Enrevanche le fait pour un conseiller municipal de démissionner de ses seules fonctions de maire ou d’adjoint, gardant par conséquent la qualité de conseiller municipal, n’a aucune
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Pourune démission de Darmanin du conseil municipal de Tourcoing. 197 likes · 1 talking about this. Travel Company
Accueil Hauts-de-France Béthune - Bruay Vendredi soir, le conseil municipal de Saint-Hilaire-Cottes a réélu un adjoint suite à la démission du premier adjoint. Une défection qui a été suivie d’une autre depuis. Les tensions semblent tenaces au sein du conseil cottihilarien, pourtant issu de la seule liste en course en 2020. Article réservé aux abonnés Article réservé aux abonnés Pour lire la suite de cet article Abonnez-vous à partir de 1€ à notre offre numérique. Sans engagement de durée. ESSAYER POUR 1€ Vous êtes déjà abonné ou inscrit ? Se connecter L'info en continu 20h01 TV - Streaming Télématin Caroline Roux quitte l’émission et s’en explique 19h20 International Centrale nucléaire de Zaporijjia Biden, Macron, Scholz et Johnson appellent à la retenue» 18h32 France Loire deux cyclistes en urgence absolue après avoir été piqués une cinquantaine de fois par des frelons 18h23 France Euthanasie Line Renaud appelle dans une tribune à la légalisation de l’aide active à mourir» 18h06 Arrageois - Ternois Arras une jeune femme fait une chute de 6 mètres de haut du parking d’un centre commercial Toute l'info en continu >
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Lagitation illustre les profondeurs de la confiance brisée à Uvalde entre les résidents et les forces de l’ordre plus de trois mois après le meurtre de 19 enfants et de deux enseignants dans l’une
Publié le 05/09/2015 à 0348 , mis à jour à 0857 Après le clash de mercredi soir en plein conseil municipal, les sept élus, dont trois adjoints, ont démissionné jeudi en fin d'après-midi. Une démission qui s'est faite en deux temps». En effet les quatre conseillers municipaux Francis Raynaud, Gilles Raynaud, Aimée Marty et Jane Labatut, ont adressé leur démission au maire alors que les trois adjoints l'ont adressée, eux, au préfet, comme le prévoit la législation. Des démissions qui ont été suivies par celles de Thierry Darot, Hervé Rumeau et Thérèse Rovecchio, conseillers non élus lors des dernières municipales et qui auraient dû monter» et remplacer une partie des démissionnaires, n'entraînant pas ainsi de nouvelles élections municipales. Mais ce ne sera pas le cas… la cité chapelière va donc devoir se préparer à de nouvelles élections municipales dont la date sera fixée par le préfet qui, dans un délai de trois mois après l'acceptation des démissions des trois adjoints, annoncera la date du premier tour de scrutin. Pendant ce temps, les quatre conseillers municipaux démissionnaires ne siégeront plus au sein du conseil municipal, alors que les trois adjoints, qui se sont vu retirer leurs délégations et indemnités, pourront tout de même siéger au sein du conseil municipal en attendant l'acceptation de leur démission par le préfet qui dispose d'un délai légal de trente jours. C'est un véritable coup de tonnerre, un séisme même qui met à mal le maire Georges Reverte que nous avons rencontré C'est une trahison, j'ai l'impression d'avoir dix couteaux plantés dans le dos», nous confie Georges Reverte qui a du mal à cacher son émotion, et de poursuivre Il n'y a eu aucun avertissement, nous avions des réunions régulières avec les adjoints et des réunions d'information lorsque les dates des conseils municipaux étaient éloignées… il y a des critiques injustifiées, on ne fait pas de petites choses une généralité». Maire jusqu'au second tour des prochaines élections municipale, Georges Reverte s'est dit continuer de travailler pour Espéraza».
deson mandat de conseiller municipal, sa démission doit être adressée dans les formes et conditions d'une démission de maire ou d'adjoint. Les délégations de fonctions accordées par un maire démissionnaire subsistent jusqu’à l’élection de son successeur (CE, 27 mars 1992, Commune de Saint-Paul,
Pierre Bordreuil, Françoise Briquel-Chatonnet, Cécile Michel dir., Les débuts de l’histoire. Le Proche-Orient de l’invention de l’écriture à la naissance du monothéisme, Paris, Éd. de La Martinière, 2008, 420 p. 1La parution d’un ouvrage généraliste sur les civilisations du Proche-Orient ancien s’est fait longtemps attendre et c’est avec satisfaction et curiosité qu’a été saluée la sortie de ce livre. Il se distingue par une présentation soignée et agréable, accompagnée d’une très riche illustration, aussi bien en termes de sources écrites que de représentations figurées. De nombreux textes originaux, dont les traductions ont bien souvent été révisées, offrent au lecteur un aperçu de la documentation à partir de laquelle on écrit l’histoire du Proche-Orient ancien. Photographies d’œuvres d’art, plans et dessins d’objets et de bâtiments illustrent avec un grand à-propos l’ensemble des contributions. Outre les deux cartes géographiques générales qui ornent les deuxième et troisième de couverture, huit cartes thématiques techniquement très réussies permettent de se représenter le contexte géo-politique des différentes époques et régions envisagées dans l’ouvrage. 2L’entreprise assumée par les auteurs était de taille il s’agissait de dresser, pour la période s’étendant de la fin du IVe à la fin du Ier millénaire av. n. è. un panorama des civilisations du Proche-Orient antique » où se sont produits tant de changements capitaux dans l’histoire de l’humanité » p. 5. La Mésopotamie fut marquée, dès le IVe millénaire, par l’apparition de l’urbanisation et de l’écriture ; la côte méditerranéenne et le nord de la Syrie avaient été le lieu de la révolution néolithique au VIIIe millénaire et furent celui de l’invention de l’écriture alphabétique au IIe millénaire av. n. è. Ces deux domaines entretinrent dès la plus haute Antiquité des contacts et des échanges fréquents ; ils se trouvèrent même réunis aux VIIIe et VIIe siècles au sein de l’Empire constitué par les rois assyriens. Ils demeurent pourtant souvent séparés par les études sur le Proche-Orient ancien, qui s’intéressent prioritairement – du moins en France – à l’une ou l’autre des documentations. Un des mérites de cet ouvrage est donc de confronter les connaissances de spécialistes de ces deux domaines, chacune des contributions qui le composent tentant, autant que faire se peut, de mettre en regard pour chaque sujet abordé les documentations de Mésopotamie et du Levant pour les trois millénaires concernés. 3Le livre souffre cependant, dans son ensemble, de quelques choix éditoriaux malheureux et ce, dès le titre. Celui-ci, aussi évocateur que le bien connu L’histoire commence à Sumer de S. N. Kramer, vieux aujourd’hui d’un demi-siècle, est propre à attirer l’attention d’un grand public passionné par la recherche des origines et tente ainsi de faire concurrence à ces autres civilisations anciennes dont les vestiges matériels grandioses sont plus évidemment séduisants et médiatiques que ceux de Mésopotamie et du Levant. Le sous-titre entend donner des limites temporelles à ces débuts » de l’histoire. L’invention de l’écriture est certes communément retenue comme moment marquant le début de l’histoire entendue comme ère succédant à la préhistoire. Mais on peut à bon droit se demander en quoi la naissance du monothéisme représente le terme des débuts de l’histoire. L’expression donne tout d’abord, par sa formulation de ... à ..., l’impression d’un cheminement linéaire et quasi nécessaire, d’un progrès des civilisations vers une forme de modernité ; elle laisse en outre envisager que, une fois le monothéisme inventé, la véritable histoire peut enfin ? commencer. L’éditeur commercial est certainement grandement responsable de cette formulation qui réunit sur la couverture de son livre deux thèmes propres à toucher un large lectorat. Son choix donne lieu cependant à un raccourci historique que les auteurs n’ont à coup sûr pas voulu. 4Passée l’introduction qui précise brièvement les cadres spatiaux et temporels de l’ouvrage ainsi que la nature des sources et les grands repères chronologiques marquant ces quelques trois mille ans d’histoire, il n’est plus question, dans les quatre parties qui suivent, d’histoire politique événementielle l’approche est résolument thématique et le plan général du livre décline de manière très classique une histoire économique première partie, une histoire des institutions deuxième partie, une histoire sociale troisième partie et une histoire culturelle quatrième partie des civilisations du Proche-Orient ancien. 5Le titre de la première partie Du village à la ville », qui reprend dans sa formulation le parti évolutionniste du sous-titre du livre, est réducteur au vu du contenu des quatre chapitres qui la constituent. Bien au-delà du phénomène fort intéressant de fixation des populations du Proche-Orient ancien en foyers de peuplement sédentaire de plus en plus importants entre le VIIIe et le IVe millénaire, qui n’est abordé que dans une partie du chapitre 4 consacré à La naissance des villes », l’information délivrée ici est en réalité plus largement d’ordre économique et traite de manière conjointe du développement des activités humaines et de l’évolution des modes de vie des populations du Proche-Orient jusqu’au Ier millénaire av. n. è. Il est ainsi question tout d’abord de l’agriculture irriguée et de l’élevage chap. 1 ; des innovations techniques ensuite, dans des domaines aussi variés que la céramique, l’architecture, le travail du bois, de la laine, du métal et de la pierre, l’invention du verre et les moyens de transport chap. 2 ; des échanges commerciaux enfin chap. 3. 6La deuxième partie offre un panorama des divers régimes politiques qu’ont connus les pays du Proche-Orient ancien. Son titre évoque encore une fois une évolution quasi nécessaire de formes simples vers des formes complexes de hiérarchisation sociale et politique Des cités-États à l’Empire » et cette impression d’enchaînement chronologique se trouve renforcée encore par le plan même de la partie, qui se compose de trois chapitres étudiant successivement Les cités-États », La royauté » et L’empire », puis d’un quatrième intitulé L’élargissement de l’horizon » et qui, sous-tendu par le concept d’impérialisme, traite pêle-mêle des échanges à longue distance, de l’expansion coloniale, de la guerre et de la déportation, de la diplomatie, des alliances et traités et de la quête de produits exotiques. Tout dans l’exposé s’enchaîne ainsi logiquement avec l’idée sous-jacente que les institutions évoluent irrémédiablement vers l’Empire. Pourtant, en introduction au chapitre consacré à ce dernier, il est convenu que l’histoire du Proche-Orient ancien est faite d’une alternance de périodes d’unification, le pays dans son ensemble étant soumis à l’autorité d’un seul dirigeant, et de périodes d’éclatement, ce même pays étant divisé en une pluralité d’États » p. 155. L’apparente linéarité suggérée par le titre et le plan de la partie est finalement niée ici en quelques mots, à juste titre bien sûr, mais de manière troublante pour un lecteur non averti. La confusion augmente encore quand on lit, quelques lignes plus bas, que les cités-États du Proche-Orient sont aussi des royaumes, même si leurs dimensions sont souvent plus modestes, et rien ne distingue un royaume d’un empire », affirmation discutable au vu de l’importante bibliographie qui traite de ces problèmes. Tout cela fait de cette deuxième partie la plus faible, à notre avis, de l’ouvrage qui souffre, en règle générale mais ici plus qu’ailleurs, du choix qui a été fait d’évacuer la dimension événementielle de l’histoire politique en introduction, et de ne plus jamais y revenir par la suite. 