moire Ă  long terme, implicite ou procĂ©durale, pour retrouver un souvenir, on rĂ©-indice » et l’on peut faire naĂźtre de nouveaux modes d’ĂȘtre au monde avec de rĂ©els moments de fulgurance du dire. TĂ©moin, cette veuve, qui a perdu en trĂšs peu de temps son mari, sa fille d’un cancer et son petit-fils d’un accident de moto. Parlant de l’ensemble des rĂ©sidents Moi, je fais partie du pot au feu ! Vous voyez ici on est dans la mĂȘme marmite, il y a des poireaux, des carottes, moi je suis une pomme de terre, parce qu’une pomme de terre ça souffre pas » me dit Jeanne avec des yeux plissĂ©s de malice mais dĂ©lavĂ©s par les malheurs je ne peux plus pleurer alors je pense » poursuit-elle. ET QU’EN EST-IL DES COUPLES ? 27 Tous les deux dĂ©ments sĂ©vĂšres, sans enfant. Elle part la premiĂšre, si fragile et digne dans son refus de le lui dire, et lui qui dit Ă  la psychologue venue lui annoncer la terrible nouvelle non, vous mentez, une belle petite femme comme ça, ça peut pas mourir, je l’ai vue hier, elle Ă©tait en pleine forme ». Et le matin de la levĂ©e du corps, il dit aprĂšs un long baiser sur le front j’ai compris elle ne reviendra plus ». Il est restĂ© prostrĂ© dans le service de longs moments puis des larmes humaines, si humaines, silencieuses se sont misent Ă  couler le long de ses joues ravagĂ©es par la maladie et les annĂ©es, lui qui encore la veille faisait si peur au personnel, terrifiant dans sa posture immense, criant, bousculant tout ce qu’il trouvait sur son passage, lui que j’avais trouvĂ© errant dans le parc, rĂ©calcitrant, menaçant, en plein dĂ©lire ». 28 Voici encore ces jumelles ĂągĂ©es de 92 ans ayant toute leur vie vĂ©cu ensemble, sans mari, sans enfant, l’une pour l’autre. L’une par l’autre. L’une s’en va avant l’autre qui reste hospitalisĂ©e dans le service, agressive et errante, Ă  la recherche de l’autre. On lui dit qu’elle est partie oui mais elle va revenir ? » – Non elle est dĂ©cĂ©dĂ©e »  Ah bon elle va revenir alors » ? – Non, d’ailleurs demain on vous accompagnera Ă  la levĂ©e du corps », ce qui fut fait. Elle l’embrasse sans tristesse et dit Pourquoi elle ne lĂšve pas si c’est la levĂ©e du corps ». Avec une infinie patience nous avons pu, malgrĂ© sa maladie d’Alzheimer, l’accompagner dans le deuil de sa moitiĂ©. 29 Et cette autre enfin qui se donne des claques je suis bĂȘte, je suis crĂ©tine, je ne sais rien parce que je suis une idiote ». Elle se donne de petites claques, je finis par l’interrompre puis je lui demande, pourquoi vous punir ? Parce que se souvenir c’est trop de douleur, c’est mieux pour mon mari, c’est plus facile de placer une idiote ». 30 Et quand plus rien ne sort », n’oublions pas que l’absence de parole n’est jamais dĂ©faut de signifiance. ElĂ©onore est couchĂ©e sur la table de la salle Ă  manger-salon et dort la tĂȘte dans les bras, elle refuse de manger, refuse de parler, et les soignantes habituĂ©es la laissent tranquille » parce que sinon ça crache ». Elle n’est mĂȘme plus digne d’un regard, elle est au mieux vĂ©cue comme un animal dĂ©charnĂ©, sale et dangereux. Je l’appelle par son nom, me rapproche, lui touche le bras en m’accroupissant. Et ses yeux dans les miens, j’y lis un consentement Ă  une rencontre et lui explique l’objet de ma mission m’entretenir avec elle pour une tutelle. Pourtant la situation est compliquĂ©e Ă  comprendre un tuteur ? Mais c’est pour les tomates Ă  la ferme ? Parce que moi je suis dans la volaille ! », me dit-elle soudain redressĂ©e et fiĂšre de son mĂ©tier. Elle poursuit remarquez ici aussi il y en a de la volaille, et regardez cette pintade » me dĂ©signant une autre pensionnaire ou celui-lĂ  un poulet dĂ©plumĂ© ! »... Ah bon, ça » parle ? », me dit une soignante mĂ©dusĂ©e qu’un ça » parle et devienne un sujet, un Je » s’exprimant, un ĂȘtre de logos. Ainsi cette patiente Ă  laquelle je demandais l’heure me rĂ©pondit comment voulez-vous que je sache