7Sûrement eût-il été préférable de composer une partie autour de la notion de royauté au Proche-Orient ancien, en distinguant d’une part les différentes formes qu’elle pouvait prendre dans son exercice, en ménageant des développements montrant les spécificités et les questions que posent la cité-État et l’Empire et en décrivant d’autre part, à différentes échelles, les institutions locales municipales ou tribales, nationales l’organisation du royaume et internationales la diplomatie, bien souvent valables pour les trois régimes distingués ici, quoiqu’avec des variantes selon les lieux et les époques. Quant aux sujets dont il est question au chapitre 4, ils ne sont évidemment pas tous le fait de l’Empire mais concernent tous les États quelle que soit leur forme institutionnelle ; ceux d’entre eux relatifs à l’organisation de l’économie auraient eu leur place au sein de la première partie ou sont d’ailleurs souvent redondants avec elle ; enfin, la Vision du monde » des anciens habitants du Proche-Orient exposée pour conclure aurait pu figurer à plus juste titre dans la quatrième partie voir ci-dessous. 8La troisième partie intitulée Vivre en société » dresse de manière beaucoup plus pertinente un tableau des sociétés du Proche-Orient ancien. On y trouve tout d’abord une synthèse à jour sur la famille et la maison, fondements et modèles des représentations et des structures sociales chap. 1. De longs développements sont consacrés ensuite à l’écriture, depuis son apparition sous forme pictographique jusqu’à l’invention de l’alphabet, en passant par les notations idéogrammatiques et phonétiques employées par l’écriture cunéiforme aux différents stades de son évolution. Sont étudiés aussi la formation des scribes, la constitution et la transmission des archives et des fonds de manuscrits ou bibliothèques des grands organismes – le temple et le Palais – aussi bien que des simples particuliers et, enfin, les phénomènes d’oralité qu’il convient de ne pas sous-estimer alors même que l’essentiel de la documentation sur laquelle se fondent les études sur le Proche-Orient ancien consiste justement en des sources écrites chap. 2. Vient ensuite un développement sur la justice et l’écriture de la loi, sujet qui permet à son auteur de comparer réellement les réalités mésopotamiennes aux informations transmises par les textes bibliques et de brosser un tableau nuancé des différentes manières de rendre la justice, une des principales missions des rois du Proche-Orient ancien, et de codifier la loi, œuvre des plus illustres d’entre eux chap. 3. Le quatrième et dernier chapitre de cette partie développe, sous le titre général de L’organisation de la société », des considérations assez datées et désormais largement contestées sur les différentes catégories d’hommes libres et de dépendants, serviteurs ou esclaves, et sur le salariat et les autres formes de rétribution du travail. Il revient donc sur le problème, déjà développé dans la première partie, de l’interaction entre les structures économiques et l’organisation du travail d’une part et la hiérarchisation de la société d’autre part et aurait pu y être intégré. 9La quatrième partie mêle histoire des sciences, histoire des arts et histoire religieuse de manière parfaitement appropriée tant il est évident que, pour les civilisations du Proche-Orient ancien, la tentative de compréhension de l’univers par les savants, les représentations de la réalité ou des figures et événements mythiques par les lettrés et autres artistes et la vision du monde conférée à chacun par la foi et la pratique religieuse ne sont que différentes facettes d’une même manière de Penser le monde ». Chacun des quatre chapitres consacrés ici respectivement à la science, aux œuvres littéraires, aux œuvres d’art et à la religion offre une synthèse utile des connaissances et des thèses retenues à ce jour dans ces différents domaines de la recherche. 10On pouvait attendre que cet ouvrage s’adresse à la fois à un public d’amateurs éclairés et d’étudiants découvrant le Proche-Orient ancien. Or, si les premiers ont des chances d’être comblés par le format du livre, la richesse du texte et des illustrations et le soin apporté aux cartes, les seconds en revanche risquent d’être rebutés par le prix de l’ouvrage un défaut de la qualité évoquée précédemment et par son maniement peu commode comme manuel de référence la dispersion de l’information dans un plan aux titres peu explicites ou redondants, du moins pour certains des thèmes abordés, déroutera celui qui voudra trouver rapidement une information. Ce défaut est dû, à nos yeux, au nombre peut-être excessif de contributeurs 38 pour 380 pages de texte ! qui a dû rendre la tâche difficile à ceux qui devaient harmoniser l’ensemble. On remarque à l’inverse que, d’une manière générale, les thèmes traités intégralement par un même auteur, ou par un binôme unissant un spécialiste de la Mésopotamie et un du Levant, gagnent en cohérence et pertinence. Enfin, l’absence de renvois systématiques à la bibliographie, pourtant elle aussi très riche et complète et présentée heureusement chapitre par chapitre en fin de volume, empêchera le lecteur d’aller approfondir par lui-même un élément de sa recherche, à moins de la dépouiller intégralement. Ces choix éditoriaux restreignent certainement la lisibilité et l’utilité pédagogique que l’on est en droit d’attendre d’un ouvrage généraliste. 11Antoine JACQUET. Marie-Claire Ferriès, Les partisans d’Antoine. Des orphelins de César aux complices de Cléopâtre, Bordeaux, Ausonius Éd., Scripta Antiqua, 2007, 565 p. 12C’est un ouvrage passionnant que nous propose Ferriès celui de l’histoire des partisans d’Antoine. Pour mener à bien cette tâche, l’auteur étudie le parti d’Antoine pendant les quatorze dernières années de la République sous un angle peu utilisé, celui des vaincus. Ferriès est partie du constat suivant un homme seul à Rome, à la fin de la République, ne dispose d’aucun réel pouvoir politique. Même s’il possède des talents, il a besoin d’alliés et de partisans pour mener à bien ses desseins. Ce fut le cas de César et d’Octavien/Auguste, ce fut également celui d’Antoine. 14L’auteur définit d’abord le terme de partisan. En aucun cas le partisan est un thuriféraire toujours dévoué à un chef et à ses idées. Les membres du parti d’Antoine sont ceux qui le servirent, qui obéirent à ses ordres, le défendirent et le représentèrent. Ce furent donc les agents, les subordonnés, les compagnons et alliés rassemblés autour de lui à un moment donné. En effet, il faut rappeler que peu d’hommes restèrent au service d’Antoine entre 44 et 30 parce que dans un parti romain les entrées et les sorties alternent au gré des intérêts des participants. 15Pour faire une telle étude, Ferriès a choisi un plan chronologique parce que le parti s’est construit progressivement. Les principales étapes de la guerre civile rythment l’évolution de l’entourage d’Antoine. La première partie est consacrée au noyau initial, à la gens Antonia, à la stratégie matrimoniale d’Antoine et à ses familiers. Avant la mort de César, Antoine n’était que le chef d’un groupe de pression au sein de l’oligarchie au pouvoir. La naissance réelle du parti antonien n’apparaît qu’à la mort du dictateur deuxième partie. Antoine réussit à récupérer une fraction des Césariens qui lui permet de constituer un véritable parti. La troisième partie est une étude des armées provinciales, véritable enjeu dans la guerre civile opposant Antoine au jeune Octavien et au parti sénatorial ou républicain. Après la bataille de Modène et la mise en place du second triumvirat, le parti connaît une nouvelle impulsion et son élite est toujours formée d’anciens Césariens. Grâce aux cadres de son parti, Antoine peut exercer une position prééminente au sein du nouveau régime. La victoire de Philippes, en 42, constitue une nouvelle étape dans la vie du parti quatrième partie. Le rapport des forces au sein du Triumvirat est bouleversé par l’élimination de Lépide et de Sextus Pompée. On passe à la fois à la bipolarisation et, après les accords de Brindes, à l’orientalisation du parti d’Antoine. Le triumvir a su accueillir des Républicains après la victoire de Philippes et connaît des succès en Orient. Il a toujours le soutien du Sénat qui lui vote des mesures comme l’engagement de la guerre parthique. L’élimination de Lépide et de Sextus Pompée conforte toutefois Octavien en Occident. Les dernières années du parti d’Antoine 36-30 sont traitées dans la cinquième partie. Ferriès, avec raison, rejette tout déterminisme et refuse de penser que la défaite était déjà prévisible. Toutefois, l’affrontement entre les deux triumvirs devient inévitable et apparaît clairement dès 34 à travers une propagande de plus en plus venimeuse entre les deux hommes. L’auteur étudie à la fois les partisans d’Antoine proches de Cléopâtre et ceux qui lui sont hostiles. Elle analyse également l’activité du parti d’Antoine en Italie qui sut toujours répondre aux attaques virulentes d’Octavien. La rupture entre les deux triumvirs trouve son origine dans le renouvellement et la durée des pouvoirs triumviraux. La question était de savoir si le triumvirat devait être reconduit le 1er janvier 32 ou le 1er janvier 31 et il était clair qu’aucun des deux triumvirs n’avait l’intention de renoncer au pouvoir triumviral. Au début de l’année 32, les chances de succès, dans le nouveau conflit qui s’annonçait, étaient à peu près égales dans les deux camps. Pourtant, avant la bataille d’Actium, un certain nombre d’Antoniens quitte leur camp et rejoint celui d’Octavien à cause essentiellement de la détérioration de la situation militaire d’Antoine en Orient. À l’exception de Mécène et d’Agrippa, les lieutenants d’Octavien sont presque tous d’anciens Antoniens et, en 32-31, au moment de la rupture, le mouvement s’accélère. Antoine perd ses principaux lieutenants comme Munatius Plancus ou encore Domitius Ahenobarbus. Ces départs eurent de lourdes conséquences pour l’affrontement final et Antoine dut confier le commandement de la flotte de la bataille d’Actium à d’anciens Pompéiens. L’auteur traite à la fin de la partie le sort des vaincus d’Actium. Ils connurent selon les circonstances un sort variable exécution capitale, grâce ou paiement d’une amende. Les Antoniens éminents bénéficièrent de la Clementia Caesaris. Le parti d’Antoine disparut à la mort d’Antoine, mais ses partisans subsistèrent. Octavien/Auguste sut éviter la mise en place d’un mouvement d’opposition au Principat naissant. 16Un très important catalogue prosopographique complète l’ouvrage. L’auteur y distingue les partisans assurés 143 et les incertains 39. Il comprend à la fois les élites dirigeantes, sénateurs ou membres de l’ordre équestre, mais également les affranchis souvent recrutés au plus près de la familia. Ferriès rappelle aussi que ce catalogue a pour but d’éclairer la nature et l’évolution des liens qui unissent Antoine à ses partisans. 17Ce travail est d’une très grande qualité et d’une lecture agréable. Le plan chronologique permet de suivre parfaitement les aléas du parti d’Antoine. La méthode de recherche est efficace et convaincante, puisque l’étude des auteurs de première main comme Cicéron, ou celle d’auteurs du IIe siècle de notre ère, a rendu possible le catalogue prosopographique qui nous révèle un nombre non négligeable d’Antoniens. Enfin, cette étude a bien mis en lumière les mécanismes de la formation, de la vie puis de la disparition d’un parti à Rome, à l’extrême fin de la République. 18Annie ALLELY. En ligne Alan K. Bowman, Peter Garnsey, Averil Cameron ed., The Cambridge Ancient History, XII2 The Crisis of Empire AD 193-337, Cambridge University Press, Cambridge, 2005, XVIII-965 p., 9 cartes dont une dépliante, 12 figures dans le texte. 19L’aventure au long cours que représentait la publication d’une seconde édition de la vaste synthèse placée sous le patronage de l’Université de Cambridge en 12 imposants volumes d’une histoire de l’Antiquité méditerranéenne, des prolégomènes à l’avènement du christianisme au pouvoir avec Constantin, s’est achevée en 2005 par la parution du présent livre en recension. S’il avait fallu quinze années pour éditer les 12 premiers tomes, de 1924 à 1939, cette réédition correspondant de fait à une réécriture complète dans un nouveau contexte historiographique s’est étalée sur trente-cinq ans ! On doit à l’un des éditeurs de ce nouveau volume XII, Alan Bowman, devenu depuis 2002 Camden Professor of Ancient History à Oxford, d’être en outre l’un des responsables des trois tomes couvrant l’ensemble de la période impériale [avec les tomes X2, The Augustan Empire 43 BC - AD 69, 1996, et XI2, The High Empire AD 70-192, 2000], ce qui assure une certaine unité à l’ensemble. Dans l’intervalle, la nécessité de prolonger le champ chronologique en abordant l’Antiquité tardive de manière plus ample s’est imposée avec la mise en chantier et la publication, avant la parution du tome XII, de deux volets supplémentaires de la collection XIII, The Late Empire AD 337-425 1997 et XIV, Late Antiquity, Empire and Successors AD 425-600 2001. Aborder l’histoire de l’Empire romain du IIIe siècle supposait de prendre en compte de nombreux renouvellements, que l’on doit tout autant à la découverte de nouveaux documents qu’à la réinterprétation d’une période, longtemps négligée et associée à la vision traditionnelle d’un déclin de l’Empire romain, plus ou moins inéluctable cf. E. Gibbon, E. Renan, M. Rostovtzeff. C’est peut-être la difficulté de rendre compte de certains enjeux des débats historiographiques récents, mais également la nécessité d’inclure les découvertes très récentes et fondamentales, comme l’inscription d’Augsbourg qui remonte à août 1992, et renouvelle notre compréhension de cette période médiane du IIIe siècle, les années 259-260 en Occident on peut renvoyer au petit dossier des Cahiers du Centre Gustave-Glotz, VIII, 1997, p. 223-260, destiné à fournir un premier état des débats suscités par ce nouveau document, qui expliquent la longue période de gestation de ce livre dont certains chapitres furent achevés près de vingt ans avant la publication définitive. Quoi qu’il en soit, nous voici désormais en présence d’une nouvelle somme qui complète les deux volumes de la Storia di Roma 3 L’età tardoantica, parus en 1993 sous la direction d’Aldo Schiavone, le premier étant consacré aux crises et transformations », le second aux lieux et cultures ». 20La préface des éditeurs p. XIII-XVIII s’est chargée d’éclairer les choix qui ont présidé à la réalisation de cette nouvelle édition. Le premier, tout à fait significatif, fut de réintégrer dans le cadre chronologique du présent volume la totalité du règne de Constantin au-delà de la mort de Licinius, en 324, date choisie par les premiers éditeurs comme terminus ante quem. D’autres choix résultent d’un équilibre entre les trois volumes de la collection qui couvrent tout le Haut Empire. On peut noter par exemple les développements sur l’Égypte et le Christianisme qui incluent un rappel sur le IIe siècle, en raison des manques volontaires au sein du volume précédent. Il est significatif, au-delà de la spécialité du principal éditeur, familier de papyrologie et spécialiste d’Égypte romaine, qu’un chapitre sur la Bretagne, seul de ce type dans la 1re édition, ait été remplacé par un équivalent consacré cette fois à l’Égypte, ce qui d’ailleurs rend justice à l’importance de la documentation papyrologique pour l’établissement de la chronologie ou certaines synthèses sur le pouvoir impérial ou l’administration provinciale aspects sociaux et juridiques. On retiendra des prolégomènes de cette préface trois points qui méritent notre attention. L’importance accordée d’une part aux peuples non romains, Germains, Sassanides, Arméniens, Arabes et peuples du désert, qui incarnent une part non négligeable du destin de l’Empire romain en deçà et au-delà du limes. C’est également la décision de ne pas traiter en tant que telle d’une histoire de la littérature grecque et latine de cette période, ce dont on pourrait discuter sans fin, notamment en prenant le parti pris inverse de la Storia di Roma dans son deuxième volume. C’est enfin l’importance du traitement du christianisme, l’un des chapitres les plus longs de l’ouvrage lui étant consacré, une vraie monographie en soi qui aborde d’ailleurs la littérature chrétienne p. 589-671. Je retiendrai également l’importance du traitement des sources, même si les éditeurs n’ont pas souhaité imposer des normes à leurs auteurs. De la sorte, certains s’attardent sur la spécificité de cette période au regard de la constitution du savoir, ce qui semble essentiel si l’on veut bien considérer que ce type de synthèse s’adresse en priorité à des étudiants et chercheurs, et donc dépasse l’horizon de l’honnête homme qui pourrait se satisfaire d’un récit sans trop d’aspérités et passant outre aux préalables de la constitution d’un corpus bien établi de sources. Aucune unité n’a été recherchée, de manière artificielle, ce qui implique qu’un certain nombre de points de vue différents sont perceptibles tout au long du volume, de synthèse en synthèse, par exemple en ce qui concerne l’économie, les armées et le fonctionnement général de l’Empire. Ceci explique également l’absence d’une introduction et d’une conclusion au volume, qui aurait assurément imposé une telle quête un peu vaine ?. 21La matière de cette synthèse est donc répartie en six ensembles de longueur très variable et 19 chapitres. On s’accordera volontiers sur l’importance d’une partie introductive consacrée à l’établissement d’un récit chronologique suivi, fort difficile pour cette période troublée de l’histoire romaine. Intitulée Narrative », cet ensemble conduit en quatre étapes de l’époque sévérienne au règne de Constantin p. 1-109 ; Brian Campbell pour la période sévérienne, John Drinkwater de Maximin à Dioclétien, Alan Bowman pour la 1re tétrarchie et Averil Cameron pour le règne de Constantin. On ne peut discuter a priori le choix d’un respect des césures traditionnelles et d’une vision somme toute classique » de cette histoire. À y regarder de près, il apparaît que ces mises au point ont été rédigées au début de l’aventure, en tout cas avant le milieu des années 1990. La bibliographie s’arrête effectivement à des titres du tout début de cette décennie. Comme je le relevais incidemment à propos de la découverte de l’inscription d’Augsbourg, mais comme les circonstances très françaises de l’inscription d’une question de concours Agrégation et Capes portant sur le IIIe siècle en 1998 et 1999 l’ont mécaniquement entraîné, de nombreuses publications ont renouvelé certains aspects de l’approche de cette histoire de l’Empire romain. L’originalité du traitement de la période sévérienne dans une synthèse comme celle de Michel Christol L’Empire romain du IIIe siècle. Histoire politique 192-325 après 1997, méritait à tout le moins discussion. Une deuxième partie fort importante est consacrée au fonctionnement de cet Empire et aborde les aspects militaires, administratifs et juridiques p. 110-207, Government and Administration ». On saluera à ce propos les efforts d’Elio Lo Cascio pour rendre compte des débats les plus actuels en ce domaine. Le chapitre en quatre parties qu’il consacre à l’empereur et son administration est exemplaire à cet égard p. 137-183. Sont inclus dans cette même section l’armée Brian Campbell et le droit David Ibbetson et David Johnston. En ce dernier cas, les deux chapitres très synthétiques peuvent être confrontés par leurs objectifs et leurs portées aux amples développements de leurs équivalents dans la synthèse italienne en quatre étapes avec Aldo Schiavone, Joseph Mélèze, Feliciano Serrao et Bernardo Santalucia. Une troisième partie d’égale longueur s’attache aux provinces de l’Empire, frontières, gouvernement et synthèse locale avec le cas de l’Égypte p. 212-325, The provinces » ; John Wilkes traitant des provinces et des frontières, Jean-Michel Carrié se concentrant sur l’administration provinciale et locale et Alan Bowman proposant une courte histoire égyptienne durant la période. Un seul auteur, Mireille Corbier, s’est attelé en deux chapitres à une synthèse sur l’économie au IIIe siècle qui constitue la quatrième partie du volume p. 327-439, le premier volet s’attachant aux aspects étatiques des émissions monétaires et des taxations, le second au fonctionnement même de l’économie. On ne peut toutefois séparer certains développements antérieurs de la section consacrée au gouvernement provincial et aux cités d’une réflexion portant sur l’économie, les approches de Jean-Michel Carrié et de Mireille Corbier étant complémentaires et devant être prises en compte collectivement. Il est loisible de comparer l’approche proposée dans cette section avec ce que Jean-Michel Carrié avait lui-même rédigé sur le sujet sous les titres de Économie globale, économies régionales » et L’Empire-monde et les bases restaurées de la puissance » dans J..M. Carrié, Aline Rousselle, L’Empire romain en mutation, 1999, p. 513-649. Je signalerai en complément la parution d’un volume d’hommages autour de l’œuvre numismatique de Jean-Pierre Callu portant sur l’économie monétaire au IIIe siècle qui aurait été tout à fait utile pour compléter certains développements Revue numismatique, 159, 2003. Quatre chapitres offrent des aperçus éclairants sur les peuples que l’on ne nomment plus barbares » The non-Roman world », p. 440-520 ; Malcolm Todd à propos des Germains, Richard Frye traitant des Sassanides, C. Lightfoot de l’Arménie et Maurice Sartre, des Arabes et des peuples du désert, que l’on aurait pu éventuellement élargir aux marges méridionales du monde romain en Afrique, en prenant les mouvements de certaines tribus au crible des recherches récentes sur certains de ces peuples cf. Yves Modéran, Les Maures et l’Afrique romaine IVe-VIIe siècle, 2003, qui remonte aux prémices du IIIe siècle. La dernière partie, la plus longue, offre en trois chapitres de portée différente trois synthèses sur le polythéisme, le christianisme et l’art et l’architecture Religion, culture and society », p. 521-703, Garth Fowden abordant le polythéisme, Mark Edwards le christianisme de 70 à 192, retour en arrière imposé par le contenu du volume précédent, Graeme Clarke, le christianisme durant la période et Janet Huskinson pour une synthèse sur art et architecture, en une trentaine de pages avec dix illustrations en noir et blanc. L’accent principal est donné dans le deuxième chapitre par le développement consacré aux différentes persécutions et plus généralement aux rapports entre État romain et chrétiens. Une réflexion sur éthique et société impériale romaine au cours de la période aurait probablement permis d’aborder à nouveaux frais certaines questions évoquées dans cette partie. On notera l’appendice qui complète le chapitre sur les provinces avec des tableaux très précis sur les changements du système provincial, les déplacements des princes et les frontières et leur défense John Wilkes, p. 705-767. Stemmata p. 768-771, chronologie p. 772-785, bibliographie p. 786-899 dans l’ensemble à jour aux réserves près que nous évoquions précédemment, qui est classée par grandes sections après une courte liste d’ouvrages fréquemment cités et un index très développé p. 900-965 clôturent ce volume et lui confèrent le statut incontestable d’outil de travail et de référence. 