 c’est en francs ou en euros ? », ou bien cet homme hagard le regard fiĂ©vreux mais digne qui veut se suicider et qui me dit mais moi je vaux 190 euros alors vous comprenez ici c’est pas pour moi ». Ou cette autre lors de la pesĂ©e qui, regardant ses pieds sur la balance dit satisfaite tiens ! Il est dix heures dix ! », ou encore ce couple qui ne se connaĂźt pas, elle en fauteuil roulant, hĂ©lant tout le monde Ă  la volĂ©e, lui trottinant en biais, chancelant ah te voilĂ  enfin ! », lui dit-elle tu en as mis un temps pour aller chercher le journal ! ». Et lui de lui rĂ©pondre mais tu sais on ne s’est pas revu depuis la communion de la petite, 
 c’était hier pourtant
 ». Cette conversation surrĂ©aliste a continuĂ© un bon moment, chacun essayant de recoller les morceaux d’une histoire en devenir. 31 On le voit, dans l’ici et le maintenant, les patients malades d’Alzheimer sont encore, pour peu qu’on leur accorde une prĂ©somption de compĂ©tence, capables de parler d’eux, de leur histoire, d’émettre des opinions et des choix, d’utiliser des ressources psychiques qui ne demandent qu’à sourdre. Et quand on prend le temps, la rĂ©surgence de compĂ©tences prĂ©servĂ©es, d’un possible ĂȘtre au monde, peuvent Ă  nouveau s’exprimer dans un sourire, un goĂ»ter pris ensemble, une chanson fredonnĂ©e, un dessin, permettant l’accĂšs Ă  des pĂ©pites de vie et Ă  une volontĂ© de communiquer. 32 Ces malades nous ressemblent et font partie de l’humanitĂ©, parce que la vulnĂ©rabilitĂ© de l’autre nous renvoie Ă  notre propre vulnĂ©rabilitĂ©, Ă  la potentialitĂ© que nous avons aussi d’ĂȘtre diminuĂ©, fragilisĂ© et de mourir. Face Ă  la maladie de l’oubli, l’institution souffre aussi et peuvent apparaĂźtre des attitudes d’infantilisation, de distanciation, d’évitement, de nĂ©gligence. Mais au-delĂ  des bouleversements de la construction identitaire du malade d’Alzheimer, des Ă©clats de vie persistent, des capacitĂ©s crĂ©atives langagiĂšres ou picturales nous interpellent. Leur identitĂ©-mĂȘmetĂ© » parle encore d’un sujet dans une permanence de Soi et capable de consentir ou d’assentir dans ses choix de lieu de vie. Cette rĂ©vĂ©lation redit son appartenance Ă  l’humanitĂ© qui ne dĂ©pend en rien de ses fonctions cognitives mĂȘme altĂ©rĂ©es mais qui est donnĂ©e par l’autre. Parfois derriĂšre la confusion, les silences des patients, se lit une derniĂšre histoire de vie. Il faut ĂȘtre lĂ , prendre le temps de les regarder comme des ĂȘtres humains qui savent ou sentent qu’ils vont mourir. 33 Signifier jusqu’au bout le dĂ©ment a encore besoin de nous, car tout est signifiance, quand la parole n’est plus les silences, les pauses respiratoires, les regards, les mains qui s’accrochent se tendent oĂč s’abandonnent, le visage, ce visage qui est une plainte, un commandement, un appel au prendre soin et sur lequel il est inscrit tu ne tueras point ». Les malades d’Alzheimer ont besoin de la mĂȘme prise en charge que toute personne en fin de vie. Jusqu’au bout ils viennent nous dire leur appartenance Ă  l’humanitĂ©. Encore faut-il qu’une autre humanitĂ© soit lĂ  pour l’entendre. 34 ? Notes [1] Les Esat ont succĂ©dĂ© aux CAT Centres d'aide par le travail. [2] Le plus souvent par dĂ©faut, parce qu’on ne peut pas payer et que l’aide sociale et la mesure de protection demandĂ©e vont prendre plusieurs mois d’attente. [3] MMSE Mini mental scale de Folstein en 30 points qui permet de quantifier le degrĂ© de sĂ©vĂ©ritĂ© de la dĂ©mence de lĂ©ger 30-26, Ă  modĂ©rĂ© 26-20, Ă  modĂ©rĂ©ment sĂ©vĂšre et sĂ©vĂšre <10. NSC Niveau socio-culturel qu’il est nĂ©cessaire de corrĂ©ler aux dĂ©ficits cognitifs Ă©chelle de 0 Ă  7 selon Duizabo et Barbizet, 0 correspondant Ă  illettrĂ© » et 7 Ă©tudes supĂ©rieures ». [4] La thĂ©orie de l’esprit » signifie la capacitĂ© Ă  attribuer Ă  autrui des intentions, Ă  s’imaginer ce que pense

r10h4. 269 340 162 364 186 158 91 385 256

alzheimer jusqu au bout de la vie