22Titrer une histoire de l’Empire romain, de l’avènement de Septime Sévère à la mort de Constantin, La crise de l’Empire », méritait probablement un peu plus d’attention en préambule, ou dans un chapitre proprement historiographique destiné à résumer le chemin parcouru entre la première édition datant de 1938 et ce nouveau projet éditorial. Force est de constater que peu de chapitres abordent cet aspect pourtant essentiel du discours historique et de ses composantes. À partir des réflexions d’Andrea Giardina je citerai en dernier lieu une introduction au volume collectif La crise » de l’Empire romain de Marc Aurèle à Constantin, Quet dir., publié en 2006, résumant ses positions sur le thème de la crise » ou des crises » de l’Empire romain et de leur rythme, ou du livre récent de Christian Witschel Krise-Rezession-Stagnation ?, 1999, il y avait matière à ouvrir cette synthèse à des enjeux qui ne sont pas secondaires faire une histoire d’une période donnée et la publier dans les toutes premières années d’un nouveau millénaire n’est pas innocent. Seul Elio Lo Cascio se place résolument, dans sa réflexion sur le gouvernement central de l’Empire et la figure du prince, dans cette perspective historiographique. En revanche, être attentif au monde non romain, aborder le christianisme avec une certaine ampleur font partie prenante des choix éditoriaux qui révèlent les objectifs d’une telle gageure, proposer une synthèse la plus exhaustive possible, sur une période historique extrêmement complexe et très ambiguë. On peut face à de tels ouvrages déplorer certains manques sur la figure impériale en tant que telle, ses représentations, et juger leur importance à l’aune du renouvellement de questions essentielles. De la même manière, proposer un récit événementiel est déjà le résultat d’une interprétation de la période qui suppose une lecture qui est tout sauf objective. En ce sens, il faut prendre cette synthèse pour ce qu’elle est, un pan de la recherche contemporaine érudite, documentée et fonctionnant avec une certaine logique interne. Il n’est pas interdit d’offrir sur un certain nombre de sujets des alternatives, sinon s’interroger sur la pertinence de pareilles aventures éditoriales. Ce monument est riche d’informations et il avertit » donc d’un certain état de la recherche historique des romanistes dans les années 1980-1990. Il est possible de prolonger la réflexion, de proposer d’autres perspectives et d’écrire une tout autre histoire. 23Stéphane BENOIST. Bruno Dumézil, La reine Brunehaut, Paris, Fayard, 2008, 560 p. 24Après son bel ouvrage publié en 2005, Les racines chrétiennes de l’Europe. Conversion et liberté dans les royaumes barbares Ve-VIIIe s., Bruno Dumézil nous offre à nouveau un travail de grande qualité sur cette période qui reste pour nos contemporains un âge de fer et de sang. Les récits des temps mérovingiens ont la couleur de l’hémoglobine. Frédégonde et Brunehaut, dans la mémoire collective, ont porté le deuil en rouge. La surenchère des cruautés, c’est souvent ce que l’on retient des origines au Moyen Âge. Mais qu’est-ce que le Moyen Âge ? Le mérite de ce livre est de donner à réfléchir sur une période marquée par la longue vigueur de la civilisation romaine. B. D. brosse avec pédagogie le tableau de la naissance de l’Europe barbare, dont les rois sont davantage marqués par l’héritage de l’Empire que par celui des tribus germaniques. Dans la seconde moitié du VIe siècle, Byzance apparaît encore comme une image intacte de la Rome des Césars... et n’a aucune leçon à recevoir en matière d’assassinat et de supplices cruels. Il faut évacuer ce faux problème qui relève d’une sensiblerie anachronique, pour laisser la première place au politique. En ce domaine, Brunehaut est longtemps une virtuose, une maîtresse du jeu, jusqu’à la dernière partie où elle perd la main. Née en 550 dans une famille aristocratique wisigothe d’Espagne du Sud, c’est une femme cultivée qui lit et écrit le latin, connaît sa grammaire et l’art de la rhétorique, a des rudiments de droit, de géographie, de théologie, comme il convient dans un milieu palatin. Son père Athanagild est devenu roi en 554 à l’issue d’une guerre civile au cours de laquelle il a eu l’imprudence de faire appel aux Byzantins ; belle occasion pour l’Empire de s’incruster dans une péninsule à reconquérir. Cela explique que les Wisigoths aient recours aux Francs, pourtant ennemis héréditaires depuis le temps de Clovis. Son petit-fils Sigebert Ier réclame une princesse pour le prix de son alliance. En 561, il a reçu, à la mort de Clotaire Ier, le royaume de Thierry, qu’on appelle incidemment Austrasie. Entre Reims sa première capitale, Cologne et Mayence, avec des extensions en Thuringe, Saxe et Bavière, le centre de gravité s’établit sur la moyenne vallée du Rhin ; s’y ajoutent les fruits des conquêtes de la génération précédente en Auvergne et Provence orientale. C’est donc vers des terres bien lointaines que s’achemine une adolescente de 15 ou 16 ans, à laquelle son époux offre à Metz, au printemps 566, un mariage digne des Césars », célébré par le poète Venance Fortunat, déposant un épithalame de 140 vers ciselés dans la corbeille. Moins de dix ans plus tard, Brunehaut a vu sa sœur aînée, Galswinthe, devenue reine de Neustrie, victime d’un assassinat politique et patrimonial à la cour de Chilpéric où Frédégonde tisse sa toile, et son époux Sigebert périr en 575 sur les coups de sicaires armés de scramasaxes, dans le contexte des guerres de succession, mal endémique du monde franc. C’est là que se révèle le caractère d’une mère qui se bat pour un petit roi de 5 ans, Childebert II, mais aussi pour une certaine idée de l’État. Le mérite de B. D., du récit, clair et haletant, d’événements compliqués, est d’analyser les rouages d’une pensée et d’une volonté politiques, chez une femme qui a dû s’imposer comme véritable chef d’un royaume. Reine-mère, grand-mère puis arrière-grand-mère, elle agit pendant plus de trente ans comme un des grands » de l’Occident chrétien. Son véritable rival est le roi de Burgondie Gontran, son beau-frère, un allié ambigu, devenu oncle à héritage, qui ne doit sa survie il a réussi l’exploit de mourir dans son lit qu’à un subtil jeu de balance entre Neustrie et Austrasie. Le portrait qui s’en dégage dans ce livre est aussi d’un grand intérêt. B. D. a scruté les sources pour décortiquer les actes et les arrière-pensées. Car il faut lire entre les lignes d’un Grégoire de Tours écrivant l’histoire au sens du vent ou d’un Venance Fortunat au style ampoulé et volontairement obscur. Il est courageux de s’attaquer à ces vers codés. Cela demande une parfaite connaissance des événements, des personnages et des institutions, fruit de lectures nombreuses et assimilées. Outre l’histoire des royaumes mérovingiens, cette étude éclaire la complexité des relations internationales à une époque où les Lombards envahissant l’Italie, redessinent la géopolitique. C’est la toile de fond des manœuvres byzantines, qui tantôt suscitent un prétendu fils inconnu de Clotaire Ier, Gundovald, tantôt gardent en otages Ingonde et Athanagild, fille et petit-fils de Brunehaut, après l’échec de leur mari et père Herménegild dans la conquête du trône wisigoth. Il s’agit de faire pression sur les Francs pour qu’ils attaquent les Lombards. Mais qu’ont-ils à gagner dans des aventures italiennes pour une idée d’Empire ? Ne plus agir en fonction de l’Empire, c’était, intellectuellement parlant, le seuil du Moyen Âge ». Par ailleurs, Brunehaut se trouve être contemporaine de Grégoire le Grand, dont on connaît le rôle majeur, tant pour la réforme de l’Église que le développement de la mission, notamment en Angleterre. L’intervention de la reine dans les affaires ecclésiastiques à un moment où l’autorité de Rome se fait plus pressante, ne va pas sans conflits évêques mis au pas et interdits de conciles généraux, relations difficiles avec le monachisme colombanien. Saint Colomban devait être insupportable, c’est le défaut des prophètes, mais ses amis ont écrit l’histoire, ce qui est lourd à traîner dans la postérité. B. D. analyse ces sources hagiographiques biaisées et restitue à Brunehaut tant un appui aux missionnaires insulaires – et par là son rôle dans la construction de l’Occident chrétien – que l’expression d’une piété généreuse à Autun et à Auxerre, où elle devait reposer, sous la protection de saint Germain. Cela lui fut refusé par l’incinération de son cadavre mutilé. 25La mise en scène de son supplice, la sauvagerie codifiée d’un rituel d’humiliation inversant les rapports à la bête succèdent à deux générations de complots et de trahisons. Tout au long du livre ce ne sont que manœuvres et calculs de Grands retors, achats de fidélités, pardons hypocrites, suicides arrangés, éliminations sommaires ou parées d’oripeaux judiciaires. Les ducs Loup ou Gontran-Boson, l’évêque de Reims Egidius, le comte Gogo, le maire du palais Warnachaire, Pépin de Landen et Arnoul préparant une irrésistible ascension, et tant d’autres, apparaissent terriblement éloignés du bien commun. À la suite de Venance Fortunat qui célèbre en Brunehaut la plus romaine des souveraines barbares, B. D. la campe en femme cultivée qui tente de préserver l’autorité de l’État, une grande diplomatie méditerranéenne, le principe d’un impôt équitable, le fonctionnariat antique, l’universalité du droit écrit et les beautés de la littérature classique, qui jette ses derniers feux. Mais c’est déjà en partie un rêve et cette veuve étrangère doit s’adapter, pour survivre, à un environnement mouvant, avec souplesse et pragmatisme, sans considération pour les sentiments, même familiaux. Cet animal politique se déplace avec une agilité féline au milieu des drames qui finissent par la rattraper. Clotaire II joue contre elle la carte aristocratique, celle des forces régionalistes, qui l’emportent pour longtemps La plupart de ses initiatives contribuèrent à l’émergence de la chrétienté médiévale », conclut B. D. ; à son corps défendant parfois, faudrait-il ajouter. C’est à l’enfantement du Moyen Âge, dans la douleur, que nous assistons tout au long de la lecture de ce livre, avec l’émergence d’une nouvelle génération, tellement étrangère à celle des petits-fils de Clovis, qui se faisait célébrer comme un auguste. Après des considérations sur la survie légendaire qui nous emmène jusqu’à la Brunehilde wagnérienne, B. D. nous offre, outre les cartes et généalogies indispensables, d’utiles pièces justificatives, en latin et en français, les lettres diplomatiques de Brunehaut d’après les registres austrasiens, celles de Grégoire le Grand à la reine et la correspondance diplomatique de Bulgar, comte de Septimanie, trop méconnue. L’auteur a le souci constant d’associer le lecteur à sa réflexion en exposant les matériaux, fragmentaires, dont dispose l’historien ; ce qui pourra nourrir certaines discussions. Ajoutons enfin la maîtrise d’un style alerte, avec le sens de la formule qui fait mouche, jusqu’aux limites d’une réjouissante impertinence. Avec la Gogo connection » et Gundovald dépeint en tonton flingueur », Fayard rime avec Audiard. 26Patrick DEMOUY. Véronique Gazeau, Monique Goullet, Guillaume de Volpiano, un réformateur en son temps 962-1031. Vita domni Willelmi de Raoul Glaber. Texte, traduction et commentaire, Caen, Publications du CRAHM, 2008, 138 p. 27Véronique Gazeau et Monique Goullet ont fait œuvre particulièrement utile en publiant la Vita Willelmi, œuvre de Raoul le Glabre rédigée après 1028. L’accès au texte, disponible depuis le XVIIe siècle, en est facilité. Une copie manuscrite conservée à Copenhague et trois éditions en donnaient le contenu, en s’appuyant sur un manuscrit de Saint-Bénigne de Dijon, aujourd’hui disparu. Neithard Bulst édita en 1974 une Vita copiée sur un manuscrit du monastère de Fécamp et conservé à la Bibliothèque nationale Rodulfus Glabers Vita domni Willelmi abbatis. Neue Edition nach eine Handschrift des 11. Jahrhunderts Paris, BnF, lat. 5390 », Deutsches Archiv, 30-2, 1974, p. 455-462. Le récit, écrit par une main du troisième quart du XIe siècle, c’est-à-dire une trentaine d’année au plus après sa conception, était resté longtemps inaperçu dans un recueil factice qui contient principalement la Légende dorée de Jacques de Voragine fol. 1-221 et deux autres textes rédigés à la fin du XIe siècle fol. 230 vo - 235 vo. 28Loin de se contenter d’une simple reprise des travaux de Neithard Bulst, les deux auteurs se sont saisies du dossier et ont édité le texte directement d’après le manuscrit de Fécamp, d’où l’apparition de quelques divergences avec la version de 1974. Outre la transcription, elles ont tenu à donner une présentation littéraire de la Vita insistant sur le mélange entre récit biographique et discours hagiographique, sans qu’il y ait hiatus entre les deux p. 3-16. Elles apportent également des éclaircissements sur la transmission du texte, unique témoin médiéval de la Vie de Guillaume p. 17-24. Elles livrent enfin un commentaire historique de l’hagiographie p. 81-122. Il faut signaler une nouveauté de taille par rapport à l’édition de 1974 la présence d’une traduction du texte latin en français qui rend l’ensemble accessible aux étudiants. 29Dans la présentation littéraire, Véronique Gazeau et Monique Goullet se sont intéressées à la personne de l’hagiographe. Raoul, auteur de deux œuvres capitales pour la connaissance de cette période à savoir les Histoires et la Vita, souffre d’une mauvaise réputation. Né en 980 ou 985, ce moine mène une existence gyrovague passant de monastère en monastère à cause de son caractère exécrable. Sa vie est néanmoins marquée par la rencontre avec l’abbé Guillaume de Volpiano à Saint-Bénigne de Dijon. Ayant quitté ce monastère pour Cluny, Raoul meurt à Saint-Germain d’Auxerre en 1047. Les circonstances de la rédaction de la Vita sont obscures et peut-être liées à l’apparition de Guillaume à l’auteur chap. 13, mais Raoul se sent investi d’un devoir de mémoire à l’égard d’un homme qu’il admire. Pour lui, Guillaume possède toutes les vertus qui font les saints et sa fama sanctitatis ne cesse de s’étendre, d’où la nécessité de lui consacrer une hagiographie. En 14 chapitres, précédés d’un prologue dans lequel il dédie son livre aux abbés et aux moines que Guillaume a aimés, Raoul raconte la vie et les miracles de son héros Synopsis de la Vita Willelmi, p. 29-31 ; Vita Willelmi, transcription et traduction, p. 32-79. 30À travers les informations disponibles dans la Vita, les deux historiennes se sont ensuite penchées sur l’existence de Guillaume de Volpiano et son contexte politique et religieux. Sa naissance en 962 pendant le siège de la forteresse du lac d’Orta près de Novare, apparaît déjà comme un événement. Otton Ier affrontait alors Bérenger II, marquis d’Ivrée et chef de file de la haute aristocratie laïque italienne à laquelle appartiennent les parents de Guillaume. L’empereur triomphe et devient le parrain du nouveau-né, signe de réconciliation des factions rivales. Si, pour Raoul, Guillaume est d’abord un saint qui multiplie les miracles, pour Véronique Gazeau et Monique Goullet, c’est surtout un réformateur infatigable. Après avoir été offert comme oblat à Lucedio dans le diocèse de Verceil en 969, il poursuit une carrière brillante et rapide. Il entre à Cluny en 987 sous la direction de Mayeul avant de partir réformer de nombreux monastères à la demande de l’abbé de Cluny, des évêques ou des princes Saint-Saturnin sur le Rhône, puis en Bourgogne, Saint-Bénigne de Dijon, Saint-Vivant de Vergy et Saint-Pierre de Bèze ; en Normandie, Fécamp avant 1001 à la demande du duc Richard II ; en Lorraine, Saint-Arnoul de Metz, Saint-Èvre de Toul et Gorze. Il profite d’un voyage à Rome pour fonder le monastère de Fruttuaria sur un domaine paternel au début du XIe siècle. Il se retrouva donc à la tête d’une quarantaine de monastères bénédictins, dont le noyau se situait en Bourgogne, mais dont le réseau s’étendait jusqu’en Normandie et dans le Piémont. 31Ainsi, ce livre fournit des indications précieuses sur la deuxième réforme monastique du Xe siècle. 32Marlène HéLIAS-BARON. Sylvain Gouguenheim, Les chevaliers teutoniques, Paris, Tallandier, 2007, 775 p. 33En rédigeant cet ouvrage, l’un des objectifs de l’auteur était de réaliser la première vaste synthèse en français sur l’histoire de l’ordre teutonique, ordre religieux-militaire moins connu dans l’historiographie française que ceux du Temple et de l’Hôpital. Il structure son étude autour de quatre thèmes tout en respectant la chronologie de l’histoire de l’institution, bien qu’une seule de ses parties ait un titre indiquant cet aspect La conquête de la Prusse. » Les autres parties de l’ouvrage mettent en lumière les différentes dimensions prises par l’ordre au fur et à mesure de son évolution Un ordre militaire », Un souverain » et Une grande puissance européenne ». 34Dans le premier thème abordé, après avoir fait le point sur les circonstances de la fondation de l’ordre teutonique à la fin du XIIe siècle, sur ses premiers faits d’armes en Orient et sur son implantation aux confins de la Hongrie, l’auteur s’interroge sur ce qui est inhérent à l’existence de cet ordre religieux-militaire, à savoir le respect d’une règle régissant les aspects matériels et spirituels de la vie conventuelle des frères ; le recrutement de combattants et de clercs, Allemands, pour la plupart ; les fonctions hospitalières et militaires de l’ordre ; la répartition des tâches ainsi que le rôle de la hiérarchie à la tête de cette institution, dans les provinces, les bailliages et les commanderies, s’inspirant des structures administratives du Temple. Il est également question du lien étroit qui unit l’ordre à la papauté dont il relève, tout comme le Temple et l’Hôpital. L’accent est mis sur l’importance des droits accordés aux teutoniques dans les privilèges pontificaux, assurant essentiellement leur indépendance vis-à-vis des évêques diocésains et leur permettant d’obtenir la protection du pape, l’exemption ainsi que la liberté de créer des églises, des villages et des cimetières dans les lieux qui leur étaient concédés ; les papes les plus généreux à leur égard furent Honorius III avec 116 privilèges, Grégoire IX 59 privilèges et Innocent IV 67 privilèges. L’action du grand maître Hermann de Salza, puis de procureurs généraux », en faveur des intérêts de l’ordre auprès de plusieurs papes est soulignée. Un autre aspect intrinsèque à l’ordre est sa dévotion à la Sainte Vierge et les différentes formes qu’elle pouvait revêtir. L’auteur étend son propos à la dimension culturelle de l’institution et évoque les poèmes bibliques ou les ouvrages réalisés au sein de l’ordre ou à son intention comme la Chronique de la terre de Prusse de Pierre de Dusbourg ainsi que les bibliothèques, parfois riches, qui lui appartenaient. 35Dans son étude de la conquête de la Prusse par l’ordre teutonique, S. Gouguenheim montre bien la volonté d’implication de la papauté dans l’évangélisation de cette région, en particulier à travers la mission du premier évêque qui y fut nommé, Christian, en 1215, puis à travers l’action des teutoniques et celle des Dominicains. La christianisation des populations de langue balte, désignées sous le nom latin de Pruteni Prutènes, s’avéra difficile et nécessita le recours aux armes ; il y eut également plusieurs vagues d’apostasie chez les nouveaux convertis au XIIIe siècle. C’est dans ce cadre que les teutoniques durent mener une guerre de conquête sans risquer de mettre en péril la conversion des populations locales par une attitude trop dure, conformément aux consignes laissées par la papauté. Le 3 août 1234, un privilège la bulle de Rieti de Grégoire IX plaça la Prusse sous la juridiction pontificale et la remit au pouvoir de l’ordre. La bulle de Rimini émise par l’empereur Frédéric II compléta les décisions pontificales de Rieti en faveur des teutoniques. Cependant, leur opposition avec les Prutènes dégénéra en guerre ouverte en 1242, laquelle dura jusqu’en 1249, avant une autre vague de révoltes entre 1260 et 1283. Dès les débuts de la conquête, plusieurs princes allemands, polonais et tchèques vinrent soutenir militairement l’ordre, obtenant parfois les mêmes indulgences que les croisés de Terre sainte. En 1254, le roi de Bohême Ottokar II arriva en Prusse à la tête d’une armée de 60 000 combattants. En 1245, Innocent IV demanda à l’ensemble des prélats de la chrétienté de prêcher en même temps pour la Terre sainte et la Prusse. 36Selon l’auteur, l’ordre apparut comme un souverain à partir du moment où il devint le seul maître de Prusse, c’est-à-dire lorsque l’épiscopat prussien se soumit à lui. Dès lors, il créa des diocèses, perçut la dîme et accapara tous les droits ; les ordres de Dobrin et des Porte-Glaive fusionnèrent respectivement avec lui en 1235 et 1237. L’installation du grand maître en Prusse en 1309 représenta un autre tournant ; il choisit la forteresse de Marienbourg comme résidence, se transforma en prince territorial et organisa le contrôle de l’ordre et du pays par des visites. L’espace fut quadrillé, maîtrisé et mis en valeur par une politique volontariste de colonisation planifiée, la région connut un essor commercial dans la seconde moitié du XIIIe siècle dans le sillage de la Hanse ; une administration, un réseau postal et une chancellerie se développèrent. L’ordre fonda des villes comme Thorn en 1231, Culm en 1232/1233 ou Marienwerder en 1233. 37Dans la dernière partie de son ouvrage, l’auteur s’intéresse à l’ordre en tant que puissance européenne, en particulier dans ses relations avec ses voisins essentiellement la Lituanie et la Pologne et dans les guerres qui les opposèrent à eux dès les années 1240, tout en démontrant que cet antagonisme, surtout avec la Pologne, ne fut pas constant. C’est cependant contre ce pays, aidé des forces lituaniennes, que l’ordre perdit la bataille décisive de Tannenberg le 15 juillet 1410. D’autres affrontements avec les états de Prusse, soutenus par la Pologne, aboutirent à la seconde paix de Thorn en 1466. Ce traité mit fin à l’État de l’ordre teutonique, dont la partie occidentale fut réunie à la Pologne, tandis que le maître dut exercer son autorité dans la partie orientale, devenue duché de Prusse et fief de la couronne de Pologne. Les relations avec la papauté et l’Empire sont abordées dans toute leur complexité et surtout toute leur ambiguïté. Les papes comme les empereurs se sont longtemps posés en protecteurs des teutoniques, mais la volonté de ces derniers de préserver leur indépendance les a amenés à rechercher alternativement l’appui de l’un ou de l’autre. Le manque de respect des droits des convertis par certains maîtres causa des désaccords profonds avec la papauté ; par ailleurs, certains litiges avec la Pologne furent soumis à la justice pontificale. De leur côté, les empereurs germaniques, très impliqués dans la vie de l’ordre sous Frédéric II, s’en désintéressèrent progressivement. Le déclin de l’ordre se fit sentir à partir du XVe siècle ; les assemblées réunissant les états voulurent partager son pouvoir, rejetant sa politique et les augmentations d’impôts et, en 1440, une Union » Bund fut créée par des nobles prussiens pour se porter une assistance juridique mutuelle contre l’ordre. L’auteur évoque également le destin des autres territoires des teutoniques, ceux de Livonie, de l’Empire et les quelque 230 hectares du royaume de France avant de s’intéresser, dans son dernier chapitre, à la survie » de l’ordre, avec la conversion du grand maître au protestantisme en 1525, et à sa postérité », à travers les mythes positifs ou négatifs dont il fut l’objet entre la fin du XVIIIe et le milieu du XXe siècle. Cet ouvrage soulève de nombreux problèmes liés à l’histoire atypique de cet ordre religieux-militaire et y apporte des réponses en analysant l’ensemble des paramètres connus ; très complet sur l’histoire européenne des teutoniques, il nous aurait semblé intéressant qu’il le soit tout autant concernant leurs provinces orientales, pour certaines acquises dès les premières décennies du XIIIe siècle. 38Marie-Anna CHEVALIER. En ligne Aude Mairey, Une Angleterre entre rêve et réalité. Littérature et société dans l’Angleterre du XIVe siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2007, 476 p. Histoire ancienne et médiévale », 93. 39Cette étude d’Aude Mairey, issue de la thèse qu’elle avait préparée sous la direction de Jean-Philippe Genet et soutenue en 2002, est un travail dense et foisonnant consacré à l’interaction complexe entre production littéraire et transformations sociales au cours du XIVe siècle anglais. Il s’agit d’une époque marquée à la fois par les progrès de la literacy, par le rôle croissant des laïcs notamment de la gentry et par un profond renouvellement de la littérature anglaise, baptisé outre-Manche alliterative revival, dont le couronnement est sans conteste le Piers Plowman de William Langland, dont Aude Mairey avait d’ailleurs précédemment publié une très utile traduction française de la version B William Langland, Pierre le Laboureur, Paris, Publications de la Sorbonne, Textes et documents d’histoire médiévale », 3, 1999, 272 p. et qui occupe ici la place centrale qu’il mérite. 40L’intérêt de ce travail réside d’abord dans le choix du corpus étudié, encore bien souvent méconnu en France, malgré le rôle essentiel que certains des textes qui le composent ont joué dans l’émergence de la littérature anglaise, d’où l’abondance des études anglo-saxonnes qui leur ont été consacrées. À l’exception du Piers Plouwman de Langland, les textes retenus, de longueur très variable, sont tous anonymes Song of the Husbandman, Satire on the Consistory Court, Satire on the Retinues, The Death of Edward I, The Simonie, Wynnere and Wastoure, The Death of Edward III, Pierce the Plowman’s Crede, Richard the Redeless, Mum and the Sothsegger et The Crowned Kyng. En dépit de leurs différences, ces 12 textes présentés de façon détaillée en annexe, p. 421-441 constituent en effet un corpus dont la cohérence est réelle, à la fois sur le plan formel, par l’usage de la technique allitérative, et sur le plan thématique, par l’attention aiguë qu’ils portent à la société de leur temps. Malgré la diversité des genres littéraires » auxquels on peut les rattacher, tous appartiennent, à un degré ou à un autre, à la littérature de protestation sociale, en un siècle qui voit précisément une autonomisation croissante du champ littéraire, en particulier face au champ de la production religieuse. 41Son originalité tient aussi à la démarche adoptée, qui choisit résolument de mettre à profit les diverses potentialités statistiques qu’offrent différents logiciels informatiques, en combinant la lexicologie quantitative et, pour 6 des 12 textes, l’analyse factorielle par correspondance. La présentation de cette dernière approche manque toutefois de clarté pour le lecteur qui n’est pas familier des méthodes appliquées peut-être en raison de l’absence du corps du livre d’une partie des annexes, consultables cependant sur le site du LAMOP – tout comme une très riche base de données bibliographiques sur l’Angleterre médiévale, régulièrement mise à jour et aurait mérité des explications plus claires que celles fournies à la fin de l’introduction p. 21-29. Il est d’ailleurs à noter que ce recours à l’informatique ne se substitue pas à une plus classique analyse textuelle, d’ailleurs minutieuse et qui s’appuie tout au long du livre – ce qui n’est pas si fréquent dans les ouvrages historiques – sur d’abondantes et longues citations bilingues qui permettent d’apprécier pleinement les textes originaux. 42Après avoir, dans une première partie, replacé les poèmes dans leur contexte, en soulignant notamment l’enjeu que représentait le choix de l’anglais à une époque où il s’affirmait de plus en plus comme langue littéraire face au latin et à l’anglo-normand, et s’être efforcé de cerner aussi précisément que possible leur audience beaucoup plus large pour Piers Plouwman que pour les autres, l’auteur aborde successivement dans les quatre parties suivantes les thèmes prédominants des œuvres analysées la perception du fonctionnement de la société et du gouvernement, la critique de l’institution ecclésiastique, le rôle de la connaissance et les moyens de sa transmission, enfin les voies du salut individuel et collectif. 43Dans tous ces domaines, les critiques formulées à l’égard des élites laïques ou religieuses et de leurs pratiques, plus ou moins véhémentes selon les poèmes, traduisent la profonde implication de leurs auteurs – qui semblent insérés dans des réseaux qui participent d’une manière ou d’une autre au gouvernement, même s’ils n’ont pas de lien direct avec le pouvoir royal – dans les débats qui animent alors la société politique anglaise par exemple la dénonciation du rôle des retenues nobiliaires, de la corruption du système judiciaire ou des abus de biens ecclésiastiques. C’est ce que révèlent les fréquentes confrontations avec des textes contemporains d’autre nature statuts, pétitions en parlement, sermons, chroniques. Malgré une attitude parfois ambiguë, par exemple vis-à-vis du travail ou de l’argent, ou encore à l’égard du soulèvement populaire de 1381 ou de l’hétérodoxie, tous ces poèmes traduisent une aspiration à de profondes réformes pour rétablir la nécessaire cohésion de la communauté chrétienne. Même s’ils ne procèdent pas à une remise en cause systématique de la société existante et du discours des élites, même si peu d’entre eux finalement cèdent à la tentation du discours radical de l’hérésie lollarde, tous se montrent en revanche exigeants sur la responsabilité éthique des individus, en particulier des laïcs, au sein de la société. Ainsi, en faisant part de leurs interrogations plutôt qu’en cherchant à imposer des normes, les auteurs de ces textes provoquent leurs lecteurs à la réflexion et confèrent au texte littéraire un rôle à part entière dans un système de communication en pleine évolution. 44Finalement, l’intérêt de cet ouvrage est de souligner ce que peut apporter l’utilisation de l’outil informatique à l’étude, dans une perspective historique, de textes littéraires médiévaux écrits en langue vernaculaire, malgré les nombreux obstacles auxquels se heurte encore sa mise en œuvre voir p. 22 et les indispensables précautions qu’elle nécessite. Elle permet en effet de mettre plus nettement en évidence des tendances qui n’étaient parfois que pressenties à la lecture des textes » et de conforter les analyses textuelles » p. 415. Plus largement, il invite à appréhender d’une manière renouvelée, et plus dynamique, les relations entre littérature et société, en montrant de manière convaincante que ces poèmes allitératifs de l’Angleterre du XIVe siècle – mais l’affirmation vaut certainement pour d’autres types de littérature et d’autres périodes – reflètent ... autant les interrogations que les assurances d’une société et tentent, de plus en plus au cours de la période envisagée, de formuler des réponses cohérentes et parfois originales aux inquiétudes générées par les transformations en cours » p. 416. 45Olivier DE LABORDERIE. Tuomas M. S. Lehtonen, Élisabeth Mornet, Les élites nordiques et l’Europe occidentale XIIe-XVe siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2007, 316 p. Histoire ancienne et médiévale », 94. 46Les racines chrétiennes de l’Europe suscitent bien des débats et même une exposition au Musée national du Moyen Âge que les actes du colloque organisé par T. Lehtonen et É. Mornet en juin 2005 enrichissent de façon substantielle la christianisation a-t-elle été un facteur de modélisation européenne dans les pays nordiques ? Plus largement, ces territoires ont-ils connu, dans le processus de construction de leurs États, un phénomène d’acculturation européenne ? Quel rôle ont joué leurs élites dans cette interface ? 47Ce volume d’actes apparaît à plus d’un titre remarquable toutes les contributions dévolues à égalité entre chercheurs nordiques et chercheurs français s’articulent de façon cohérente autour d’un fil rouge clairement exposé par les organisateurs et repris en conclusion. L’ouvrage se lit avec plaisir comme une partition à plusieurs voix. La présentation formelle, de plus, relève d’une qualité pédagogique suffisamment rare pour être relevée aux communications bien lissées y compris celles en anglais succèdent des résumés permettant de saisir rapidement l’objectif de l’ensemble et surtout deux indices des personnes et des matières, avec entrées en français, en anglais et en langues nordiques. Un seul regret l’absence de carte oblige le lecteur peu familier de ces contrées à ouvrir son atlas ! 48Si la problématique des élites majores, potentes, meliores... dans le processus d’accaparement des ressources capital » qui leur confèrent un rôle éminent dans la genèse de l’État moderne, est bien labourée dans le champ historiographique de la vieille » Europe, elle ne l’était pas encore pour les pays nordiques au Moyen Âge, c’est-à-dire du XIIe siècle aux années de la Réforme 1520-1530. Au départ du colloque, une constatation La christianisation, l’établissement des monarchies et la fin des expéditions vikings ont été des processus simultanés. » Après la période pré-historique des Vikings, vers 1100, les royaumes de Danemark, Norvège et Suède, bien identifiés, maîtrisant la literacy après les écritures runiques, entretiennent des relations complexes avec l’Europe dont ils font indéniablement partie. En revanche, les peuples slaves, baltes et finno-ougriens adoptent l’écriture plus tardivement sur les ailes de la christianisation et de l’intensification de la circulation entre la mer Baltique et les fleuves russes. Toutes les sources, sagas, lois, donations en faveur de l’Église, etc., sont mobilisées car parcimonieuses, critiquées et contextualisées dans leur genèse par les différents auteurs. Avec l’émergence d’un pouvoir fondé sur le droit et exercé dans le cadre d’institutions, c’est tout le problème de l’européanisation de la société qui est en jeu avec un nuancier contrasté selon les royaumes. L’adaptation complète en Suède du modèle européen – ressources monopolisées par les élites de chevaliers, de clercs et de bourgeois Olle Ferm – se distingue nettement, mais à une époque antérieure, de l’acculturation partielle et choisie des élites norroises en Irlande Olivier Viron. La large définition des élites, adoptée par tous les auteurs, petit groupe d’individus qui se distingue de la majorité et occupe le premier rang face à elle pour des raisons diverses », les amène à aborder la question du rôle des élites dans le processus d’étatisation selon la répartition des rôles sociaux et leur rétribution. Ils replacent soigneusement leurs études dans les grands courants historiographiques qui ont jalonné l’histoire nordique. Après le libéralisme qui voit comme explication à l’apparition d’un gouvernement royal, l’expression de l’intérêt général, et le marxisme qui pointe l’accaparement des terres par les plus grands propriétaires fonciers, l’État protégeant leurs intérêts, le chantier historique en œuvre dans ce colloque tente de déterminer plus finement, en y ajoutant l’approche culturelle, le processus de construction de l’État avec et par les élites. Dans une approche globale de la société, c’est en termes de fonctionnalité que Sverre Bagge démontre le développement de l’État en Norvège où les élites royales et ecclésiastiques ont su faire adopter par tous leur vision du monde. Si la Suède épouse le modèle européen, en revanche l’Irlande n’entend jouer qu’un rôle d’interface en gardant sa spécificité. Un autre angle d’analyse permet d’approcher les serviteurs des nouveaux États ceux qui disent la loi ou lagmän Thomas Lindkvist se trouvent au cœur du dispositif de collecte et de transformation des lois au XIIIe siècle, les ambassadeurs Raphaëlle Schott incarnent l’interface entre pays nordiques et vieille » Europe tout comme les stratégies matrimoniales de la famille Fleming, chevalier de Flandres » Anu Lahtinen. 49Dans toutes les analyses précédentes, les clercs figurent en bonne place dans les mutations de société selon le modèle européen. C’est l’objet d’une deuxième partie consacrée à la christianisation attestée dès le VIIIe siècle autour de la Baltique et plus effective avec l’arrivée de l’Église et son train à partir du XIIe siècle mutation des Cisterciens de pauperes Christi en acteurs de l’élite en Suède et au Danemark pour retrouver après 1300 la pastorale des humbles Brian Patrick McGuire ; message adapté à ces deux pays, et dans la lignée cistercienne, de la prédication de la cinquième croisade Ane L. Bysted, enfin les transferts de clercs influents entre nord et sud de l’Europe un légat italien Sylvain Gougenheim et la classe de 1466 » des ordinations Jussi Hanska. 50Après l’analyse synthétique et nuancée tout à la fois de la dynamique des États en relation avec la christianisation, la troisième partie s’ouvre tout naturellement les relations entre les pays nordiques et la culture occidentale. On mesure alors l’enjeu essentiel qu’a été la culture écrite. La construction de l’histoire sacrée de la Finlande Tuomas M. S. Lehtonen met en valeur une histoire liturgique et politique autour de ses deux évangélisateurs en 1155-1157, l’évêque d’Uppsala saint Henri et le roi non moins saint Erik Jedvardsson. Le parallélisme entre l’histoire écrite en latin et la tradition orale qui en est inspirée suit le modèle chrétien occidental, avec le modèle du martyr et celui du chevalier incarné par saint Henri, mort en valeureux croisé Sini Kangas. L’emprunt à l’Europe chrétienne est encore plus flagrant en ce qui concerne la culture des clercs au XIVe siècle legs de la bibliothèque d’un chanoine de Lund diffusant ainsi dans son milieu urbain les références occidentales, par Élisabeth Mornet et la représentation de la société suédoise qu’elle se fait d’elle-même dans la Grande Chronique rimée Corinne Péneau. La piété, enfin, s’exerce selon les canons connus dans la chrétienté occidentale, tension permanente de la vie du fidèle vers son modèle présent dans la représentation iconographique dame Lucia Olofsdotter et sainte Anne, par Elina Räsänen. 51Après les incursions des Vikings, les marchands surtout allemands et les clercs de toute l’Europe ont véhiculé des modèles européens de fonctionnement de société disponibles en temps de ruptures dans les pays nordiques forte croissance démographique, pénurie de terres, etc.. L’écrit et la vison chrétienne du monde ont permis à un système politique de monarchie de s’imposer avec ses élites privilégiées et actives dans les grands secteurs de la société. 52L’espace nordique constitue un magnifique champ d’étude ouvert par ce colloque. Colonisation ? Intégration ? Acculturation ? 53Odile KAMMERER. En ligne Fabrizio Ricciardelli, The Politics of Exclusion in Early Renaissance Florence, Turnhout, Brepols, 2007, 294 p. 54 Si, dans une république quelconque, les divisions furent remarquables, celles qui sont survenues dans Florence le sont au plus haut degré. [...] À Florence, ce furent d’abord les nobles qui se divisèrent entre eux ; puis les nobles et le popolo ; et en dernier lieu, le popolo et la plèbe/populace. Il arriva même plusieurs fois que le parti demeuré vainqueur se divisa en deux nouveaux partis. De ces divisions naquirent autant de meurtres, d’exils, d’extinctions de familles qu’on en vit jamais naître dans aucune des villes dont l’histoire a gardé le souvenir. » Ces mots de Machiavel extraits de la préface de ses Histoires florentines résument bien l’atmosphère politique que l’ouvrage de F. Ricciardelli – tiré d’une thèse de doctorat soutenue en 2004 à l’Université de Warwick – cherche à dépeindre. Ce livre trouve sa place aux côtés d’une série de travaux récents de chercheurs italiens consacrés aux différentes facettes de l’exclusion politique dans le monde communal réétudiées notamment à partir des listes de proscrits l’auteur avait déjà édité le Libro del Chiodo Rome, 1998, très belle source pour l’histoire de l’exclusion politique dans la seconde moitié du XIIIe siècle, mais il faut aussi renvoyer au beau travail de Giuliano Milani L’esclusione dal comune, Rome, 2003 consacré à la pratique du bannissement et à ce qu’il a appelé le gouvernement par les listes » governo delle liste. L’ambition de cet ouvrage relativement concis 256 pages de texte est d’offrir une vision panoramique et synthétique des politiques d’exclusion sur la longue durée, entre le début du XIIIe siècle et l’arrivée au pouvoir des Medici en 1434. Son travail s’appuie sur un dépouillement des fonds de l’Archivio di Stato de Florence et sur l’exceptionnel témoignage des chroniques urbaines. Ce choix de la longue durée est d’autant plus ambitieux qu’une grande partie de la mémoire écrite des exclusions a disparu avec la destruction des archives judiciaires au moment de la chute du duc d’Athènes en 1343. 55Après un chapitre introductif The legal forms of exclusion » qui fait le point sur la terminologie de l’exclusion, de la proscription sur le plan juridique et social bannus, confinatus, ammonizioni, qui présente les mécanismes judiciaires conduisant à cette exclusion et dresse de manière plus large le portrait de l’exilé, du fuoruscito, l’auteur adopte une progression chronologique et analyse dans le détail l’impact des événements de cette période sur ces pratiques d’exclusion ; pratiques qui jouèrent un rôle clé dans la résolution du conflit politique et qui resurgissaient plus fortement dans les moments – nombreux – de tension. Le chapitre 2 An instrument of political resolution » couvre le XIIIe siècle et s’interroge sur les racines du factionalism florentin, sur cette culture qu’il dit fondée dans une large mesure sur la pratique de la vendetta, à travers l’évocation des luttes entre Guelfes et Gibelins et la progressive entrée en scène du popolo ; le chapitre 3 Toward the overcoming of violence ? » , qui couvre la première moitié du XIVe siècle, retrace l’opposition entre Guelfes Blancs et Guelfes Noirs, jusqu’à la chute du régime mis en place par le duc d’Athènes ; le chapitre 4 Between power games and conspiracies » couvre les années 1343-1382, qui voient s’affronter les Ricci et les Albizzi ; le dernier chapitre enfin The legitimization of practice » nous conduit jusqu’à la mise en place de la domination des Medici et analyse les luttes entre Albizzi et Alberti puis Albizzi et Medici. 56Dès les premières lignes, l’auteur ne cache pas sa fascination pour une ville qui est à la fois une des plus prospères et puissantes d’Occident et, dans le même temps, marquée par une exacerbation des luttes de factions. S’intéressant à ce qu’il appelle la face sombre du système républicain florentin » p. 1, il insiste sur le paradoxe d’un système qui se veut parfait sur le plan théorique mais qui ne parvient pas à mettre fin à la pratique de la persécution politique. En prenant le problème sur la longue durée, il montre qu’une très grande continuité unit l’âge communal et l’accession au pouvoir de la coalition des Medici ainsi, entre le XIIIe et le XVe siècle, les exclusions acquièrent une forme de plus en plus précise, sophistiquée et ciblée jusqu’à devenir finalement l’une des solutions les plus couramment utilisées pour faire face aux problèmes d’instabilité politique, systématiquement employées par les couches dirigeantes pour asseoir leur pouvoir sur la ville et son territoire et éradiquer les dissidents, privant les vaincus de tout espace au sein de la cité. Ces exclusions sont accompagnées des différentes formes de propagande utilisées dans les cités d’Italie du Nord et du Centre rhétorique politique, religieuse, épigraphie, iconographie, spectacle de la punition public spectacle à l’occasion des exécutions mais aussi mises en scène de la réintégration d’exilés ou de prisonniers. Le choix de la longue durée lui permet aussi de montrer que les leader ennemis exécutés sont finalement peu nombreux, ce qui l’amène à conclure que la lutte contre les diverses formes de dissidences politiques conduisit à une répression raisonnable » et que cette pratique constante dans l’histoire de la cité constitue paradoxalement un facteur d’ordre » ordering element très ancré dans les dynamiques sociales et politiques de Florence. 57À côté de ces réflexions sur la nature et le sens de l’exclusion, l’autre intérêt de ce livre est de suivre au fil des chapitres la genèse, le développement et l’enrichissement des pratiques judiciaires, gestionnaires et archivistiques qu’imposèrent de telles politiques le système répressif repose de façon classique sur les magistratures du Podestat, du Capitaine du Peuple, ou encore de l’Esecutore degli ordinamenti di giustizia et du Guidice degli appelli. À celles-ci s’ajoutèrent progressivement, à la fin du XIIIe siècle et surtout au XIVe siècle, la création d’autres magistratures spécialisées comme les Dieci della libertà 1372, les Otto di guardia 1378 ou les Dieci di balià 1384. Ces dernières jouèrent un rôle politique, supplantant – au criminel – les vieilles magistratures judiciaires, liées de plus en plus intimement au pouvoir exécutif. Le cas des Otto di guardia est exemplaire cette magistrature qui finit par être dotée de pouvoir pénaux – elle était autorisée à enregistrer dans ses registres tous ceux qui étaient suspectés de déloyauté envers le régime et, si nécessaire, elle pouvait mettre à jour les informations à leur sujet – joua un rôle essentiel dans l’affirmation de la prééminence des Medici à leur avènement en 1434 et devint ensuite la plus importante magistrature d’investigation de la République florentine. De même, face aux profits importants générés par la confiscation des biens des rebelles, la commune créa plusieurs magistratures spécifiques en 1286, une magistrature fut chargée de la vente des biens des exilés ; en 1302, fut mis en place un Ufficiale sopra i beni dei ribelli, et on confia à un fonctionnaire étranger élu la tâche de superviser les confiscations des biens des rebelles et des bannis. 58Si certains passages sur la psychologie » de l’exilé, la souffrance qu’il devait éprouver loin de sa patrie sont moins convaincants, l’auteur ne reculant pas devant les effets de dramatisation stylistique – il reprend peut-être plus ou moins inconsciemment le style de certains chroniqueurs exilés eux aussi –, ce travail n’en reste pas moins une synthèse très claire qui permet d’observer, de façon presque géologique, cette sédimentation des conflits sur plus de deux siècles et de plonger dans une histoire florentine très mouvementée où les conflits entre factions, familles et individus demeurent une donnée de base de la vie et de la culture politiques. 59Sylvain PARENT. En ligne Florent Garnier, Un consulat et ses finances. Millau 1187-1461, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2006, 947 p. préface d’Albert Rigaudière. 60Les sources financières conservées aux archives municipales de Millau sont d’une exceptionnelle richesse mais elles n’avaient pas été vraiment utilisées jusqu’à présent. Florent Garnier n’a pas hésité à se plonger dans ces documents parfois rébarbatifs mais indispensables à la compréhension de bien des aspects de l’histoire urbaine. Il ne s’est pas contenté de présenter les dépenses et les recettes de la ville, ce qui n’aurait eu qu’un intérêt limité, mais il a envisagé les finances dans le contexte des institutions consulaires et leur environnement urbain. Il a donc essayé de décrire la création d’une administration financière, la mise en place de règles comptables rigoureuses ainsi que l’organisation de la collecte et de la gestion de ressources permanentes. Il a su intégrer son étude locale à l’évolution de ce genre d’institutions dans les autres villes qui ont déjà été étudiées, de manière à mettre en évidence l’existence de ce qu’il appelle un modèle financier urbain ». 61C’est donc par ce système financier qu’il commence son livre. Il cherche à décrire les étapes de la formation du patrimoine de l’universitas et la mise en place des premières institutions du consulat dès le dernier quart du XIIIe siècle. Il montre que la constitution de ce système financier repose sur l’existence d’une organisation fiscale capable d’imposer régulièrement des taxes, de les répartir et de les collecter selon des règles élaborées par la municipalité elle-même. Il montre donc aussi comment les documents de gestion livres des travaux, livres des taxes, livres des dettes, les livres de comptes des trésoriers et les registres fiscaux apparaissent alors qu’il n’existe pas encore de budgets annuels. Il note en particulier que la multiplicité des comptes empêche souvent les compensations d’un poste à l’autre même si celles-ci sont parfois décidées par le consul boursier », responsable des finances, apparu au début du XIVe siècle. La reconduction du même homme à la charge de trésorier, théoriquement renouvelable chaque année, permet aussi une continuité dans la gestion financière millavoise qui favorise la permanence de méthodes de gestion efficaces. Florent Garnier précise que les règles de perception ou de répartition – sans doute implicites – ne donnent pas lieu à de nombreuses ordonnances et que c’est l’analyse précise des registres qui permet seule de les déceler. 62L’auteur s’intéresse également au pouvoir dans la ville » décrivant successivement les assemblées générales des habitants et les conseils qui les ont progressivement remplacées au cours du XIIIe siècle et de la première moitié du XIVe siècle. Le consulat qui naquit ainsi sut habilement profiter des changements de domination politique pour s’affirmer au moment où, dans les années 1275-1300, la ville passait d’une fiscalité occasionnelle à une fiscalité permanente. Grâce à une étude de type prosopographique des dirigeants, Florent Garnier montre que le pouvoir est détenu par quelques lignages et que le renouvellement de l’élite urbaine est très limité. 63La fiscalité permanente gérée par le consulat était évidemment liée à la défense de la ville, ce qui permit au consulat d’affirmer sa capacité militaire et fiscale au service de la monarchie, mais aussi comme représentant des intérêts du pays, puisqu’il dirigeait une des grosses villes du Rouergue » tandis que, de son côté, la monarchie sut également tirer parti du pouvoir politique, économique et financier incarné par la ville. 64C’est donc à la description de Millau comme ville en Rouergue » puis comme ville du royaume » à partir des années 1371 que passe ensuite Florent Garnier. Il montre qu’elle fut une ville carrefour, un point de passage pour les hommes, les biens et les idées et qu’elle joua un rôle majeur dans la vie de la sénéchaussée. Devenue ville du royaume, la ville développa assez rapidement un sentiment monarchique et national qui s’exprime dans les comptes consulaires du deuxième quart du XVe siècle. 65La deuxième partie de l’ouvrage revient sur les gens de finances. L’auteur y étudie d’abord en détail le consul et boursier », autrement dit le trésorier. Les 39 titulaires de cette charge qu’il recense sont généralement issus du milieu des marchands et leur patrimoine les range parmi les plus riches habitants de la ville. Toutefois, ce milieu n’est pas homogène dans le temps avant les années 1440-1450, l’exercice de la charge s’inscrit dans une carrière politique ; après cette date, beaucoup de trésoriers ne furent plus consuls, peut-être parce qu’ils n’avaient pas fait d’études juridiques. Ils n’assumèrent donc plus que des fonctions locales. Dans le cadre de leurs fonctions, ils étaient entourés d’autres gens de finances particuliers » auxquels Florent Garnier consacre le chapitre suivant. Il s’agit pour la période d’un groupe de 400 personnes – qu’il répartit en trois groupes selon leur fortune et leurs rapports avec le milieu consulaire – qui contribuent eux aussi à la mise en place d’une administration fiscale efficace. On y trouve les collecteurs et fermiers de l’impôt, les régisseurs de travaux ou d’hôpitaux, les bassiniers d’aumône, etc., c’est-à-dire tout un monde de gestionnaires maniant les deniers publics et contrôlés par le consulat formant un groupe hétérogène mais soudé par des compétences et des responsabilités financières. 66La troisième partie de l’ouvrage est intitulée L’argent urbain ». Il s’agit pour l’auteur d’analyser les dépenses puis les recettes de la ville. Pour les premières, il constate – mais ce n’est pas propre à Millau – que les dépenses destinées aux fortifications sont prépondérantes entre 1356 et 1368 mais qu’elles subissent ensuite de fortes variations dans le temps. Il montre aussi l’importance des prélèvements des comtes d’Armagnacs, puis de la monarchie. Néanmoins, si les autres dépenses sont très variées comme le révèle le tableau récapitulatif qui clôt le chapitre, l’auteur insiste sur la faiblesse des dépenses à caractère social et surtout économique. 67Pour les recettes, Florent Garnier constate qu’à la différence des villes du Nord et de l’Ouest du royaume, les impositions sur la circulation, la commercialisation et la consommation des marchandises occupent une place limitée. De ce fait, c’est l’impôt direct, taxant le capital et les revenus des habitants, ainsi que l’emprunt, en cas de nécessité urgente, qui fournissent l’essentiel des revenus de la ville sans qu’il y ait constitution d’une dette publique permanente. Cette prédominance de l’impôt direct explique aussi l’existence précoce d’un droit fiscal d’origine urbaine. 68Dans l’ensemble de cette partie, l’auteur n’oublie pas de tenir compte des réalités monétaires qu’il présente en quatre phases partagées entre inflation puis déflation, instabilité monétaire avec hausse des prix puis stabilisation relative, ce qui renforce le système fiscal et financier et habitue la population à l’existence d’un impôt régulier municipal, la préparant ainsi à subir la fiscalité royale. 69Cette longue et minutieuse étude, souvent passionnante, permet à Florent Garnier de conclure en insistant sur ce qui était l’objet de sa recherche la confirmation de la mise en place d’un système financier reposant sur l’existence d’une organisation fiscale permanente, née de la norme et de la pratique, capable d’imposer régulièrement des taxes, de les répartir et de les collecter en se fondant sur la connaissance du patrimoine des contribuables, selon des règles élaborées par l’administration municipale. Il constate que, comme dans d’autres villes du royaume, s’élabore progressivement un ensemble de règles et de pratiques concernant la tenue des divers livres de compte. Ce système politico-administratif connut malgré tout une genèse assez chaotique au gré des dominations politiques, avant de se fixer après le retour de la ville à la couronne française. L’élaboration de ce système fut le fait d’un milieu particulier, encore peu étudié jusqu’à présent les gens de finance qui trouvent quelque intérêt personnel à la gestion financière de la ville mais ne forment pas vraiment un milieu homogène. C’est le grand mérite de Florent Garnier que d’avoir porté l’accent sur ce groupe social encore trop méconnu. 70Philippe LARDIN.
Lesélections législatives se sont tenues les 12 et 19 juin 2022. Un certain nombre de machines électroniques sont utilisées pour tenir ces élections. Or, cet usage a rencontré de nombreuses objections ces dernières années, tant en France qu’à l’étranger, et il ne s’est donc pas généralisé. Plusieurs arguments vont en faveur des machines à voter, notamment pour faciliter
milou27 Le 28-11-2016 à 0630 + 1000 messages Bonjour, Vous ne trouverez pas d'indications précises sur les modalités d'une démission pour suivre un conjoint muté. Vous pouvez bien sur démissionner avant que votre conjoint ait commencé son emploi puisque vous êtes tenu de faire un préavis dont la durée est fixée dans votre convention collective . Vous ne pourrez vous incrire au chomage que l'orsque votre mari aura commencé son travail et vous devrez vous inscrire auprès du pole emploi de votre nouveau domicile commun en produisant une copie de son contrat de travail et des justificatifs de votre nouvelle adresse commune comme de l'ancienne . Répondre Signaler ce contenu
TitreIV : Dispositions spéciales à l'élection des conseillers municipaux et des membres du Conseil de Paris (Articles L225 à L273) Chapitre II : Dispositions spéciales aux communes de moins de 1 000 habitants (Articles L252 à L259) Section 5 : Remplacement des conseillers municipaux (Articles L258 à L259) Naviguer dans le sommaire du code.
Vous recherchez démission conseil municipale 298 résultats Dossier élections municipales 2014 des conseillers municipaux au 23 mars 2014. Lorsqu’un second tour sera nécessaire, il aura lieu le 30 mars 2014. ... Dossier élections municipales 2014 ... Dossier élections municipales 2014 ... A cette occasion seront également élus pour la première fois, les conseillers communautaires Page 82% 26 septembre 2013 Dates des élections 2014 Lors du Conseil des ministres du mercredi 25 septembre 2013, Manuel Valls, ministre de l ... Dates des élections municipales et européennes 2014 ... Lors du Conseil des ministres du mercredi 25 septembre 2013, Manuel Valls, ministre de l ... Les élections municipales se dérouleront les dimanches 23 et 30 mars 2014. Les européennes auront Actualité 78% 26 novembre 2013 Elections municipales 2014 Ce qui va changer Les élections municipales se dérouleront les dimanches 23 et 30 mars 2014. ... Elections municipales 2014 Ce qui va changer ... Elections municipales 2014 Ce qui va changer ... ’élection municipale et la liste des candidats à l’élection des conseillers communautaires. Les candidats aux sièges Actualité 74% 13 février 2014 Commission consultative des polices municipales consultative des polices municipales ... Commission consultative des polices municipales ... Commission consultative des polices municipales ... 'ai à accueillir à l'hôtel Beauvau, la Commission consultative des polices municipales présidée par Christian ... consultative des polices municipales Discours 72% 7 juillet 2015 Commission consultative des polices municipales Commission consultative des polices municipales ... Commission consultative des polices municipales ... La commission consultative des polices municipales CCPM s’est réunie aujourd’hui à l ... La commission consultative des polices municipales CCPM s’est réunie aujourd’hui à l Communiqué 70% 1 avril 2014 Focus sur le second tour des élections municipales Après le second tour des élections municipales et communautaires du dimanche 30 mars, retour ... Focus sur le second tour des élections municipales ... Focus sur le second tour des élections municipales ... 'abstention a atteint dimanche 30 mars son niveau le plus élevé pour un second tour des municipales sous la Ve Actualité 66% 8 juillet 2015 - Commission consultative des polices municipales des polices municipales - Hôtel de Beauvau ... - Commission consultative des polices municipales ... - Commission consultative des polices municipales ... -Maire, Président de la Commission consultative des Polices municipales, Mesdames et Messieurs les Maires ... des polices municipales - Hôtel de Beauvau Discours 64% 23 mars 2014 Elections municipales 2014 Les taux de participation Les élections municipales et communautaires se déroulent le 23 mars 2014 pour le premier tour. ... Taux de participation à 12h00 et 17h00 du premier tour des élections municipales et communautaires ... Elections municipales 2014 Les taux de participation ... Pour la première fois, en plus du renouvellement général des conseillers municipaux, sont élus Actualité 61% Déclaration de candidature élections municipales et communautaires Déclaration de candidature élections municipales et communautaires ... Pour présenter une candidature aux prochaines élections municipales de mars 2020, vous trouverez Page 60%
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combien de démission pour revoter un conseil municipal